je n'ai jamais vu ce film mais c'est un souvenir d'enfance : le visage d'Annie Girardot placardé sur les murs de la capitale, avec ce titre un peu froid mais simple : docteur Françoise Gailland. Je me souviens que l'affiche m'avait marquée. Pourquoi ? je ne sais pas très bien. Peut-être que son regard direct m'avait troublée. Je trouvais sa coupe de cheveux un peu moche, mais j'admirais son visage sainement marqué. J'avais l'impression, avec Girardot, de me trouver devant une femme qui ne triche jamais. Cette affiche avait un côté calmement féministe. Je rapprochais souvent Girardot de Signoret dans leur rare volonté commune d'infliger aux spectateurs une forme d'exigence à laquelle je suis sensible : "Mes rides, je les ai gagnées." Dans ce sens, en tant que femme, Annie Girardot m'aparaissait évidente. D'une évidence aujourd'hui hors sujet (et c'est bien dommage). Elle ne semblait pas prisonnière d'une apparence.
L'actrice me plaisait aussi par son éclectisme : comédies, réalisateurs de l'ombre, nanars, réalisateurs archi connus, tragédies etc. Elle touchait à tous les registres.
J'aime particulièrement La gifle. je l'ai revu récemment et je la trouve excellente dans un registre mezzo, celui de la femme calme et enjouée, fine, passant à toute allure de la désaprobation à la drôlerie, du doute à la déception. J'avoue, je l'aimais moins en tragédienne.
Elle avait, pour moi, une étrange palette de comédienne. Pas vraiment comique, pas vraiment dramatique; une femme "entre deux", donc une femme très réelle.
Baisers de la pine'up qui retient de La Girardot un visage de ciel ensoleillé. Mais avec de nombreux nuages...