Une partie de l'enfance s'effiloche doucement avec le décès de Bernard Schwartz, alias Tony Curtis, alias Danny Wilde.
Tony Curtis, c'était pour moi des après-midi entiers à regarder Amicalement votre tassée contre les cousines devant la télé du weekend, et mater, l'œil rond, les farandoles de deux richards aux jeux de mots éculés, habillés comme des blaireaux friqués, conduisant des voitures superbes et dansant le jerk sur de la musique pop. Birenbaum en a twitté une parodie là
http://www.blogitexpress.com/twitt/19899/80448
Deux choses me font marrer dans cette parodie : un commentaire pas franchement à droite qui dit "regretter les originaux", c'est à dire regretter des milliardaires non imposables, et le fait que Curtis partage au moins deux choses avec Sarko : les origines judéo-hongroises et les yeux clairs.
Mais Bernie Schwartz mérite mieux qu'un clin d'œil à cette sympathique série.
Mini-biographie : il a vécu gamin dans un quartier pauvre de NY, entre des parents qui se déchiraient en permanence. Il y a les souffrances des enfants de divorcés, il y a aussi celles des enfants qui vivent dans les hurlements. Bernie étouffe, apprend l'école de la rue, être souple à défaut de costaud, ruser pour ne pas se faire avoir. Il s'engage dans les marines dès qu'il le peut. Remarqué après guerre par Siodmak, il est longtemps un jeune acteur prometteur. Le succès des Vikings le propulse star, Tony Curtis est né. Sa grande époque : la fin des années 50, avec Certains l'aiment chaud (Wilder) et L'extravagant mister Cory (Edwards). Il se marie cinq ou six fois, voltige de nanas en nanas d'où la justesse de Libé qualifiant cet acrobate ironique d"'hétéro-folle".
Pas faux. Le domaine de prédilection de Curtis est l'ambiguïté, une ambiguïté virevoltante, dansante, à l'image de ses cheveux en banane et de son regard malin.
Curtis n'a pas eu de chance : les rôles qui auraient fait son bonheur ont été pris par ses copains Jack Lemmon, Kirk Douglas et Burt Lancaster. C'est Douglas qui récolte le rôle de journaliste rapace dans Le gouffre aux chimères (Wilder). Et Lancaster celui d'Elmer Gantry le charlatan (Brooks), autre film qui était à la merci d'un Curtis. Billy Wilder, un réalisateur fait pour Curtis, ne voit que Lemmon, au détriment de la filmographie de notre héros.
Heureusement il y eut Blake Edwards, grand ami de Tony qui lui donne le rôle de Mister Cory.
C'est le meilleur film de l'acteur. Il peut y exprimer son arrivisme libertin, sa drôlerie angoissée , sa souplesse de félin.
S'il y a un film à voir avec Tony en majesté, c'est celui-là.
Pour le reste, Tony avait publié un dernier livre d'entretiens, Certains l'aiment chaud et Marilyn, pas exceptionnel mais intéressant dans sa description du tournage d'un film. Un bouquin pour cinéphiles. Sa conception du travail d'acteur : connaitre son texte. Point barre. Tony se foutait des théories de l'actor's studio ; pas le genre à prendre 50 kilos pour un film, pas le style Pacino/De Niro, l'ami Tony.
Il avait pour lui un jeu physique, style Belmondo avant l'heure, une grande bouche insolente, un regard couleur piscine hollywoodienne et un très bon sens de l'observation.
Il a été sous-employé et il a dû en souffrir, le Rastignac de Bel Air.
Mais il n'en disait rien.
Un autre est mort, un grand physicien de chez nous. Ayant toujours eu comme appréciation en physique "travaille beaucoup mais ne comprend rien", je bascule ici
Baisers amicalement pine'up et toutes mes condoléances à Jamie Lee
Un peintre talentueux, aussi !
J'espère que Jamie Lee se sera rapprochée de lui dans ses derniers moments, pour lui et pour elle.
Rédigé par : Caritate | 01 octobre 2010 à 18:42
Pour ses talents de peintre... pour moi, très bof. Quant à ses relations avec ses enfants, j'arrive pas du tout, mais alors PAS DU TOUT à l'imaginer en père de famille
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 01 octobre 2010 à 18:44
Pardon, c'est encore moi... Je constate que la mort d'un immense réalisateur américain, Arthur Penn, est restée sous silence, entre celle des deux monstres Curtis et Charpak. C'est un peu dommage, mais je ne me sens pas le talent de faire sa nécro.
Rédigé par : Caritate | 01 octobre 2010 à 18:52
Alors là, je laisse la main ! au risque de choquer, Bonny and Clyde m'emmerde...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 01 octobre 2010 à 19:06
Pouf pouf : je retire en partie ce que j'ai dit, à savoir, si "Bonnie and Clyde" est surpassé par le fabuleux "Gun Crazy" de Joseph H. Lewis, Arthur Penn a réalisé un film que j'adore : Georgia. Une merveille.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 01 octobre 2010 à 19:36
Tu vois, il faut tourner sept fois sa souris dans sa main avant de faire "envoyer" !!!
Rédigé par : Caritate | 01 octobre 2010 à 19:54
La nouvelle pine'up est un peu fusée inconséquente !
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 01 octobre 2010 à 20:02
J'ai bien appréci Toy Curtis: surtout le film avec Cary Grant "Operation Petticoat (1959)" il est génial! tout comme la série "Amicalement votre". Dommage. Heureusement que les DVD existent pour le voir et revoir.
Bonne soirée
Rédigé par : Helene | 01 octobre 2010 à 20:06
Hélène, un spé "amicalement votre" ce soir sur parispremière. Pour l'extravagant mister Cory, DVD hélas indisponible
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 01 octobre 2010 à 20:13
Merci pour l'indication, mais ma télé ne sert plus que pour visionner les DVD et VHS. Puis en Allemagne, il est plus facile avoir les chaines de la télé russe que de la télé française par câble(à part Arte en allemand) et avec la parabole on ne capte pas le satellite français (mais je peux avoir du turc, de l'anglais ou du russe).Du coup, j'ai viré tout ca et j'économise les frais pour le câble et paye la redevance afin de voir mes DVD. En allemand, les deux existent sur DVD.
Bon samedi
Rédigé par : Helene | 02 octobre 2010 à 13:01