blog de Valerie Pineau-Valencienne

Lectures du moment

Je dois avoir des problèmes de concentration ces jours-ci : j'ai beaucoup de mal à entrer dans un livre (et pas RENTRER comme disent les journalistes). J'ai abandonné successivement L'art français de la guerre (paraphrases lassantes, Goncourt usurpé), 1Q84 (trop long, trop mou),  Les Thibault (très daté) et La couleur des sentiments (j'ai déjà vu le film, critique à suivre).

En revanche - ne riez pas - l'autobiographie de Diane Keaton qui mélange ses écrits avec ceux de sa mère me touche beaucoup. Les passages de son enfance en Californie ont un gout d'American graffiti,  bouteilles de coca qu'on rapporte à la consigne pour se faire de l'argent de poche et aller à la piscine, campings estivaux sur la plage, père sévère et mère faussement cool, névroses familiales, gamines éperdues d'aventures - la description du grand-père qui perd la boule est vivante, vraie.

Baisers de la pine'up qui cherche un roman saisissant (le dernier Le Vigan me tente)

ps : travaillez un peu et donnez-moi vos derniers coups de coeur, s'il vous plait

Fantaisie écossaise

Depuis que j'ai retrouvé mon cahier à spirales -miscellanées de 10 ans de collages-, je voyage dans le temps. Aujourd'hui, cap sur mes obsessions 2003 : l'histoire de Lachlan et Annie Stewart qui ont acheté le château de Ballone (une ruine battue par les vents aux confins d'Inverness) et qui ont mis des années à le transformer en ça
J'avais suivi les travaux grâce à un "Côté Ouest" antédiluvien. Photos personnelles redévoilées pour vous : la petite famille habitant la caravane à côté de la ruine. Décoration ad hoc de ladite caravane. Enfin, chambre de l'aîné

Je me sens tout à coup bien seule, Ingalls ayant décrété qu'une famille de dingues aimant les tissus qui grattent n'a aucun intérêt.

Baisers de la pine'up cornemuse

ps : si vous aimez l'écossais, la marque Anta (fleuron des Stewart) vend sa production  là

Gâteau nantais

L'autre soir, je préparais un dîner pour de merveilleux invités. J'ai cherché fiévreusement dans mon cahier à spirales la délicieuse  recette des biscuits apéro au fromage de ma grand-mère, mais hélas j'ai oublié de noter son secret. Je me souviens juste qu'il n'était pas question de misérable pâte feuilletée agrémentée de 100 gr emmenthal râpé, comme j'ai pu en voir sur le net, mais d'une VRAIE PÂTE à faire soi-même. C'était un délice. J'ai appelé les cousines :  Mimi a emporté son art dans sa tombe. Du coup, j'ai fait la recette au pif : c'était à peine mangeable.

Pour me faire pardonner, je livre ici à qui veut la réaliser la recette du gâteau nantais made by my Mimi.

Ingrédients :

3 œufs - 140 g de poudre d'amandes - 40 gr de farine - 125 gr de beurre salé - 150 gr de sucre en poudre - 3 PETITS verres de rhum.

Travailler le beurre et le sucre (cad bien le mélanger). Battre les œufs en omelette et verser la poudre d'amande en intercalant avec la farine et terminer par un petit verre de rhum.

Mettre dans le four (185° - 6/7) pendant 20 mn ( bien regarder)

Verser le 2e verre de rhum une fois le gâteau sorti du four.

Préparer un glaçage avec sucre glace/3e verre de rhum /eau (pour ceux qui n'ont jamais fait de glaçage : prendre un gros bol, mettre plein de sucre glace dedans et mélanger avec un peu de liquide - tj plus de sucre que de liquide  + y aller doucement avec la cuiller en mélangeant). Couvrir le gâteau de ce glaçage. Laisser refroidir.

Mangez !

Baisers de la pine'up aux dernières nouvelles, la recette de biscuits apéros c'est 150 g de farine, 150 gr de beurre et 150 gr de fromage râpé - malaxez tout ça grossièrement pour faire une pâte un peu friable, découper la pâte en lamelles de la taille une barre de légo et enfourner 10mn à 180°.

Journée de la gentillesse

Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens gentils? Moi, pas tant que cela. La médisance régnant en maîtresse exigeante sur les réseaux sociaux et dans les blogs, je vais continuer à traquer les rares personnalités possédant un authentique bon fond via cette fameuse journée de la gentillesse. Comme prévu, twitter rivalise d'esprit de contradiction prévisible et conformiste: la gentillesse? c'te foutaise cuculgnangnante! Si t'es sur les réseaux sociaux c'est pour apprendre à être SIPIRITUEL et non gentil! Et qui dit twitto d'esprit dit réserve à venin ou lourde dépression, au choix.

Autant il y a dix ans les ravis de la crèche m'exaspéraient, autant à présent j'aurais une nette tendance à les mettre en valeur.

Loin de moi l'idée de mépriser le sens critique, mais j'aime quand il s'exerce contre... la méchanceté (ou contre soi-même).

A la question qu'on pose rituellement aux people : "choisissez vos invités de rêve pour un dîner de rêve" , voici la composition de ma tablée : Gene Kelly, Paul Smith, Elvis Presley, Ida Lupino, Leo McCarey,  Ernst Lubitsch, Pearl Buck, René Goscinny, Frances Burnett, Anne Franck, Teri Hatcher, Edouard Boubat, JK Rowling, Oscar Hammerstein, Ingrid Bergman, la famille Ingalls et celle du big bang theory, sans oublier Jennifer Aniston, Michael C Hall et Britney Spears (si j'étais un homme, je serais dingue du sourire de Britney Spears - elle serait pas loin de Lubitsch dans le plan de table)

Baisers le la pine'up "diner at eight"

ps : c'était en direct de Valériopolis, dans la vraie vie je ne manque pas de belles personnes. Votre dîner imaginaire? A vous de jouer

Nota bene  pour paraphraser mon amie Nadia  : ce qui est effrayant par les temps qui courent, c'est que la gentillesse est devenue UN DÉFAUT...

11 novembre

le 11/11/11 ça sonne net et bien rangé. 

En attendant le 11/11/2018, voici l'image qui m'a le plus touchée : celle d'un ami sur FB qui a posté la photo de ces deux vases réalisés par son oncle avec des douilles de 105 pendant la Grande Guerre

Quand même plongé dans l'horreur, l'oeil cherche une échappatoire

Baisers de la pine'up toujours sauvée par la rêverie

Sir Paul Smith

Je ne suis pas une modeuse frénétique, je suis une femme qui s'emballe. Je n'ai pas aimé l'esthétique des années 80, mais s'il faut garder quelqu'un de cette époque, c'est LUI et lui seulement. L'Angleterre ne s'y est pas trompée et a recueilli au sein de sa gentry le cycliste de Nottingham.

Hier soir, avant-première du documentaire Paul Smith gentleman designer, réalisé par Stéphane Carrel. J'y étais grâce à mon culot de fille lunaire: j'avais un jour chanté mon amour pour Paul à un vendeur de sa boutique parisienne. Attendri par mes bégaiements, Loïc le vendeur m'avait répondu: "Laissez-moi votre adresse. Dès qu'il passe à Paris, je vous préviendrai". Il a tenu parole.

Hier soir au Max Linder, une pine'up fan de base se frottait les yeux. Pourquoi je l'aime? Pour tout ce qui est dévoilé dans ce doc. Petit un : Paul Smith n'a pas la réussite voltairienne, il est spirituel sans être méchant (l'anti Birenbaum twitto par excellence). Petit deux: regardez-le fouiner aux puces de Portobello, vous comprenez immédiatement ce qu'est "avoir la vista".  Petit trois : la façon dont il explique sa source d'inspiration pour une collection à une équipe très jeune et donc pas forcément cultivée; il cite Franck Zappa et Cy Twombly. Mais il le fait de manière pédagogique, sans profiter de sa culture personnelle - il se contente de dresser des portraits très précis du peintre et du chanteur - on a immédiatement envie d'écouter l'album de l'un en regardant une toile de l'autre. Petit quatre : son bonheur est gentiment pudique. Sir Paul se réveille tous les matins à 5 heures et parcourt les villes à l'heure à laquelle les fêtards se couchent. Il trimballe sa silhouette fatiguée et curieuse sur tous les entroits de la planète. Il est comme cela, fatigué et curieux. Et ces deux composantes le rendent irrésistible: quoi de plus évident dans le charme qu'une personne pugnace et ouverte d'esprit? Le mélange cernes-oeil qui pétille est la clé du talent en majesté.

LE DOC PASSE SUR ARTE LE 22 NOVEMBRE A 22H30

Baisers d'une pine'up de plus en plus résolue à ne jamais se faire défroisser le visage, et qui jure de rester aux aguets de toute forme d'inspiration ad vitam aeternam. On trouve des épis de blé même dans la merde.

ps : j'ai joué des coudes pour lui serrer la paluche, j'y suis arrivée et depuis je ne me lave plus les mains. 

pps : il n'est pas donné à tout le monde d'entonner Blue suede shoes avec une veste moutarde et de montrer le comble du sexy (voir le doc)

Epilogue : derrière Paul Smith se cache une Pauline Smith qu'il qualifie de trésor. Sa femme

Faire son âge

C'est affreux. J'ai été incapable de rétorquer à une amie qui m'annonçait son cinquantenaire un: "Tu ne fais pas ton âge" de circonstance. Why Why Why?  Parce que je trouve que cette phrase pseudo rassurante est une insulte, et que ne pas faire son âge ne signifie plus rien sinon une échappatoire de mauvais goût, bricolée et pitoyable.  A un malheureux twitto qui a eu l'inconscience de narrer que son petit-fils lui donnait 100 000 ans, j'ai répondu : "C'est normal, vous êtes vieux". Je ne suis pas certaine qu'il ait saisi la portée du compliment. Car enfin quoi? C'est si dur que ça, la maturité?  Viendra fatalement la nuit où on fera tous caca dans nos couches sans se souvenir de notre longue vie, alors pourquoi ne pas pleinement profiter des striures de l'automne?

Le seul vrai veinard que je connais qui ne fait pas son âge est mon oncle Bertrand. Pourquoi veinard? Parce qu'il ne fait rien pour cela. Il a la chance d'avoir une chevelure à peine blanchie par les ans - il n'a pas besoin de teintures "marron glacé-été indien". Et il est tellement distrait qu'il ne peut pas accéder à la morne sagesse. Je l'adore, c'est un personnage romanesque.  Il se fait insulter dans les files d'attente à la poste:

- Z'avez pas vu que c'est l'espace réservé aux plus de 70 ans?

- Mais... j'ai 74 ans!

- Quoi?

- Tenez, vérifiez, je suis né en 37! Si si, j'y tiens, vérifiez donc.

- Oooohhh! Vous carburez à quoi?

- Vous êtes trop gentil, mais je vous assure que je suis vieux !  Si vous saviez les petites misères, à mon âge...

Et oncle Bertrand radieux de quitter le grand hall sous les viva de la foule en délire.

Question de gènes, uncle Bertie, question de gènes...

Baisers de la pine'up qui adore ceci

 

Mariage à l'italienne

Fini de rire, pine'up. A toi la main, à toi le risque, à toi de réaliser un autre rêve : écrire un scénario. Que reste-t-il de nos divorces? a trouvé preneur, et cette fois-ci ce n'est pas une vaine parole (flèche contre celui qui m'a fait rédiger un synopsis pour des nèfles à partir de Chronos Blues).

J'entre dans la période charrette totale, écriture nocturne, look zombie au teint terreux.

Pauvre Ingalls!, me direz-vous. Ingalls a un atout-maître : il m'aime en dépit des lunettes crasseuses sur le nez, de mon air ahuri et des plats surgelés qui vont momentanément remplacer son divin quotidien.

Écrire (ou co-écrire en l'occurrence) un scénario, est-ce la même démarche que créer un roman? Non. C'est l'inverse. Avec, comme préliminaires voisins, une plongée obligatoire dans le passé supposé des créatures à naître. Quand on fait émerger un personnage, il faut lui inventer une généalogie secrète, même si on ne l'utilise pas.

Écrire, donc. Une comédie. Une comédie? C'est la chose la plus dure à élaborer. Faire rire est un travail d'Hercule, un travail de tous les instants (faire pleurer est si facile, en comparaison).

A moi les windows, les misbehaviors (langage technique, j'me la pète) et les dialogues. A l'Italienne de rêve qui m'épaule incombe la lourde tâche de structurer l'intrigue.

On tente le duo façon Brackett/Wilder, on est sur notre trapèze chaque vendredi pour jongler avec les mots et les gags. On ne se dispute pas encore et on rit beaucoup, sous l'oeil bienveillant de SUPERPRODUCTRICE.

Première étape : tout caricaturer.

Deuxième étape : tout affiner.

Baci baci baci de la pine'up sur fond d'Eros Ramazzotti

PS: pour un rôle, je cherche des seconds couteaux...

I LOVE YOU I LOVE YOU I LOVE YOU

 

Baisers de la pine'up Singin in the Rain

The Artist : well, well...

Je rêvais de le voir? Je l'ai vu. Vais-je le porter au pinacle ou le vouer aux gémonies? J'opte pour un entre-deux.

Dans la partie qualités : le jeu d'acteur, formidable. Dujardin comme Béjo sont enchanteurs, lui, à cheval entre Douglas Fairbanks et Gene Kelly, elle, digne héritière de Clara Bow ou Paulette Goddard.
Saluer également le soin apporté à la lumière du noir et blanc. Troublant aussi de voir nos Français évoluer avec grâce au milieu de seconds couteaux américains très pointus et très fins (John Goodman ou encore la fantastique Missi Pyle, géniale en co-star haineuse).

Hazanavicius connait ses classiques: son hommage à Un étoile est née et Singin in the Rain ne manque pas d'un, si j'osais, "culot respectueux".  C'est justement là le problème : ou il a été trop culotté, ou il est trop respectueux. Son entre-deux donne une certaine fadeur à l'ensemble.

Par exemple, faire un film muet dans notre époque pleine de bruit: excellente idée! Mais la musique sur les images est pompier, ringarde, trop similaire à la vieille époque ; elle plombe l'originalité du sujet.

Deuxio : le scénario est un mix de deux chefs-d'œuvre ; à Une étoile est née il emprunte la trame tragique (histoire d'une star du temps passé qui décline tandis que son amoureuse est propulsée vers le succès) et à Singin in the Rain, l'exploration de la période des débuts du parlant. Le résultat souffre un peu de ce côté hybride: il ne verse pas dans le poignant cf le couple bouleversant chez Cukor de Judy Garland/James Mason, et il n'atteint pas les sommets comiques de Gene Kelly essayant de s'exercer au cinéma parlant dans le film de Donen.

Le film se repose trop souvent sur l'audace de son projet, sans innover dans l'intrigue qui aurait dû être plus rythmée, plus dingo.

Baisers de la pine'up un peu déçue en dépit du fait que c'est un film charmant. De là  à concourir à la course aux oscars...  Judy Garland le méritait pour A star is Born en 1954. Mais c'était Grace Kelly qui l'avait obtenu à l'époque pour une comédie très datée, High Society.  Bonne chance aux frenchies.