Je recopie cet article du philosophe Charles Pépin qui intéressera, je pense, les femmes comme les hommes (en tout cas très certainement Le Nain ainsi que ma superproductrice):
"La plupart des grands philosophes semblent avoir peur des femmes. Est-ce la philosophie qui rend misogyne? Ou est-ce parce qu'ils ont peur des femmes qu'ils se tournent avec passion vers l'investigation philosophique? Je pencherais plutôt pour cette seconde option. Juste avant de mourir en buvant la cigüe, Socrate refusa la visite de sa femme et de ses enfants. Il voulait mourir en philosophe. Traduire : loin de sa femme. Et de ses enfants. Son disciple Platon énoncera : " Philosopher c'est apprendre à mourir". Au moins, c'est clair. Penser, dès maintenant, les choses sous l'angle de l'éternité. Haine du corps au cœur du platonisme, haine de la vie. Et donc, logiquement, de celles qui portent la vie dans leur corps : les femmes. On comprend mieux pourquoi les philosophes disent souvent "homme" pour "humain"...
De retour d'un voyage en Sicile, Platon confesse dans une lettre l'horreur que lui inspire l'amour hétérosexuel : "Un mouvement d'aller et retour honteux et misérable". Au cœur du platonisme, cet effroi devant la sexualité, cette peur de cet Autre qu'est la femme. Dire que nous aurions tous été, avant, homme et femme à la fois, mais que la naissance nous a coupé en deux et que nous passons ainsi notre vie à rechercher notre moitié perdue, c'est bien dire en effet que la femme n'est pas l'Autre, cette différence que je rencontre dans l'amour, mais simplement la moitié qu'il me manque pour être enfin tout entier avec moi. Ma moitié... Ce ne peut être l'Autre! Sous la plume de Kant, l'homme sera capable de toucher au "sublime" quand la femme devra se contenter du "beau"..., beauté que Kant, d'ailleurs, ne prit probablement pas une seule fois dans ses bras. Il n'est pas surprenant que ce penseur du devoir soit resté vierge toute sa vie.
Dire que nous "devons" aimer les autres, n'est ce pas déjà nous interdire de vivre cet amour qui vient ou ne vient pas, mais jamais ne se commande?
On pourrait établir un best of accablant des propos misogynes des géants de la pensée, de Rousseau à Schopenhauer. On pourrait leur trouver, bien sûr, pas mal de circonstances atténuantes dans les contextes historiques. Mais le contraste entre l'immensité de leur pensée et la petitesse de leurs propos sur les femmes restera à jamais saisissant. Il jette une lumière crue sur le côté obscur de l'idéal de sagesse, sur ses racines probables dans l'instinct mortifère et la haine de la vie. Comme si les hommes se tournaient vers l'amour de la sagesse parce qu'ils ne sont pas capables d'aimer autre chose"
Baisers de la pine'up qui a vu hier A dangerous method de David Cronenberg, film glacé, très intelligent et un peu ennuyeux, mais qui illustre parfaitement ce constat.