Vendredi 15 octobre, je serai au théâtre de Neuilly-sur-Seine qui joue une pièce, Un beau salaud, pour aider l'association Épilepsie-France dont je copie une page de ouèbe
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Vendredi 15 octobre, je serai au théâtre de Neuilly-sur-Seine qui joue une pièce, Un beau salaud, pour aider l'association Épilepsie-France dont je copie une page de ouèbe
Rédigé à 15:20 dans Chose publique | Lien permanent | Commentaires (7) | TrackBack (0)
Ajout après commentaire : le titre de ce post ne fait pas du tout allusion à GG mais à la connerie des régimes.
Il y en a un qui me suit en loucedé. Qui n'avait jamais posté de commentaire ici. Qui vient de sortir de sa tanière pour manifester son intérêt. Lui
Sa question : sur le régime Dukan ; il veut des chiffres, kg perdus, voire mensurations.
Beaucoup de femmes sur ce blog. Pas tellement de messieurs, Ingalls étant un rempart de POIDS.
Mais quand ils s'intéressent à leur silhouette - et éventuellement à la mienne-, on doit répondre, non ?
Alors, cher Grincheux Grave, c'est une femme délestée de 10 kg qui vous cause. Sur moi, ce régime a marché. Il n'est cependant pas le seul responsable de cette fonte des neiges. Depuis plus de vingt ans, je prends des antiépileptiques qui sont des ouvreurs d'appétit. Ce qui donnait, la nuit (suis une grande insomniaque), des fringales irrépressibles, doublées d'un regard aussi désespéré que celui-ci.
Je ne souffrais pas de boulimie, n'avalant dans ces cas-là que de bonnes choses bien grasses. La nuit, l'estomac était sans répit. J'avais une faim effrayante, torturante, envie de rillettes, de fromage, de pain, de beurre salé. La salive affluait, l'ordre s'affichait dans la cervelle en lettres de feu : MANGE ! J'obéissais. Question de survie. Puis je revenais dans la suite parentale chambre l'estomac lourd, vaguement nauséeuse, pour tomber dans un sommeil d'abrutie.
Un soir de mai, ayant testé un nouveau médicament sans effets secondaires marquants, j'ai failli être empoisonnée. J'ai dû arrêter ce traitement dans l'heure. Alors j'ai décidé que la faim n'allait pas gagner, que si je devais prendre A VIE un traitement d'ogresse, il fallait se battre. Je n'avais jamais fait de régime. Il y a 8 ans, et parce je vivais une situation difficile (mon ami de l'époque maigrissait, sa chimio ne marchait pas, il allait mourir), mon solide coup de fourchette s'était intensifié. J'étais allée voir une diététicienne qui m'avait dit en substance : "si vous avez faim, mangez des pommes". Or quand on a faim, ON A ENVIE DE TOUT SAUF DE POMMES.
Ce qui m'a plu avec ce régime-là : la sensation de satiété. Je suis une carnivore, et j'adore les œufs. Carpaccios et œufs durs à volonté. La viande des grisons m'a bien aidée, aussi. Le plus dur : renoncer au pain. Efficace. Pas de pain pas de vin, ça marche (et encore mieux sur les messieurs).
J'ai tenu. Pour le sucré, ça n'a jamais été mon truc. Mais j'ai testé les barres chocolatées de régime et la seule valable, en goût comme en coupe faim est Gerlinea deux chocolats. Elle m'a rendu de grands services.
A présent, je stagne au poids de croisière. Je n'ai plus la dalle la nuit : est-ce grâce à Dukan ou à une nouvelle molécule qui marche sans me coller des appels du ventre ? Je ne sais pas trop.
Mes mensurations, GG ? même pas en rêve. Mais les doudounes ont morflé (Ingalls est mélancolique).
Baisers d'une pine'up dégonflée
ps : aux amateurs FB, pour la recette de la tourte bourguignonne aux girolles et magrets de canards, je ne peux pas la donner, ma prof de cuisine me l'a interdit...
pps : rien à voir mais je le case ; je sors des locaux d'Inter. Entendu dans les couloirs, un politique (de gauche) qui a tonné :" dans cette radio, on se croirait en Allemagne de l'Est !" j'ai failli hurler de rire, mais cela aurait été malvenu, non ?
Rédigé à 14:40 dans Chose intime | Lien permanent | Commentaires (16) | TrackBack (0)
Pour un seul roman, Tours et détours de la vilaine fille,
Mario Vargas Llosa méritait le Nobel. A celles et ceux qui ne l'ont pas lu : c'est Belle du Seigneur, en beaucoup mieux.
Pour son personnage féminin menteur, mytho, insupportable et attachant, pour la passivité de l'amoureux qui suivra partout la femme de sa vie, sans lasser, sans exaspérer, ce roman est aussi parfait qu'un pas de tango, aussi frappé qu'un bonheur impossible.
Toutes mes félicitations à l'auteur ; que ce Nobel de littérature lui procure longue vie.
En revanche, que penser du livre qui inonde les services de presse : celui des états d'âme de Marilyn, intronisée "femme sensible et intelligente"?
Là, j'ai les warnings de méfiance qui clignottent en continu.
D'abord, parce que la famille Strasberg, qui gère les droits de ce livre, a visiblement besoin d'oseille et qu'elle se refera, une fois de plus, sur le dos de sa plus célèbre élève.
Oh, oui, comme la star aurait été flattée et heureuse de naviguer au rayon littérature ! Mais était-ce vraiment nécessaire ? Marilyn est sans doute la femme la plus aimée par les femmes et les gays. Parce qu'elle possédait, de manière absolue, le don de laisser éclater les souffrances mais aussi les rires de l'enfance dans un corps hypersexué.
Elle reste fascinante à plus d'un titre. Premier constat : tout chez elle respirait la volonté. En premier lieu, celle qui arme la séduction. Marilyn pouvait passer complètement inaperçue, elle pouvait, moyennant perruque, se fondre dans la masse sans être reconnue. Mais quand elle activait sa radiance, ce n'était pas une question de roulements de hanches ou de valseur, elle arrivait, mentalement, à devenir exceptionnelle. Elle savait "se réussir". A quel prix ? Au prix fort.
Les Strasberg, intronisés "gourous", l'ont persuadée qu'elle était une intello faite pour jouer Ibsen. Or ce qui reste son atout le plus beau, c'était au contraire son sens comique de reine. Dans Certains l'aiment chaud, elle parvient, véritable tour de force, à insufler à son personnage vénal toute la suavité, toute la légèreté de la terre ; on ne voit qu'une gamine joyeuse et sentimentale, pas une créature cupide et victimisée.
Tous ceux qui ont approché la femme ont été unanimes, de Mailer à Miller pour dénoncer sa fragilité, ses errances, son intelligence. Quand on prétend "découvrir" une Marilyn brillante, maldonne : être star à ce point-là requiert un maximum de cellules grises, un instinct de tueuse.
Je n'ai aucune envie de saluer ce coup médiatique, ce "beau-livre-de-pensées-profondes-dont-on- garde-les-fautes-d'orthographe-car-la-blonde-était-dyslexique". Je trouve ça juste Midas au petit pied.
Au final, Marylin aura été exploitée jusqu'à la corde, jusqu'à sa plus extrême intimité.
Le seul qui lui ait rendu hommage, vraiment hommage, fut son ex mari Joe Di Maggio.
En refusant tout témoignage "j'ai été le mari de..." (Miller, lui, ne s'est pas gêné), en fleurissant sa tombe chaque année jusqu'à ce qu'il soit six pieds sous terre, en castagnant les journalistes trop curieux et en interdisant au Rat Pack d'assister aux funérailles de sa belle.
Triste ironie : Di Maggio fut pour l'actrice un mari jaloux, violent. Mais il a gagné son rachat grâce à ce silence inflexible et héroïque.
Repose en paix, drôle de femme. Il n'est pas essentiel d'avoir lu Ulysse pour faire ses preuves.
Rédigé à 17:44 dans Livres | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)
Tin tin tin, yes, terminé le Dukan commencé le 1er juin.
Récapitulatif : baleineau un peu triste, je m'inscris sur le net à un "coaching personnalisé". le bon visage de Dukan s'affiche.
Sa divine parole envahit l'écran : "Valérie, êtes-vous sur de vouloir arriver à ...kg 50 ? Votre poids de base serait plutôt... 3 kg encore de moins". Ça commençait bien. j'ai eu toutes les peines du monde à lui répondre que OUI, je tenais à garder qq rondeurs.
Deuxième étape : Il voulait que je me pèse chaque jour ! Jamais. J'ai menti 6 jours par semaines durant ces mois d'épreuve.
Je me moque, je me moque, cependant, Il a réussi à me traîner jusqu'au poids qu'Il désirait. Et sans efforts dantesques (à part la première semaine, très pénible).
A présent que j'ai quasi terminé son programme - je suis dotée d'une obéissance de capricorne borné - , Il veut que je rempile, moyennant soussous, pour la période de stabilisation. J'hésite...
Et Lui cède la parole
Aujourd'hui, Valérie, votre projet, c'est de ne plus regrossir. Savez-vous que d'avoir maigri, d'avoir été au bout de votre perte de poids est un motif de fierté, que ce type de fierté est étroitement corrélé à l'estime de soi, que l'estime de soi est l'une des sources les plus denses et les plus humaines de plaisir, c'est ni plus ni moins l'honneur de vivre en soi. Ce faisant, depuis que vous avez votre juste poids en poche, vous êtes plus légère mais plus pleine et cela amène une forte dose de contentement dans le plateau de votre bascule qui fut suffisamment bas pour que vous cherchiez à le charger du plaisir de manger. Et si, par malheur, vous deviez regrossir, non seulement, vous vous priveriez d'une immense satisfaction mais vous chargeriez lourdement le plateau du déplaisir. Vous imaginez ce que vous avez à protéger en suivant votre phase de consolidation. Tenez donc le plus fort possible. Pensez à ce que je viens de vous exposer, imprimez-le et relisez-le. Il y a encore bien des choses à dire sur la piste du bonheur. Je reprendrai cela avec vous un peu plus tard quand vous serez en phase de stabilisation définitive.
Savez-vous qu'un corps en surpoids peine et que ses organes les plus nobles et vitaux sont comprimés par un volume de graisse dont l'élasticité de la peau limite l'expansion extérieure. Un cœur entouré de graisse peine à se remplir. Les poumons sont eux aussi limités dans leur inspiration. Le foie travaille sous compression externe et infiltration interne. Ne parlons pas des intestins qui s'immobilisent et de la circulation qui stagne sus le garrot du gras environnant. Pensez à votre corps qui peine, à vos fidèles organes qui travaillent de jour comme de nuit, une vie entière. Il peut suffire de 5 ou 10 kilos de perdus pour réduire l'enserrement de votre corps. Allez, continuez, vous êtes sur la bonne voie, pensez à eux, partie de vous même.
Brusquement, mon ancienne enveloppe charnelle semble contenir une bombe, un cauchemar de Goya.
Pour autant, les organes nobles, très cher docteur, seront calmés quand J'ARRÊTERAI DE CLOPER.
Baisers d'une pine'up d'un total mauvais goût (faire un régime et fumer en plus, berque. Note qui va donc aller dans la catégorie "spé Depoil")
Rédigé à 19:02 dans spé Depoil | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)
En ces époques troublées, que valent les déclarations d'amour ? Comment accueille-t-on leurs manifestations bruyantes ?
Hier soir, j'ai passé une soirée Carla.
Je glisse sur le côté enrubané du documentaire, les lettres en italiques cucul pour désigner que Madame va en Afrique du Sud ou à l'ONU, pour m'attacher à l'essentiel : elle aime son mari, du moins le clame-t-elle haut et fort. Réaction d'Ingalls : "c'est insupportable". Je me tortille sur le canapé : serais-je une Carlagnangnan ? Ingalls doit-il disparaître de ce blog, l'amour triomphant pouvant se révéler une forme d'obscénité, d'indécence ? Ingalls, qui déteste tout étalage en dehors d'une stricte intimité, ne serait sans doute pas contre.
Qu'en pense ... Luc Ferry ? Que vient faire le dandy de la philo dans une telle problématique ?
Primo, il ne profère pas que des idioties (suis d'accord avec lui sur les pièges de l'éducation actuelle).
Deuxio, il sort un livre intitulé La révolution de l'amour, pour une spiritualité laïque (Plon)
Tertio, c'est son domaine, il en est à sa troisième ou quatrième union.
Tentons de résumer sa pensée : nous entrons dans une nouvelle ère, la toute puissance de l'amour et la revanche du sentiment ont définitivement changé notre rapport au monde. Pour faire court, "perdre un enfant au Moyen Age n'était pas très grave, pas plus que perdre un cheval ou un cochon. Jusqu'au XIXe siècle, 34 % des enfants étaient abandonnés, c'est à dire mis à mort". Arrive le mariage d'amour en Europe : "Avec lui sont apparus du même coup le divorce et... l'amour immense pour les enfants, totalement nouveau à l'échelle de l'Histoire. (...) Cette révolution nous conduit à un deuxième humanisme où l'humain devient la seule figure sacrée, la seule pour laquelle nous serions prêts à mourir."
Est-ce souhaitable, cette démocratie de l'émotion, fustigée par beaucoup de penseurs ? Pour Ferry, oui : "certains amis à droite sont dans la nostalgie du patriotisme des années 40, d'autres à gauche idéalisent le maoïsme de 68. Je dis au contraire que ces âneries mortifères ont fait le plus grand malheur de l'humanité. Qu'à la place, nous soyons prêts à risquer notre vie pour ceux que nous aimons me semble plutôt un facteur d'élargissement de l'esprit."
Comment alors affronter la mort de l'être cher : "le deuil n'est pas une pathologie, il est normal de souffrir quand on a perdu quelqu'un qu'on aime. Mais tant qu'il y a de l'amour dans la vie, quelle que soit sa forme -celui des enfants, des amis - cela justifie de continuer à vivre."
La sagesse de l'amour ? "elle oblige l'humanité à se réconcilier avec elle-même".
Et la politique ? cela fait-il renoncer à l'idéal de la "grande politique" ? "C'est le seul moyen de lui redonner du lustre ! C'est par le biais de la sphère privée qu'on pourra élargir l'horizon politique et le rendre moins égoïste. Et c'est la révolution que nous vivons actuellement."
Ergo, Ingalls ne quittera pas ce blog ; je vais même lui donner une légère coloration Cartland, très Depoil, très tendance...
Pour Carla, voir chez Caritate qui l'imite à la perfection :
Baisers de la pine'up aaaaaaamoooouuuuuureuuuuuuuse (ta gueule !)
ps : ne prenez pas tout au pied de la lettre, mais Dieu me tripote, Ferry m'a intriguée. Je crois, ce qui n'était pas du tout prévu, que je vais acheter son bouquin. Et à certains couples qui adorent s'engueuler en public : ça, c'est INSUPPORTABLE.
Rédigé à 16:36 dans Chose intime, Chose publique | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Il était une fois une pine'up qui commença un blog. Qui désespéra assez vite. Qui reçut un encouragement de Lui.
http://valeriepineau-valencienne.typepad.fr/mon_weblog/2010/02/depoil-un-homme-de-go%C3%BBt.html
Cet avatar devint amical et intriguant. Qui se cache derrière le Sieur Depoil
No sé, et quand lama pas content, lui toujours dire ainsi. Si je ne connais toujours pas celui que j'ai surnommé "mon frère Tergal" en hommage à nos traumatismes laineux 70, je l'ai lu : voici donc la tardive réponse de la bergère au berger.
L'encyclopédie du mauvais goût
publiée dans la collection "Hors collection" la bien nommée, est le fruit d'un défi de copains. J'ai trois ans de retard, le livre ayant très bien marché à sa sortie en 2007, de vénérables blogs l'ont vanté avant moi. Mais trois ans, ça se rattrape toujours, l'objet du délit n'étant pas passé par la case pilon. Hervé Depoil et François Quenouille
ont recensé pour nous, dans un essai aussi drôle que bien écrit, les multiples et odorantes essences du mauvais goût.
T'ention ! Livre qui ne se prend pas au sérieux mais qu'il faut lire à plusieurs niveaux (même - surtout ? - s'ils s'en défendent). Au premier degré on perd beaucoup. Au deuxième, on sourit. Au troisième, on éclate de rire. Depoil (je ne connais pas Quenouille qui m'ignore en dépit de mes nombreuses invitations FB, le saligaud) prétend avoir rédigé cet opus de façon objective, sans jugement de valeur aucun. Hervé, ne me prends pas pour un jambon !
On peut, après lecture, en déduire qu'il existe un mauvais goût salutaire versus un mauvais goût de perdition. Je retire de cette soirée poilante à le lire qu'Hervé a dû avoir le cœur brisé par une collectionneuse de Kinder surprise, dont le père possédait un manoir qui avait la forme d'un vagin.
Je suppose aussi qu'Hervé aime la BD cracra, les nains de jardin, a une tendresse pour le Heavy Metal et Michou mais qu'en revanche, si on pouvait éradiquer de la planète les communiants des grands messes footeuses ou la totalité des créations Vuitton, il serait heureux.
L'ouvrage se tient, et contrairement aux dires des auteurs, il contient une MORALE et une ÉCHELLE DE VALEURS.
La morale : il est des mauvais goûts suaves et d'autres, nauséabonds.
Les valeurs : mieux vaut admirer "laisse les gondoles à Venise"
que toutes les constructions dubaïotes. Plutôt se faire refaire les seins que les lèvres (tb passage que celui du Donaldum Hilarium qui frappe nos stars, surtout dans la chanson).
C'est vite résumé, mais y a de ça.
Je crois savoir, le mauvais goût étant inépuisable autant que salutaire, que les compère risquent de reprendre le chemin des promos. Mon souhait le plus cher : pouvoir les retrouver dans les salons du livre, sous leurs vrais noms cette fois (le coup des pseudos manque de courage, hem).
En conclusion, si François Quenouille pouvait m'offrir un de ses zizis sauteurs,
je le remercierai ainsi
Ce livre se lit, et c'est une force symbiotique, d'un seul jet - si je puis m'exprimer ainsi. Pensé à deux, construit à deux, écrit à deux, la voix qui s'en dégage est aussi harmonieuse que solidaire, en esprit comme en syntaxe.
Baisers d'une pine'up admirative à son chien rose anonyme.
ps : chaque semaine, vous retrouverez dans la nouvelle rubrique spé Depoil - il le mérite - les mauvais goûts INDISPENSABLES à ma nature enjouée.
pps : la première page ? Continuez !
Le mauvais goût est mystérieux : est-ce une maladie ou une preuve d'inculture? Utilisé comme repoussoir, a-t-il des effets thérapeutiques? Peut-on en guérir? Le dictionnaire donne cette définition du goût : "Faculté de discerner et d'apprécier le bon, le beau, les qualités et défauts d'une oeuvre."
Si le bon goût est à la portée de n'importe quel crétin friqué et bien conseillé, le mauvais goût est universel. N'importe qui - vous peut-être, nous, certainement - en est doté. Le plus souvent, on l'ignore. On croit même faire preuve d'un goût très sûr en posant sur la télé une gondole qui clignote, en achetant ses bagages chez Vuitton, en appréciant les disques de Richard Clayderman, en portant des T-shirts Von Dutch, en dépensant des milliers d'euros à personnaliser notre bagnole façon tuning ou en aimant les films produits ou signés par Luc Besson. Ce n'est qu'en croisant le regard averti et moqueur d'un détenteur du Bon Goût Universel que l'on est pris d'un doute affreux.
Rédigé à 02:17 dans Livres, spé Depoil | Lien permanent | Commentaires (7) | TrackBack (0)
Une partie de l'enfance s'effiloche doucement avec le décès de Bernard Schwartz, alias Tony Curtis, alias Danny Wilde.
Tony Curtis, c'était pour moi des après-midi entiers à regarder Amicalement votre tassée contre les cousines devant la télé du weekend, et mater, l'œil rond, les farandoles de deux richards aux jeux de mots éculés, habillés comme des blaireaux friqués, conduisant des voitures superbes et dansant le jerk sur de la musique pop. Birenbaum en a twitté une parodie là
http://www.blogitexpress.com/twitt/19899/80448
Deux choses me font marrer dans cette parodie : un commentaire pas franchement à droite qui dit "regretter les originaux", c'est à dire regretter des milliardaires non imposables, et le fait que Curtis partage au moins deux choses avec Sarko : les origines judéo-hongroises et les yeux clairs.
Mais Bernie Schwartz mérite mieux qu'un clin d'œil à cette sympathique série.
Mini-biographie : il a vécu gamin dans un quartier pauvre de NY, entre des parents qui se déchiraient en permanence. Il y a les souffrances des enfants de divorcés, il y a aussi celles des enfants qui vivent dans les hurlements. Bernie étouffe, apprend l'école de la rue, être souple à défaut de costaud, ruser pour ne pas se faire avoir. Il s'engage dans les marines dès qu'il le peut. Remarqué après guerre par Siodmak, il est longtemps un jeune acteur prometteur. Le succès des Vikings le propulse star, Tony Curtis est né. Sa grande époque : la fin des années 50, avec Certains l'aiment chaud (Wilder) et L'extravagant mister Cory (Edwards). Il se marie cinq ou six fois, voltige de nanas en nanas d'où la justesse de Libé qualifiant cet acrobate ironique d"'hétéro-folle".
Pas faux. Le domaine de prédilection de Curtis est l'ambiguïté, une ambiguïté virevoltante, dansante, à l'image de ses cheveux en banane et de son regard malin.
Curtis n'a pas eu de chance : les rôles qui auraient fait son bonheur ont été pris par ses copains Jack Lemmon, Kirk Douglas et Burt Lancaster. C'est Douglas qui récolte le rôle de journaliste rapace dans Le gouffre aux chimères (Wilder). Et Lancaster celui d'Elmer Gantry le charlatan (Brooks), autre film qui était à la merci d'un Curtis. Billy Wilder, un réalisateur fait pour Curtis, ne voit que Lemmon, au détriment de la filmographie de notre héros.
Heureusement il y eut Blake Edwards, grand ami de Tony qui lui donne le rôle de Mister Cory.
C'est le meilleur film de l'acteur. Il peut y exprimer son arrivisme libertin, sa drôlerie angoissée , sa souplesse de félin.
S'il y a un film à voir avec Tony en majesté, c'est celui-là.
Pour le reste, Tony avait publié un dernier livre d'entretiens, Certains l'aiment chaud et Marilyn, pas exceptionnel mais intéressant dans sa description du tournage d'un film. Un bouquin pour cinéphiles. Sa conception du travail d'acteur : connaitre son texte. Point barre. Tony se foutait des théories de l'actor's studio ; pas le genre à prendre 50 kilos pour un film, pas le style Pacino/De Niro, l'ami Tony.
Il avait pour lui un jeu physique, style Belmondo avant l'heure, une grande bouche insolente, un regard couleur piscine hollywoodienne et un très bon sens de l'observation.
Il a été sous-employé et il a dû en souffrir, le Rastignac de Bel Air.
Mais il n'en disait rien.
Un autre est mort, un grand physicien de chez nous. Ayant toujours eu comme appréciation en physique "travaille beaucoup mais ne comprend rien", je bascule ici
Baisers amicalement pine'up et toutes mes condoléances à Jamie Lee
Rédigé à 13:46 dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)