Au risque de perdre mon cher frère de blog Fredouat, j'ai toujours été féministe. Dès l'enfance, j'arrachais les pages du Vogue que lisait ma mère à chaque fois qu'il y avait une photo de femme à poil (la pauvre, son journal passait de 200 pages à 105). Et je saccageais au cutter les couvertures des James Hadley Chase de mon père car je les trouvais "indécentes" (mis à part le fait que j'adore Chase). Mes parents, fort compréhensifs, encourageaient mon côté suffragette. Je me souviens d'une pub pour un parfum Guy Laroche dans les années 75 qui me faisait hurler : on voyait les images de deux femmes avec la légende : "Oseriez-vous poser nue?" Une femme hyper mal habillée, cheveux nattés et lunettes envahissantes posées sur un visage peu amène disait : "Non". Juste à côté, une autre, tout sourire, cheveux sublimement coiffés et décolleté pigeonnant disait : "Oui"! Elle était donc une Femme Guy Laroche. Je fulminais : j'avais envie des jolies fringues de la femme Guy Laroche, mais pas du tout de poser nue. J'ai navigué dans les journaux féminins toute ma vie, traquant les incohérences, cherchant une identité, une liberté qui ne serait pas déplaisante.
C'est plutôt dans le ELLE que je me retrouve, et j'ai été très fière en novembre 2000 d'y avoir eu deux pages d'entretien. J'ai paumé l'exemplaire, pourtant je garde un merveilleux souvenir de l'interview comme de la séance photo.
J'achète ce journal tous les vendredis. ( Message à la rédaction : je préférais quand il sortait le lundi, cela illuminait ma semaine.) J'aime le parcours rigoureux de Valérie Toranian, la rédactrice actuelle. J'aime la drôlerie du docteur AGA (les pages Fonelle en revanche me laissent de marbre).
Mais là où je m'insurge VRAIMENT, c'est à la rubrique "les femmes les mieux habillées du monde". Cela avait commencé l'an passé avec, parmi des célébrités attifées comme des sapins de noël, la photo "femme la plus rock" D'UNE GAMINE DE 12 ANS
Non, vous n'avez pas la berlue, une fille de 12 ans faisait partie du palmarès "femmes les mieux habillées de la planète en 2010". Dans un journal qui dénonce à tour d'article l'érotisation de l'enfance...
Et cette années, ils n'ont pas pu s'empêcher de coller dans cette liste ridicule une adolescente de 14 ans! Peut-on parler de léger mieux?
Je sais, dans l'histoire de la femme, certaines, de Juliette à Marie-Antoinette, ont exsudé la féminité à des âges incertains. Mais à cette époque les femmes étaient des vieillardes à 30 ans. En ces temps de centenaire, j'adresse une supplique à Valérie Toranian : surveillez un peu mieux l'âge de vos poulettes.
Baisers de la pine'up qui ne fait pas ses compliments à Sophie Gachet, l'auteur de ce désolant palmarès (à Toranian : virez-la et mettez-moi à la place, vous allez voir ce que vous allez voir)