Moi, je vis, d'amour et d'eau fraîche, je vis... hem ! je vis sur la chaîne télé maison où c'est une joie de voir Ingalls s'exciter comme un dingue contre ses confrères archis qui bâtissent des maisons écologiques.
Hier soir donc, nous voici devant "question maison". Pour ceux qui n'ont jamais vu question maison, il s'agit d'un présentateur fort aimable, Stéphane Thébaut
(je suis sûre qu'il est vendéen ou breton avec un nom pareil) qui s'invite chez des particuliers, s'extasie devant leur déco et truffe son magazine de sujets comme : la fabrication des couteaux, le travail de la paille, focus sur la salle à manger sang de bœuf de tel décorateur (pardon designer) et enfin, florilège de l'émission, le célèbre SOS maison.
j'y viendrai.
Cette émission nous hypnotise ; je crois que lorsque Ingalls revient lessivé du boulot après avoir dû gérer la crise de nerf d'une cliente caractérielle où le passionnant projet de la réfection d'un chiotte pour un syndic, il a le droit de décompresser.
Avantage de cette émission : son extrême gentillesse. Ce qui est rare, vous en conviendrez.
Je rêve de montrer la boucherie Sanzot à Stéphane mais avant il faudra saucissonner Ingalls et le vraquer dans la chambre froide qui fait office de cagoince avec un scotch sur les lèvres pour avoir la paix.
Avant "Question maison" nous avons eu droit à un reportage sur les maisons écologiques. Attaque, Ingalls ! Vas-y ! mords !
On nous présente une maison perdue dans la forêt, au toit en zinc arrondi et aux murs composés de bois. Du bois, il y en a partout ! l'extérieur est assez joli. Ingalls émet un murmure approbateur. Tout va bien jusqu'à ce qu'une voix off nous présente l'habitat comme "une résurgence archaïque des mouvements anterieurs". Ingalls : "mais quels branleurs !"
Quand on découvre l'intérieur, la bête s'éveille : "non mais regarde l'escalier en plein milieu sans garde-corps ! ils veulent que leurs mômes aient des traumas crâniens ? En plus il vibre comme un tambour !" L'architecte de ladite maison explique qu'elle n'est pas chère. Ingalls explose :" Ben voyons ! bien sûr qu'elle n'est pas chère, y a rien dedans ! ce qui est cher ce sont les finitions !"
Il a raison : l'intérieur est un sarcophage de triply, sur des murs à ossature en bois brut. Hideux. On nous explique que, justement, on a laissé les murs tels quels pour "montrer comment la maison a été construite". Ricanements de hyène d'Ingalls. Et je vous passe sa couleur aubergine quand l'architecte annonce que "les fenêtres créent des perspectives dans l'espace" et que "ÇA FAIT ÉCHO" (grand classique du verbiage archi, ça fait écho). Ingalls convulse.
Quant au blabla sur les avantages écolos du bois, ils sont couverts par des hurlements : "avantages écolos ? les murs sont chargés à la résine, oui ! parfumés au phénol ! à côté, l'urine à Virenque, c'est de l'eau claire !"
Là, là, on se calme, c'est l'heure de Thébaut. Qui nous présente un architecte ayant construit une maison de verre sur un terrain impossible. L'archi a bâti sa baraque sur une déchetterie ! il explique à un Thébaut songeur qu'il "va mettre en scène cette friche". "Hin hin, à côté, la cour de la boucherie, c'est Versailles", grince le conjoint. "Non mais regarde : la maison est en contreplaqué qui sert à bancher le béton ! Écolo ??? c'est bourré de créosote ! il va le choper vite fait, son petit cancer..."
Enfin, nous arrivons au sujet tant attendu : SOS maison et le fringant et sympathique Philippe Demougeot
qui arrive, gomme magique sur son bloc note, pour arranger des intérieurs affreux. Là, Ingalls se calme ; il éprouve un embryon de respect pour Demougeot, tout en critiquant son usage immodéré de rideaux pour séparer les pièces. Et puis je crois qu'Ingalls est sensible au fait que Demougeot ne se laisse jamais gagner par la panique alors que parfois, il y a de quoi. Hier, par exemple, il devait créer un salon dans une pièce vert laitue obstruée par un énorme escalier Lapeyre. On a senti Demougeot un peu déstabilise par tant de laideur (lino gris imitation dalle et murs d'une couleur gueule de bois garantie). Mais notre héros s'est vite ressaisi et a choisi de privilégier l'escalier (il n'avait pas le choix, c'était le truc le moins moche de la maison). Il ne s'en est pas trop mal tiré : le avant/ après était méritoire.
Heureusement que j'ai un Ingalls pour polluer en paix !
Baisers d'une Pine'up qui fait le tri sélectif mais refuse les tampons "verts"
ps : j'aime bien Thébaut, moi. D'abord, il est adorable même avec les invités dont on pressent que c'est Madame qui a obligé le mari ronchon à être filmé dans ses murs (n'est-ce pas, Ingalls)