En cet an 1980, une révolution survint dans la bonne ville de Boulogne-Billancourt: écoles de bonnes sœurs et lycée de curés fusionnèrent, pour leur malheur et notre félicité. J'imagine bien mère Stanislas lançant à l'abbé Dalle : "gardez vos coqs, je lâche mes poules". 1980, année faste: j'entrai en seconde littéraire et abandonnai définitivement les sciences détestées, en plus, cadeau bonux, dans un lycée mixte. Visualisez l'extase. Une seule ombre au tableau : ce fut l'année précisément où Ingalls eut son bachot et quitta ladite école (dommage qu'on se soit pas rencontrés ds le préau de Notre-Dame, je lui aurais sauté direct sur le paletot). Ah, on était chouettes dans ces années-là, les Valérie (4 par classe), Agnès, Sylvie, Nathalie, Sandrine, Marie-Laure... j'entends Marie-Laure qui grince:"ça te va bien de jouer les potes, à l'époque, t'étais toujours collée à ton jule". Pas faux. J'avais quitté la planète femelle, c'était pas pour m'acoquiner avec une bande de minettes, nom d'un palot.
Brusque saut dans l'espace-temps : 2008, je m'inscris sur Facebook dans le but malhonnête de fliquer mes gamins sur le ouèbe. Et sur qui je tombe ? Les anciennes de seconde A2! Joyeux Noël, Agnès, Sylvie (qui a épousé le beau gosse de la classe ET ÇA TIENT!) Valérie-P-mon homonyme, Marie-Sophie et j'en oublie. Pour Marie-Laure, t'étais en B mais c'est ton noyel à toi aussi, chuis pas chienne.
Ah, les années 80! Quand je pense que mon fils les trouve attractives... ma mère avait eu ça pour chapeauter sa jeunesse, nous, on s'est tapé
Quel gadin...
Et vous vous souvenez de Diva ? J'avoue, je trouvais le loft de ce film extraordinaire. Le comble du chic. En le revoyant, j'ai eu honte - le film est atrocement daté, inregardable, comme la quasi totalité des eighties. Avec Séverine, autre amie de l'époque revue récemment, on a eu une divergence: elle soutenait qu'il fallait assumer ses mauvais goûts alors que je ne me remets pas d'avoir adulé Les nuits de la pleine lune.
Et nos coupes de cheveux, hein, nos coupes de cheveux ? Permanentées, crêpées, rasées ds la nuque façon Désireless... Nos collants noirs, nos vestes à paddings aux couleurs criardes chinées dans les surplus, nos mascaras dégoulinant, les pulls en V qu'on mettait devant-derrière. Stop! On a survécu.
Ça donne quoi quand on se revoit? je vous trouve bien belles, mesdames. J'admire celles qui on gardé le cap du mariage, car pour la grande majorité des rescapées d'à l'ombre des marronniers de Boulogne, nous sommes passées avec plus ou moins de dommages collatéraux par la case divorce et son corollaire, l'amie solitude (sujet du prochain roman).
Comme disait la seule professeur de droite du lycée, notre vénéneuse prof de français qui portait des jupes en cuir (tj aussi canon, je la croise ds la rue, parfois):"celui qui ne lit pas La princesse de Clèves ne sera jamais un homme. Vous m'écoutez, monsieur Jammot ?"
Ingalls,qui a aussi reçu l'enseignement de Mme Ducroc dans sa prime jeunesse, est donc un mâle accompli.
A toutes celles qui restent seules, j'offre un "garçon Notre Dame" comme cadeau de noël: ces types ont formidablement vieilli-et c'est pas Sylvie qui va dire le contraire, embrasse Guillaume pour moi.
Aux toujours mariées : un voyage à la ville-fantasme de ces années-là, NY
Je formule aussi un vœu, une supplique : que la déco fluo ou noir et blanc de notre jeunesse ne s'impose plus jamais. A visionner ces images, la névralgie m'assaille.
Mort également aux épaulettes, et à celui qui nous a sauvées du désastre en réintroduisant les fringues moulantes, LUI,
je dis, éperdue de reconnaissance: "choukran".
A toutes, une robe Alaïa, ce sauveur.
Et Michelle l'a bien compris...
Autre élément modeux que je sauve de ces années maudites : le perfecto. Uniquement pour les femmes, sur n'importe quel homme, même De Caunes, ça fait Lucien-Margerin. Et uniquement sur les femmes d'un certain âge (avant la quarantaine, le perfecto fait pétasse: il se bonifie avec les années): vous avez, mettons au pif, 45 ans? Vous devez avoir un perfecto.
Allez, Marie-Laure, un p'tit Côte Ouest pour la route? A la boutique Flirt du boulevard Jean-Jaurès, où tu as plié un nombre impressionnant de pulls (hypermoches), au tarama qu'on engloutissait aux heures de pause sans prendre un gramme (on avait un bon pondérostat à l'époque), aux séries débiles qu'on a maté ensemble, au mannequin américain que tu as hébergé dans ton studio et qui a PÉTÉ ton néon- sacrilège! -, allez, c'est fini, on prend les mêmes et on recommence: ça a marché, le bac blanc de ton fiston?
Baisers d'une pine'up "ne m'appelez plus jamais Madonna".