Vrai. Suis une hystéro de la couleur. La coupe des fringues, je m'en fiche un peu. Mais les mariages de couleurs moches, bleuah! La couleur la plus dure à marier? je dirais le noir. En été je la joue soft, mais dès que les jours raccourcissent je suis prise d'une frénésie arc-en-ciel. Mes hivers sont en technicolor. Nuancier à retenir : J'ai des palanquées de tee-shirts indigo et un futal hors d'âge olive dans lequel je ne rentre plus. Mission : rechercher l'olive. A première vue, fadoche. Mais en errant cet aprèm au centre commercial j'ai vu du kaki, du vert anglais mais foin d'olive. Maigrir, une solution?
Deuxième panoplie : Un jean moutarde! Je salive... Là encore j'ai vu des pantalons caca clair, caca très clair mais pas de vrais futals moutarde.
Troisième option : Cacao... on va essayer... un jean ovomaltine ça me tente
Baisers de la pine'up qui a hésité ds le bus à dire à sa voisine: "pas de pull violet avec du beige, no no no"
Il n' y pas une colline, ou sept collines, ou douze ou... Il y en a plus de quarante! SF est épuisante. Pas question de l'arpenter en talons hauts, pas question de bien se saper: la ville est froide, fouettée par un vent sec. Mais comment faisait Kim Novak???
SF est aussi magique qu'éprouvante. Encore plus mélancolique que magnifique. Magnétique. SF est studieuse, pas étonnant qu'elle soit à 30% asiatique. Ce n'est pas une folle comme LA, c'est une vraie endurante, faite pour le dragon chinois qui se l'approprie sans bruit. SF est consciente de sa beauté: elle l'entretient à coup de bio, de sacs écolo, de tee-shirts en bambou et de yoga.
On la croit européenne, elle reste américaine par son ampleur, ses 4 voies qui bordent les maisons victoriennes (il y en a trop pour les adorer toutes). On la veut tolérante, elle est dure: le quartier du shopping - l'énorme et angoissant downtown- jouxte celui des SDF. L'ancien hippieland fait des mamours à sa voisine Pacific Heights (le Neuilly local).
Ce qu'il y a de plus beau à SF : le site. Plus encore que l'archi. L'océan omniprésent, les forêts environnantes, les maisons posées sur des mamelons géants...
Et les vins, me direz-vous? la fameuse Napa Valley? Alors là, net avantage à notre beau pays! vin blanc meilleur que le rouge, mais ils sont tous calibrés sur le même modèle. Plus sucrés que les nôtres et un chouïa pétillants.
Chouettes souvenirs : danser avec Betty dans sa boutique d'Union street (Bless you, darling and don't forget : "je suis chaude" c'est pas pareil que"j'ai chaud"), picoler avec Sheila et Marc, retraités du Wisconsin, avaler des crab cakes en famille, greloter dans le cable-car, et marcher, marcher, marcher...
Oh, et puis un oscar à nos ados: ils ont compris qu'on pouvait massacrer la langue américaine, pas grave car quand on parle anglais, même mal, les Américains en sont reconnaissants et non jugeants. Can you be more specific, valeuwiiii?
Baisers de la pine'up qui est retournée prendre le pouls du bel esprit lutécien Dans qq temps, je dévoilerai mes trésors au long cours (le shopping fut fructueux). Bye bye!
Arrivés à San Francisco, on n'avait plus la notion des jours... Il nous en restait combien avant de rentrer au pays ? 6. Et on avait encore 2 jours de bagnole, après quoi on rendait la Nissan burgundy. Ma préférence va à un modèle -peu importe la marque - qu'on croise souvent sur les routes: le pick up. Il me donnerait presque envie de réapprendre à conduire (monte ds mon pick up, beau gosse).
Dans la série distribution de bons points, que c'est cool de conduire aux USA! La vitesse est pépère, pas de stress, pas de brouhahas de klaxons ou de dingues qui vous collent à l'italienne, on s'arrête pour laisser traverser l'imprudent piéton, on sourit, on n'insulte personne... le rêve
Je vous fais languir, hein? Mais c'est vrai que quand on voit ÇA, le cœur s'arrête C'est le problème des lieux trop photographiés : ils restent plus beaux en vrai qu'en images (Manhattan et Golden Gate = posters à fuir). Pour SF en détail, j'attends encore un peu, aujourd'hui, cap sur le nord de la baie : on franchit la porte d'or pour aller déjeuner en face au charmant village de Sausalito. Sausalito, haut lieu d'une communauté hippie ds les années 70, laisse entendre que la contre-culture avait très bon goût (site exceptionnel) et qu'elle a bien retourné sa veste quand elle a réalisé que celle-ci était doublée de vison. A présent, c'est un village supra luxueux sans arôme de patchouli, sans macramé, sans lits en cuivre, sans murs lavande ou magenta, sans lampes style girolles néo 1900, sans pots de plantes vertes s'accrochant au plafond - bref sans trace des seventies (et c'est pas plus mal si vous voulez mon avis esthétique - petite pensée à ma grand-mère). Photos des maisons les plus belles et de la vue...
(ça c'est SF dans la brume, en face)
et enfin, les "house boats" qui se tiennent un peu à l'écart, véritables maisons sur l'eau rivalisant d'imagination Ma préférée est le chalet flottant.
Une cinquantaine de kilomètres plus tard, vers le nord, on déboule dans le parc national de Muir Woods... Le séquoia n'est pas un très bel arbre - tronc gras, branches courtes -, mais quand il est géant, il est inoubliable.
Baisers de la pine'up qui ne s'est pas baignée à Stinson beach... Car si le climat de LA est doux, celui de SF est scandinave : au soleil, on cuit et on gèle, à l'ombre, on claque des dents et on gèle.
J'accélère. La route 1, la magnifique qui relie LA à SF. 900 km et tous les paysages se chevauchent.
Ville spécial coup de cœur : Santa Barbara. Une riviera de jeunes - la ville a de belles universités. Bonne atmosphère, impression d'endroit avec une vraie mixité, restaus pas chers et brocante très abordable (patron sympa). Antique Alley est une super adresse! Je n'aurai pas le même engouement pour les boutiques pseudo hippies de SF: elles sont pour la plupart affreuses et surtout hors de prix. Certainement naïf et idéaliste comme constat, mais c'est le seul endroit que nous avons traversé où les sans abri semblent intégrés à la population.
Le soir, la plage pour nous seuls. Ville préférée de Colette, qui possède un tb instinct de bonheur.
Aller dîner sur le port, dans un restau de surfeurs: bonne ambiance garantie.Ville qui n'a rien à voir avec le feuilleton du même nom. Architecture espagnole, pubs irlandais. Une belle étape avant la grimpette de Big Sur.
A 100 km au nord de Santa Barbara, les dernières collines de San Simeon sont les plus majestueuses avant la montagne. Pendant 500 bornes, on va être tous muets, matés par la splendeur du paysage Les photos paraissent miteuses, mais imaginez des nappes de brouillard, de hautes montagnes bordant l'océan sur 400 bornes - une Corse montée sur échasses. Big Sur est sauvage, polaire, très peu habité. A la fin pourtant, on n'en pouvait plus. La plus grosse journée de route avant d'arriver à Monterey.
Monterey-Carmel, encore une autre ambiance: c'est un endroit de milliardaires qui ne veulent pas qu'on les embête. Très chic. Pas ostentatoire. Un peu lugubre. Des golfs partout. De très belles plages. Familles sapées Ralph Lauren. On cherche en vain une bonne vulgarité rigolote. Mais après Santa Barbara, celle-ci disparait (hélas). On peut se passer de la visite de l'aquarium de Monterey (un must dixit le routard, ouais, bon) pas de la route (payante) de 17 mile drive. Baisers de la pine'up qui attaquera demain San Francisco et la fin de sa california saga... Un beach boys pour la route, Ingalls?
J'avais été intriguée par un constat en atterrissant à Los Angeles : cette ville côtière regorge de pavillons avec piscines. C'est en allant me promener à Santa Monica que j'ai compris pourquoi: l'océan Pacifique est glacial. A bien des égards, la plage principale de cette extension de la cité des anges ressemble à une villégiature du Nord: jetée avec attractions foraines immensité des lieux falaises... Adieu Beach boys, adieu Pamela Anderson... risquer un orteil dans la flotte fait littéralement frissonner. Les courants froids de l'Alaska se propagent jusqu'à Malibu, pas étonnant que les stars partent en vacances au Mexique. La plage, au sens où nous l'entendons, n'existe pas en Californie. Il n' y a pas de marchands de pralines, pas de vraies baignades - ou bien peu -, pas de seaux, pas de pelles en plastique, pas de châteaux ni de trous dans le sable fin. Les gens viennent marcher le long des baies, faire du cheval au lever du jour, surfer en combi, se goinfrer tranquille ou faire la sieste. La plage ouest-américaine, c'est sport ou dodo. Elle n'est émaillée d'aucuns jeux anodins. Ce qu'elle perd en poésie du quotidien, elle le rattrape par une échelle de perspectives détraquées: tout est plus fort qu'ailleurs, ici. Les vagues. L'amplitude des collines qui décorent l'arrière pays. Le bleu du ciel. Les palmiers carnavalesques.
Le quartier central est non fumeur, ce que j'ignorais. Un charmant monsieur m'a signifié que j'étais en tort, avec un gentil sourire, et m'a indiqué une rue voisine où je pouvais m'empoisonner en toute tranquillité. Il m'a même offert un mini-cendrier de poche. J'ai balbutié un :"Excusez-moi suis pas du coin", j'ai empoché le cendrier puis j'ai regardé ma clope avec dégout. En Californie, seuls les clodos fument. Et certains touristes. Jamais je n'ai réalisé avec autant d'acuité combien je sentais mauvais avec mes fringues imprégnées de tabac. Je me suis brusquement sentie minable. Crade. Et ce vieux monsieur des services municipaux qui ne me jugeait pas, qui m'avait indiqué un coin fumeur avec courtoisie (le Californien est spontané, poli et souriant)...
Baisers de la pine'up qui a gardé sa mini urne pour tenter de se débarrasser de son vice
Se balader une dernière fois sur le remblai avant de revenir à Hollywood...
Et embrasser son mari nul en anglais mais conducteur émérite!
Le jet lag n'a pas épargné Ingalls qui a passé les trois jours à LA dans un état second. Nos deux ados ont un peu mieux résisté. Quant à moi, dès 6 h du matin je partais explorer la ville. Marcher sur les étoiles du Hollywood boulevard. A cette heure, on croise quelques touristes déphasés ou des sans-abri qui vous tapent une clope et trimballent des caddies bourrés de détritus. Les boutiques de souvenirs vendent des simili oscars, des perruques marilyn, des costards lamés. Mais elles ne sont pas encore ouvertes. Ah si, les "pharmacies" le sont. Pharmacy, mon lieu US de prédilection... rimmel, journal du jour, cigarettes, couches pour bébés, dentifrice, cahiers de classe, diet coke, vitamines, antalgiques, chaussettes, crèmes pour le corps, sandwiches géants, débouche chiottes... la pharmacy, appelée drugstore chez nous, a tout. (By the way le mascara lash effect de Max Factor ne se vend plus -la marque a fait faillite-, je me suis rabattue sur le Gemey Maybelline, un des meilleurs qui soit.)
J'ai passé des moments de solitude heureuse à jouer à la marelle sur les étoiles de Hollywood bvd. L'hôtel était situé en face de celle d'Andy Garcia, pas loin de Julio Iglesias et d'Ernst Lubitsch. Si certaines plaques me lèvent le coeur (Donald Trump a son étoile, vrai!), d'autres me réjouissent Je ne le répéterai jamais assez, Ida Lupino était une actrice-réalisatrice exceptionnelle! regardez Outrage, si vous tombez un jour sur ce trésor.
Je jetai un œil sur les magazines, les titres des "Voici" locaux: Jennifer Aniston avec son nouveau fiancé à Hawai (est-elle enceinte?) revenait en boucle, princesse next door de l'Amérique. Côté US Today (l'équivalent d'Aujourd'hui), on ne parlait que d'austérité.
A l'hôtel, un monument années 30 à la piscine à l'ambiance 70, le service était roi : sourires à tous les étages (thanks, Rocco), murs résonnant des frasques Monroe, restau du petit déj avec musique 60 à fond... On y trouve une faune bizarre, des acteurs, des musiciens... Une ambiance Chelsea Hotel (vitres crades, moquette douteuse) plus luxe d'un endroit vraiment à part. A Fred : J'ai croisé DEXTER!!!
Baisers de la pine'up qui aime les assiettes de fruits frais du 25° (et sa musique) pps : quand la Californienne est belle, elle est TRES BELLE. Idem pour les messieurs
Dernier ajout : aller visiter les studios d'Universal a tout d'une plongée dans un parc d'attraction dédié au cinéma. N'empêche, parc ou pas, la notion d'entertainment est archi pro. Tiens, les maisons de Wisteria Lane! Tiens, le décors des dents de la mer ! Oh! un ouragan ! Oh! une perruche!
J'ai pensé à vous tous dans l'avion, j'ai commencé Les piliers de la terre puis j'ai regardé les côtes du Groenland... Je me suis endormie aux abords du Canada pour me réveiller au dessus du Montana. J'ai contemplé chaque plaine, chaque lac, chaque montagne. Si près du but. Tellement excitée que je ne pouvais plus rien faire sinon rester le nez collé au hublot.
L'avion a enfin viré de bord après Las Vegas pour plonger sur une ville sans fin. Nous étions arrivés. J'avais exploré tous les guides touristiques afin d'empoigner la ville le plus vite possible. je m'étais attendue aux palmiers géants, à la pollution et à l'immensité du lieu; il ne m'a pas déçue.
Contre toute attente - on m'avait dit que Los Angeles n'était pas une belle ville - j'ai adoré cet endroit. Il me fascine par sa folie dynamique. Los Angeles est une ville sans ABF (architectes des bâtiments de France, une sale engeance) et c'est tant mieux. Pas de règles de construction sinon le plan classique orthonormé, le quadrillage systématique des travées. Pour le reste, chacun semble faire ce qu'il veut: un paradis pour designer, un rêve de romancière. On a roulé, ahuris et ravis sur les autoroutes et les boulevards de la ville avant de rejoindre l'hôtel. Imaginez une gigantesque ville-plaine enchâssée entre l'océan et les canyons, à la lumière dorée, tamisée par une pollution doucereuse... au bout d'une vingtaine de minutes, Hollywood surgit, les collines se rapprochent, vous avez traversé des endroits presque familiers pour les avoir déjà vus sur des pochettes de disques ou dans des films. Cet éclairage jaune, cette végétation télégénique, ces pâtés de maisons disparates, hideuses, médiocres ou sublimes... C'est ce qui frappe de Los Angeles à San Francisco: il n'y a aucune unité architecturale en Californie. Plus exactement l'architecture donne le tempo des habitants tels qu'ils sont, non une fausse idée de ce qu'ils devraient être. Au final, la bicoque ne dénature pas le palais qu'elle côtoie. La hacienda s'intègre près du faux manoir Tudor, le carré de verre sourit à son voisin saloon. Vous voulez une maison en forme de chien ? Et pourquoi pas? Le décors est planté, ce pays a inventé ses conventions qui font un fantastique bras d'honneur à nos normes françaises. Imaginez la tête des caciques des bâtiments historiques si vous vouliez construire une maison schtroumpf dans votre village... Au véto cartésien ici on répond OK.
Ce foisonnement vulgos/superbe ne dénature rien. Au contraire. Une incroyable impression de vie jaillit des disparités criantes. On construit vite, on casse, on refait, tout part de l'idée d'une ville - la technique suit l'urbanisme, contrairement à chez nous où elle le précède. Ici on trace les rue au cordeau. Puis on érige. Chez nous, on étudie le terrain, on crée des lacis de rues selon les pentes...
Des maisons OVNI dégueulent des canyons enserrant Hollywood, jusqu'au vertige. La ville de l'illusion est bien la reine du cinéma: elle est son terrain amoureux.
Baisers de la pine'up qui vous parlera demain des habitants, des parcs d'attractions et d'une certaine soirée Dexter
C'était trop beau. A la hauteur de ce que j'imaginais enfant. Désorientée je suis. Désorientée surtout car à peine de retour à l'est j'ai perdu mon Nord: hier soir - j'étais encore à San Francisco - j'ai appris la mort de ma grand-mère. Cette série sur la Californie lui sera personnellement dédiée.
C'est elle qui m'a fait découvrir le cinéma hollywoodien. Elle, l'Austère à la gauche de la gauche, ne croyait qu'à l'illusion sophistiquée. Elle, qui m'a obligée à regarder tous les films de Gary Cooper et avait pour idéal féminin Greta Garbo. Aurait-elle aimé la Californie? A sa façon, très certainement. Elle y aurait trouvé son Mythe de la Caverne. 90 ans. Je savais en partant que je ne la reverrais plus.Elle n'était pas malade, épuisée, plutôt. Elle est partie tranquillement, tel un mince fêtu de paille qui n'avait plus la colère en elle pour se maintenir. Sa sérénité récemment trouvée signait son départ de la vie.
Mémoire des confiseries du Nord qu'elle préparait pour nous, de l'odeur du caramel chaud et des noix dans son appartement versaillais, de sa façon inquiète à guetter notre arrivée, vigie en évidence à la fenêtre de son deuxième étage. Appartement solitaire, mémoire de sa vie avant qu'elle n'aille finir ses jours à la maison de retraite de Kertrouduc.
Elle aimait le vélo, faute de savoir conduire. Elle aimait marcher. Elle détestait vivre seule, et pourtant elle a été veuve à 50 ans. Elle écrivait très bien et lisait finement. C'était une bête de mots croisés - bref, elle m'a transmis ses petits plaisirs ; le cinéma, la lecture, les mots croisés (Scipion, Favallelli et Laclos).
Elle était très nerveuse. Rarement heureuse, sauf ces derniers temps - elle savait qu'en atteignant la dernière décennie avant le siècle elle ne tiendrait plus très longtemps. Elle savait en me disant au revoir fin juillet que c'était notre ultime moment.
- Laissez-moi vous regarder encore, ma petite chérie...
Elle ne voyait pourtant plus grand-chose, mais elle continuait à vouvoyer ses petits-enfants. Ce n'était pas un snobisme de langage ni une posture. C'était, disait-elle, sa façon de respecter la jeunesse (elle a toujours tutoyé ses propres enfants).
Elle était drôle sans le vouloir - mimi riait peu. Son sens critique, terrifiant pour certains, me faisait plutôt rire. Elle était rêveuse, très sentimentale sous sa stricte écorce. C'est ce que j'ai le plus adoré chez elle : son romantisme sombre, sa fragile capacité à contrer ses dépressions constantes en s'émerveillant devant Les tuniques écarlates ou Camille. Je lui offrais souvent de vieilles photos de stars, celles qu'elle aimait le plus. Mais ce qu'elle a toujours gardé, le cadeau qu'elle a bizarrement préféré de ma part a été un bouquet de pivoines artificielles. Elle trouvait génial que ces fleurs soient immortelles.
Elle n'aimait pas la vie - sauf celle recréée par la Fox, Paramount, Warner ou MGM époque 30/40/50. Elle se trouvait affreuse alors qu'elle était si jolie. "Jolie ? Moi? Vous êtes trop gentille, ma petite chérie... Ce n'est pas vrai mais... Ah, je vous aime tant"
Elle détestait les bêtes - surtout les chiens -, et possédait une exigence esthétique aussi démesurée que subjective. Cet esthétique est sans doute ce qui nous opposait. Mimi ne jurait que par les allures de minceur tandis que ces critères me collent le bourdon. Elle était capable d'appeler ma soeur pour lui dire:
- Elle ne m'écoute pas... mais dites bien à Valé qu'elle DOIT MAIGRIR ! Vous, elle vous écoutera...
Dieu que ces injonctions m'ont exaspérée... Pour finir par m'attendrir. Un jour, je lui ai dit : "Mimi, tu vois trop la vie à travers une image de beauté qui m'angoisse". Elle a souri : "Sans doute. Pardonnez-moi."
Oublions les polémiques, les sujets qui fâchent. Recréons donc pour elle un cinéma de minuit.
Sur ton nuage au paradis, bien sur il y a grand-père Alain, ton unique amour.Le seul qui fut capable de te faire rire. Mais, sans doute pour t'éprouver un peu, je t'adjoins en nuages voisins John Wayne Clark Gable Jimmy Stewart Jean Gabin et l'insurpassable Cooper
Tu seras bien gardée
Adieu, chère Mimi adorée, que Dieu continue à te faire rêver.
Antibiotiques? c'est bon. Antalgiques? ok. Anxiolytiques? yes. Nicorette? aussi.
Lunettes de soleil, portable, chargeur, adaptateur amerloque, culotte(S), maillots(S), chapeau de paille d'Italie, 3 tee-shirts (mais lesquels?), un short, 2 jeans, un pull et une jolie robe - touche de raffinement je vais chez les Ricains, je représente la France, 'bsolument. A présent : LES POMPES !
Ballerines (2 paires), baskets (bleuah), une paire vertigineuse imprimée panthère et suis parée. Peigne-brosse à ratiches-laque (la laque sert à éviter les poux et dans les avions, on trouve DE TOUT)-crème bien grasse...
Sac de livres : grâce aux aides sur ce blog, il pèse plus lourd que le reste...
- Ingalls ? Innnngallls ? T'as étudié le trajet de l'aéroport à l'hôtel?
- Puisque je t'ai déjà dit que oui !
- Tu n'as pas un sens aigu de l'orientation... Enfin, j'dis ça, c'est pour éviter de nous retrouver dans un quartier pourri où on va tous mourir, hein !
- Tu sais que t'es chiante, quand tu t'y mets ?
- T'as ton permis? Ton passeport?
- Oui! Soigne ton orgelet pré-départ et mâche ta nicorette menthe glaciale, tout va bien se passer...
Baisers de la pine'up qui somatise bêtement. C'est pas tous les jours qu'on réalise le rêve de ses 10 ans. Hollywood, me voilà! Gloria Swanson, ouvre-moi tes portes ! Marilyn, j'approche! Monsieur Miller, montrez-moi Big Sur ! Dirty Harry, play Misty for me!
Pour faire bonne figure, j'emporte ces ravissants sacs made in Kertrouduc (les chiffres correspondent au nombre d'enfants qu'a eu le brave homme qui les fait main- oui, il y a un artisanat non chauvin en Bretagne)