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Rédigé à 07:08 dans Chose intime | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Les Holly de Breakfast at Tiffany's formaient une confrérie autour de Capote. Il les aimait riches, névrosées et parfaites. Ces femmes qu'il a vénérées pour mieux un jour les trahir possédaient cet instinct de maîtrise, ce chic mythique qui n'est à mon sens que l'apanage de certaines Américaines. Elles ne descendent pas d'une noblesse qui se perd dans la nuit des temps. Elles sont le fruit d'un pays jeune qui recrée à sa façon les règles de l'Ancien monde. Les cygnes de Capote, nées dans les années 1915/1920, avaient une élégance qui reste totalement moderne. Elles ont échappé à l'académisme, au ringard marqué du démodé. Il y eut Slim Keith, et sa patte sportive racée
Cigarette aux lèvres, qui les emportera toutes, Slim et les autres épouseront des hommes brillants, souvent des metteurs en scène, des producteurs ou de grands acteurs qui les feront vivre de l'autre côté du miroir. Elles avaient le génie de l'apparence. Elles l'ont durement payé.
Babe Paley, la sans défauts. Tout le monde la copiait. Il suffisait qu'elle noue un foulard à son sac et la mode était lancée
Babe, qui a planifié sa vie, mais aussi sa mort: atteinte par un cancer au poumon en 74, elle passa les 4 dernières années de sa vie à emballer soigneusement tout ce qu'elle possédait pour le donner à sa famille et à ses amis. Elle alla même jusqu'à dicter le menu de ses funérailles, les vins, le gâteau... Son élégance était plus ténébreuse que solaire.
C.Z. Guest, la blondeur délicate, la seule a avoir un jour échappé au corset du maintien
C.Z qui a vieilli "normalement", quittant son armure et sa superbe pour apparaitre joyeuse, épaissie et pleine de vie.
Enfin Carole Grâce, la femme de Walter Matthau, la dernière du club des "Holly"...
Au pays du rock'n'roll, cette phrase vous allait comme un gant, mes chers cygnes :
"...être américain (à la différence d'être anglais, français, ou quoi que ce soit d'autre) consiste précisément à s'inventer un destin plutôt qu'à l'hériter, puisque nous avons toujours été, dans la mesure où nous sommes américains, habitants non pas de l'histoire, mais du mythe" (Leslie Fielder)
Baisers de la pin'up hantée par les US, d'Elvis à Joyce Carol Oates, de Marilyn à Eastwood, de Preminger à Ellroy
Rédigé à 18:34 dans Mode | Lien permanent | Commentaires (9) | TrackBack (0)
Truman Capote était un méchant homme. Mais pour dénicher les beautés de la haute société new yorkaise, il fut inégalable. Il a collectionné les trophées fragiles de la jet set des années 50. Deux lui ont servi de modèle pour Breakfast at Tiffany. Voici la première :
Elle naquit en 1924. Elle eut une enfance aussi fortunée qu'effroyable. Dans ses yeux, une tristesse qu'elle gardera. Mais qu'elle transformera en curiosité. Elle vit toujours. Elle fut, dans les années 40/50/60 une des plus élégantes femmes du monde.
Dans cette robe Mainbocher, photographiée par Avedon, elle est impressionnante de style.
Baisers de la pine'up qui traque inlassablement le mélange vulnérabilité/inflexibilité. Le monde de Gloria Vanderbilt n'existe plus; elle en fut la dernière icône.
Ps : demain, je vous montrerai l'autre cygne de Capote
Rédigé à 18:25 dans Mode | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Je dois dire que le sulfureux blogueur GG a fait très fort : sa note me met dans un état de joie mauvaise. Après les personnes de petite taille, les malvoyants, les déficients auditifs et les techniciens de surface, les gens de couleur , une ministre, Michelle Delaunay, vient de proposer d'abolir le mot "vieillesse" (décidément, mon roman Chronos blues était visionnaire) pour le transformer en "personne avancée en âge".Au delà du ridicule d'une telle formule, le fait de changer un mot pour une locution montre que le mot était bien choisi. Vieillesse est un mot parfait, il se suffit à lui-même. Il parait que la ministre ne veut plus également des termes "tomber amoureux" ou "tomber enceinte".
Dans le domaine de la périphrase les crétins sont rois. Quoi de plus précis que l'expression "tomber amoureux"? il indique si bien le vertige d'un tel état...
Baisers de la pine'up la coupe est pleine.
ps : je suggère de jouer au jeu de l'été sur la note de GG
PPS: "vieux", "vieillesse" sont des mots qui parlent d'une réalité. Parfois on vieillit bien, parfois on vieillit mal. Mais je n'ai jamais décelé une marque d'irrespect. When I'm old and wise I love everyone
Rédigé à 12:28 dans Bons blogs | Lien permanent | Commentaires (17) | TrackBack (0)
J'avais aimé cette idée piquée dans un magazine anglais : transformer une maison de poupée en objet utilitaire (placard...)
Francisée (c'est à dire rendue moins bobo craspouille) grâce à la maestria ingallsienne, notre maquette de maison McIntosh est devenue le placard à biscuits de la cuisine
Baisers de la pine'up en mode décoration pour son amie Christèle
Rédigé à 20:14 dans Déco | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)
Rédigé à 19:25 dans Déco | Lien permanent | Commentaires (7) | TrackBack (0)
Promouvoir le travail d'une femme que j'admire et qui est devenue une amie, voilà le sujet de la note du jour. Nathalie Verlière organise des stages d'audiotraining. Elle s'appuie sur la méthode APP polyglottes pour éduquer l'oreille de nos petits aux langues étrangères. Ma fille vient de rentrer d'une semaine de stage: elle est transormée. Son anglais est bien meilleur, sa forme générale est excellente. Dans sa maison de Normandie, près d'Omaha Beach, Nathalie veille à tout. J'avais une confiance absolue en sa pédagogie et sa gentillesse. J'ai à présent une confiance totale en son accueil. Pour des jeunes qui sont intimidés à l'idée de partir à l'étranger, mais qui veulent s'améliorer en anglais, aller s'immerger dans une maison construite tout en bois par la famille Verlière est gage de dépaysement, mais aussi de douceur. Nathalie cherche à recevoir des enfants qui n'ont pas les moyens de s'offrir un stage d'audiotraining. Pour ce faire, son projet est inscrit sur le site Babeldoor qui aide à financer des actions utiles dans le monde. Cliquez là!
Baisers de la pine'up qui adore les gens pour lesquels le mot "éducation" n'est pas un vain mot: pour lesquels il représente à la fois tendresse et fermeté, curiosité et pudeur.
Rédigé à 13:30 dans Chose publique | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
J'ai regardé le défilé, pas à cause du président corrézien, mais parce que j'aime les uniformes. Ils donnent de l'allure aux moins classieu(x)ses. J'ai beaucoup ri quand le pauvre para s'est foulé le genou pof devant Tullius Rectificatif: j'ai appris aujourd'hui que le parachustiste s'était fracturé le genou et du coup, cela ne me fait plus rire.
J'ai beaucoup ri (et Ingalls aussi) à la lecture de ce tweet : Marie-Ségolène Royal, parachutiste à La Rochelle, a refusé de sauter sur Hollande à cause du vent de travers.
J'ai été sidérée d'apprendre que le trench de tweetveiler venait de la maison Chanel (lu sur twitter): elle semblait engoncée dans un truc informe. Karl, tu ne t'en relèveras pas.
Oh, et puis ces merveilleuses nouvelles qui font aimer la démocratie:
Vous en voulez encore? " la commission sur la moralisation et la rénovation de la vie politique sera présidée par Lionel Jospin." C'est beau, les économies de la France. Une voiture de fonction et un groupe fumeux en plus, ça continue. Au royaume de la zizanie, on se retrouve entre gens de bonne compagnie.
Baisers de la pine'up savez-vous pourquoi il y a un pompon sur le béret du matelot?
Rédigé à 16:04 dans Chose publique | Lien permanent | Commentaires (11) | TrackBack (0)
Génial. David B est génial. C'est pour moi le plus grand auteur de la bande dessinée actuelle. Le top du top, l'inclassable, le plus doué de tous, le plus troublant. Sa patte échappe à toute référence. Elle fut souvent copiée (Marjane Satrapi est une pâle décalcomanie de son trait), jamais égalée. Si l'art est une cicatrice, David B est un artiste de premier plan. Son univers réunit les extrêmes, le chaos annonce la raison, la folie épouse la sagesse, la souffrance chevauche la plénitude, le réel tutoie le mystère. Il fait naître un profond malaise puis le dissipe, tel un magicien. Mais le choc est là. Par vagues, le malaise revient. Par vagues, David B l'incendie. Ses bandes dessinées, sublimes au niveau graphique, le sont également dans la narration. Raconte-moi une histoire terrible, David B. Raconte-moi les mythes de la vie et de la mort, raconte-moi la curiosité, le rêve, la rue, la solitude, la puissance de l'imaginaire, l'évasion, les livres qui constituent ta maison. Raconte-moi la violence, raconte-moi l'apaisement.
David B a obtenu les plus grandes récompenses. Il est traduit dans le monde entier. L'homme est secret. Je l'ai inteviewé en 2003 pour un documentaire que j'avais écrit. Je n'oublierai jamais son regard. Il est à l'image de son oeuvre, entre hermétisme et extrême sensibilité. Je n'ai pas osé lui dire : "Merci d'exister". Mais je l'ai pensé de toutes mes forces.
Baisers de la pine'up qui rêve qu'on réédite "Babel", une de ses histoires les plus incroyables.
PS: si je pouvais avoir un original de ses planches, je le considèrerais comme un trésor. Je ne sais s'il les vend, j'envoie cette question à qui pourra me répondre.
PPS: mon fournisseur de David B est comme d'habitude Canal BD à Boulogne-Billancourt, la meilleure taverne de connaisseurs de la ville.
Rédigé à 19:26 dans Livres | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
L'été est là et avec lui son cortège de livres. Son armée devrais-je dire tant je dévore sans relâche les récits qui me renforcent. Jacques Coeur m'a donné envie de relire Les rois maudits. Des nuits d'insomnies peuplées de convulsions franco-anglaises, de brutes cupides et de rois faibles. Les derniers Capétiens directs, hormis Philippe Le long, furent des rois navrants. Empoisonnements et égarements de l'Histoire au profit du romanesque, seul émerge de ce pouvoir si décevant pour celui qui le possède Edouard III Plantagenêt, petit-fils de Philippe le Bel et fantastique roi d'Angleterre. Il nous a ruinés pour un siècle. Sa seule erreur? Avoir labouré la France en semant la terreur au lieu de corrompre les Français avec finesse pour mieux les dominer. Bouter l'Angloy hors de France fut doublement une obsession après de tels carnages. La saga de Druon est toujours aussi trépidante, miroir de la logique politique constamment mise à mal par l'absurdité humaine. A chaque fois qu'une sage solution se profile, elle soulève une foule d'irresponsables qui vont jeter toutes leurs forces pour la contrecarrer.
Petit saut de 50 ans dans le temps pour aborder Le crépuscule des Rois de Catherine Hermary Vieille. Une trilogie qui démarre au dernier Plantagenêt direct, plonge dans la guerre civile anglaise des deux Roses et s'épanouit sous Henry VII et Henry VIII Tudor. Une merveille de construction, digne des Druon. Le crépuscule des rois est plus un livre sur leurs compagnes, sur ces reines : Marguerite d'Anjou, Elizabeth Woodville, Margaret Beaufort, Bessie d'York et toutes celles qui suivent forment une galerie de portaits sublimes. Tandis qu'Anglais et Ecossais, bien loin de l'étiquette à la Française, s'écharpent de la manière la plus brutale qui soit, les femmes tissent les alliances. Défont le jeu. Construisent lentement la carte du pays. A cet égard toute la partie racontant la vie d'Henry VII Tudor, issu de la branche Lancastre, et d'Elizabeth, fleuron de la branche d'York, montre à quel point le pari était loin d'être gagné. Probablement est-ce le couple le plus attachant de toute cette saga. Le plus policé, le plus aimé à juste titre, le plus soucieux de son pays. Aux horreurs que le roi et la reine vécurent enfant, chacun dans le camp ennemi, succède une forte politique de réconciliation et - enfin! - d'enrichissement de l'Angleterre. Cela ne durera pas, Henry VIII arrive en embuscade en 1509 et ses 40 ans de règne anéantiront le patient travail de son père. L'Angleterre redevient suiveuse, derrière le royaume d'Espagne dont c'est l'apothéose, derrière la France qui trouve dans la Renaissance le paroxysme de son raffinement, l'essence même de son alliage esprit chevaleresque/don pour le luxe. Henry VIII ne pense qu'à se marier et à guerroyer avec la France là où son père, secondé par le cardinal Wolsey, comprenait à la fin de son règne l'importance des grandes explorations. Henry VIII se laisse gouverner par son nombril et ruinera le pays, sans politique expensionniste remarquable, sans arriver au talon des souverains espagnols ou même français. Catherine Hermary Vieille a tout pour nous raconter cent ans d'histoire anglaise riche en luttes intestines: la rigueur d'une archiviste qu'elle est, la clarté d'un beau talent narratif et un sens des dialogues totalement juste. Cette combinaison d'atouts est rare: soit les historiens ont un vilain style, soit ils ne savent pas équlibrer leurs chapitres, soit leurs dialogues tombent à plat. Chez Catherine Hermary Vieille, l'équilibre entre culture et transmission de cette érudition est aussi subtil que bien dosé. Un peu à la Zweig elle s'attache à suggérer combien la grandeur n'a pas grand chose à voir avec l'intelligence; son personnage le plus touchant est l'avant-dernière épouse d'Henry VIII, l'écervelée Katherine Howard qu'elle traite avec une tendresse toute particulière, à la Marie-Antoinette. Cette jeune fille sacrifiée et décapitée à 20 ans meurt avec infiniment plus de bravoure que tous les roués politiciens envoyés par le roi sur le billot. La mort, elle l'apprivoisera en une nuit. Le passage consacré à cette femme enfant est très émouvant. Une sotte peut devenir grandiose. Un fin stratège peut s'avérer pitoyable. Il n'y a pas de vraies règles humaines. Il y a des trésors que chacun découvre dans l'urgence, au gré de sa bonne ou mauvaise nature.
Baisers de la pine'up qui repart dans Zweig (Mary Stuart). Du déjà lu, mais comme c'est merveilleux de relire de tels ouvrages.
Rédigé à 20:17 dans Livres | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)