Aujourd'hui j'avais été invitée par mon amie Michèle Reiser à un colloque à l'Assemblée nationale qui clôturait son rapport "l'image des femmes dans les médias". Trois tables rondes d'une heure, une palanquée d'intervenants, des animateurs successifs (Adélaïde de Clermont-Tonnerre puis Bruno Gaccio) qui s'en sont pas mal tirés. Qu'en déduire? Le résumé de l'état des lieux en prologue par Michèle: situation des femmes au niveau médiatique en évolution, mais on peut BEAUCOUP MIEUX FAIRE. Pas grand monde dans la salle, dommage car certaines interventions étaient passionnantes.
Premier volet : "Quel crédit pour la parole des femmes?". Deux intervenants sortaient du lot : la sénatrice Michèle André avec une idée assez fine sur comment aider dès leur plus jeune âge les filles à acquérir la notion de réseau. Et le président de l'Onisep Pascal Charvet, qui a pointé du doigt le besoin qu'ont certains hommes de reprendre les argumentaires féminins pour non pas se les approprier, mais pour les dilater au maximum. Pour illustrer ce constat, comme souvent dans les colloques mixtes (ou les salons du livre) j'ai retrouvé cette habitude un peu chiante des messieurs qui, quand ils prennent la parole, n'ont pas le don de la synthèse et s'écoutent parler, genre "les hommes savants", s'enivrant de leur propre glose (les femmes en général parlent "court").
Deuxième remarque : les personnalités du secteur privé et celles et ceux qui ont un travail en relation directe avec la société actuelle (politiques, journalistes) sont souvent plus intéressants que les universitaires. Les historiens semblent déconnectés et ne savent pas empoigner un auditoire (Vigarello et Marnhac très, très ennuyeux).
Si je devais organiser un débat de société je n'inviterai aucun sociologue et aucun historien : ils plombent le truc avec des références inutiles et verbeuses.
Deuxième volet sur le corps des femmes dans les médias : Mercedes Erra et Nicole Jamet ont tenu un discours brillant sur la peur de bousculer les codes, et sur le fait que cette peur est générée parfois par les femmes elles-mêmes. J'aurais bien secoué le cocotier en ajoutant que ces images déformées des corps féminins étaient aussi l'œuvre des homosexuels omniprésents dans les secteurs de l'esthétique, mais je me serais fait taxer d'homophobie. Finalement, le plus audacieux a été Malek Boutih présent dans l'assistance, qui a piqué un coup de gueule et a pris le micro pour dire qu'une société prise en ciseaux entre les images de plus en plus racoleuses, de plus en plus mortifères, et un intégrisme religieux moyenâgeux était intolérable. Tout était dit. Merci à lui.
Baisers d'une pine'up ça vaut le coup d'assister à des colloques: j'ai trouvé une super idée pour épicer mon scénario. Ma propre conclusion : si les hommes ont démissionné niveau autorité, ils gardent le pouvoir.
PS : j'embrasse Marie-Christine Saragosse, présente à la dernière table ronde portant sur l'expertise au féminin. Désolée, j'ai dû filer, mais je garde un très bon souvenir de toi.
PPS : chiffre accablant, 80% des experts tous médias confondus sont masculins. Et je ne parle pas de leur sur-représentation à la télé comme sur les ondes.
Dernière remarque: les fils de Bruno Gaccio desservent la table, et leur père fait la cuisine. C'est déjà ça de gagné... (smiley)
Pourtant Vigarello a écrit des bouquins passionnanrs, son propre et le sale , l'hygiène du corps depuis le Moyen-Age est passionnant, les métamorphoses du gras itou (mais là, je suis concerné !). Il paraît que son histoire du viol est très bien, mais je ne l'ai pas lue. Je ne connais pas l'autre.
Un historien peut être utile dans ce genre de réunion, il peut retracer l'évolution des mentalités, que les gens connaissent généralement très peu.
Rédigé par : Le Nain | 08 décembre 2011 à 08:53
Alors il faut croire qu'il est très talentueux dans ses écrits, mais qu'il n'a pas le don d'orateur. Sur l'évolution des mentalités il a été sommaire et radoteur, se cramponnant à la révolution qu'a été l'abandon du corset. Sur le fond, il avait raison de le mentionner, sur la forme c'était très ennuyeux. Je suis d'accord avec vous sur l'importance de souligner l'évolution des mentalités. Mais peut-être parce que j'ai fait de longues études d'histoire de l'art, cette évolution, je sais la synthétiser. Et d'autre part, souvent, je suis désolée de le constater, les professionnels de l'histoire ou de la socio sont rasoirs. On a l'impression de voir des hiboux ou des corbeaux qu'on sort de leur cachette et qui clignent des yeux devant la réalité.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 08 décembre 2011 à 15:14
Bah, je trouve l'abandon du corset un peu capillo-tracté, il aurait mieux fait, à mon sens, d'insister sur la révolution de la guerre de 14. Le rôle des femmes dans la gestion des fermes, leur engagement dans la production militaire, et leur montée en puissance dans tous les domaines de la société durant l'absence des hommes ont joué un plus grand rôle que cet abandon. Le raccourcissement des jupes est aussi une conséquence directe de cette guerre.
Les Trümmerfrauen ont aussi eu ce rôle dans l'Allemagne post 45.
Mais bon, je n'ai pas fait de grandes études...
Rédigé par : Le Nain | 08 décembre 2011 à 16:31
@ Le Nain: permettez-moi de vous rappeler quelques extraits de Coluche afférents aux études ...
"J'ai fait des études vachement longtemps moi, jusqu'à temps qui ferment.
J'ai même eu comme professeur le doyen de la faculté, qui les avait plus depuis longtemps ses facultés"
"L'adjudant: qu'est-ce tu sais faire toi ?
L'appelé: ben moi m'sieur j'sais rien faire, j'sors d'l'école !
L'adjudant: pourquoi on vous apprend rien à l'école ?
L'appelé: ben non, si vous y avez été vous l'sauriez !"
Rédigé par : Dominique | 08 décembre 2011 à 16:43
@Le Nain : c'est vous qu'on aurait dû inviter. Et je ne suis pas ironique, je suis sure que vous auriez dit des choses bien plus intéressantes
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 08 décembre 2011 à 17:01
Juste une remarque (sur la dernière remarque) : il y a vraiment des foyers où les garçons ne desservent jamais la table et où le père ne mets les pieds dans la cuisine qu'une fois l'an (pour ouvrir les huitres) ?
Vraiment ?
Beaucoup ?
Rédigé par : aymeric | 10 décembre 2011 à 13:59
Et statistiquement comment comptabiliser cette répartition des tâches ménagères dans les couples homosexuels ?
Rédigé par : Dominique | 10 décembre 2011 à 14:12
@Aymeric ;: je pense que le beau gosse de la télé faisait le malin
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 10 décembre 2011 à 16:06
Et ne pas confondre avec "les mages des femmes dans l'immédiat" !
Qouique ...
Rédigé par : Dominique | 11 décembre 2011 à 02:56