S'il y a un mot qui me dégoûte, c'est bien celui de "vindicte".
La vindicte, c'est toute forme de dénonciation publique, qui prolifère désormais via internet. Dernière en date : "un père va danser et oublie sa fillette de 5 ans dans sa voiture, sur un parking de boîte de nuit. On retrouve la fillette pleurant dans le froid à 3h du matin. Des témoins alertent les gendarmes. Le père, retrouvé dans l'établissement, trop ivre pour conduire, est mis en cellule de dégrisement". PAF ! Ce fut la une de ma page d'accueil hier. Hurlements d'Ingalls : "quel malade ! On devrait lui retirer l'autorité paternelle! et même, dévoiler son nom aux infos".
Les infos, parlons-en : dans la soirée, à la grand-messe, elles ont apporté des précisions non négligeables. A savoir : un homme de 36 ans, qui avait des soucis personnels, séparé de sa compagne (c'est vrai, ça, où est la mère ?) a emmené avec lui sa fillette et l'a laissée dans la voiture tandis qu'il voulait se changer les idées avec des amis dans un dancing. Il avait la garde de sa petite fille (pour qu'un père ait la garde d'une enfant aussi jeune, la mère doit être dans un état...). Il revenait toutes les demi-heures à son véhicule, pour vérifier comment allait l'enfant. La petite est sortie de la voiture et s'est mise à pleurer, après une attente de 2 heures. Des témoins se sont émus, on a cherché le père dans la boîte et constaté qu'il était trop éméché pour conduire. Cellule de dégrisement et procès pour le père. Hospitalisation pour vérifier qu'il n'y a pas d'hypothermie puis placement dans une famille pour l'enfant (où est la mère ???).
Et le pays entier de s'indigner dans un bel élan contre cet irresponsable.
Oui, c'est honteux. Oui, ce type a fait n'importe quoi.
Mais avoir fait une fois n'importe quoi fait-il de vous, à vie, un mauvais parent?
Jusqu'où est-on un mauvais parent ? S'indigne-t-on de la même façon d'un père ou d'une mère qui dit toute la sainte journée à ses enfants que son conjoint (père ou mère) est un(e) salaud(ope) de la pire espèce, un(e) connard(aude), un(e) abruti(e)? Il y a mille manières de détruire un enfant. Les plus insidieuses sont à mon sens les pires. Mais on n'en parle pas. En tout cas, pas à la une du net.
Et au journaliste qui sort un opus de moralisation politique : occupe-toi d'abord de ta famille, selon mes sources (sûres ?), elle est mal en point.
Baisers de la pine'up très : que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre...