En ces époques troublées, que valent les déclarations d'amour ? Comment accueille-t-on leurs manifestations bruyantes ?
Hier soir, j'ai passé une soirée Carla.
Je glisse sur le côté enrubané du documentaire, les lettres en italiques cucul pour désigner que Madame va en Afrique du Sud ou à l'ONU, pour m'attacher à l'essentiel : elle aime son mari, du moins le clame-t-elle haut et fort. Réaction d'Ingalls : "c'est insupportable". Je me tortille sur le canapé : serais-je une Carlagnangnan ? Ingalls doit-il disparaître de ce blog, l'amour triomphant pouvant se révéler une forme d'obscénité, d'indécence ? Ingalls, qui déteste tout étalage en dehors d'une stricte intimité, ne serait sans doute pas contre.
Qu'en pense ... Luc Ferry ? Que vient faire le dandy de la philo dans une telle problématique ?
Primo, il ne profère pas que des idioties (suis d'accord avec lui sur les pièges de l'éducation actuelle).
Deuxio, il sort un livre intitulé La révolution de l'amour, pour une spiritualité laïque (Plon)
Tertio, c'est son domaine, il en est à sa troisième ou quatrième union.
Tentons de résumer sa pensée : nous entrons dans une nouvelle ère, la toute puissance de l'amour et la revanche du sentiment ont définitivement changé notre rapport au monde. Pour faire court, "perdre un enfant au Moyen Age n'était pas très grave, pas plus que perdre un cheval ou un cochon. Jusqu'au XIXe siècle, 34 % des enfants étaient abandonnés, c'est à dire mis à mort". Arrive le mariage d'amour en Europe : "Avec lui sont apparus du même coup le divorce et... l'amour immense pour les enfants, totalement nouveau à l'échelle de l'Histoire. (...) Cette révolution nous conduit à un deuxième humanisme où l'humain devient la seule figure sacrée, la seule pour laquelle nous serions prêts à mourir."
Est-ce souhaitable, cette démocratie de l'émotion, fustigée par beaucoup de penseurs ? Pour Ferry, oui : "certains amis à droite sont dans la nostalgie du patriotisme des années 40, d'autres à gauche idéalisent le maoïsme de 68. Je dis au contraire que ces âneries mortifères ont fait le plus grand malheur de l'humanité. Qu'à la place, nous soyons prêts à risquer notre vie pour ceux que nous aimons me semble plutôt un facteur d'élargissement de l'esprit."
Comment alors affronter la mort de l'être cher : "le deuil n'est pas une pathologie, il est normal de souffrir quand on a perdu quelqu'un qu'on aime. Mais tant qu'il y a de l'amour dans la vie, quelle que soit sa forme -celui des enfants, des amis - cela justifie de continuer à vivre."
La sagesse de l'amour ? "elle oblige l'humanité à se réconcilier avec elle-même".
Et la politique ? cela fait-il renoncer à l'idéal de la "grande politique" ? "C'est le seul moyen de lui redonner du lustre ! C'est par le biais de la sphère privée qu'on pourra élargir l'horizon politique et le rendre moins égoïste. Et c'est la révolution que nous vivons actuellement."
Ergo, Ingalls ne quittera pas ce blog ; je vais même lui donner une légère coloration Cartland, très Depoil, très tendance...
Pour Carla, voir chez Caritate qui l'imite à la perfection :
Baisers de la pine'up aaaaaaamoooouuuuuureuuuuuuuse (ta gueule !)
ps : ne prenez pas tout au pied de la lettre, mais Dieu me tripote, Ferry m'a intriguée. Je crois, ce qui n'était pas du tout prévu, que je vais acheter son bouquin. Et à certains couples qui adorent s'engueuler en public : ça, c'est INSUPPORTABLE.
Qu'y a-t-il de plus beau que d'aimer ? Ma devise est : "Le destin de l'homme est d'être libre. Etre libre, c'est servir par les forces de l'amour." D'où mon pseudo qui, à l'origine était : Ab Caritate Libertas, qui s'est simplifié avant de prendre une connotation un peu coquine...
Rédigé par : Caritate | 04 octobre 2010 à 16:54
Caritate libertine, c'est le plus troublant des pseudos !
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 04 octobre 2010 à 17:03