Il était l'héritier de Walsh ? Avec The Deer Hunter, oui. Et je place ce film, avec Délivrance, de Boorman, au sommet des films des années 70.
Il y a une quinzaine d'années, il avait écrit des mémoires inachevées, bâclées. Le début était prometteur, mais très vite ça se barrait dans un lyrisme incohérent. Plus les années passaient, plus Cimino semblait rapetisser, se métamorphoser en garçonnet sans âge. A devenir presque translucide, loin, si loin du flamboyant jeune homme de 35 ans qui créa un des plus grands films américains.
Alors, en guise d'hommage à cet homme qui se cachait depuis longtemps, je recopie l'analyse de Jacques Lourcelles du Voyage au bout de l'enfer (The Deer Hunter) :
"Avec une ambition immense, Cimino tente de bâtir un cinéma épique et wagnérien, qui soit aussi lyrique et contemplatif et non dépourvu d'épaisseur romanesque. En ce qui concerne la force de la mise en scène, Cimino est le seul cinéaste de sa génération en qui on puisse voir, à travers ce seul film, un héritier de Walsh et, en particulier, des Nus et les morts. Cela ne l'empêche pas de mener à travers d'autres aspects de son film une recherche absolument personnelle et originale. Il atteint notamment la puissance par la longueur démesurée des scènes, qui les rend mystérieuses et incantatoires, par un sens quasi magique du décor et par l'attention accordée à certaine caractéristiques individuelles des personnages sans aucun souci de la rigueur dramatique apparente. Il cherche à aller au centre de son propos, non par le réalisme, mais à l'aide d'un faisceau d'allégories qui transmute le réalisme en éléments de réflexion morale et philosophique. Les thèmes privilégiés de cette réflexion concernent l'énergie et la volonté de puissance de l'Amérique. La chasse, la guerre lointaine, le jeu atroce de la roulette russe sont autant de motifs dramatiques et visuels, extrêmement spectaculaires, qui permettent de confronter cette volonté de puissance au réel. Selon les personnages, on la verra se briser, se fracturer ou bien perdurer en se transformant et en changeant de contenu. Epopée de l'échec, The Deer Hunter est aussi un requiem grandiose dédié aux souffrances et à la stupéfaction de l'Amérique face à la plus grande défaite de son histoire."
Je l'avais vu à sa sortie et j'avais trouvé la scène du mariage interminable. Le reste était très bien.
Rédigé par : Le Nain | 04 juillet 2016 à 08:46
L'homme d'un film... Mais quel film...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 04 juillet 2016 à 15:41
Maintenant, avec sa mégalomanie galopante, il avait aussi coulé United Artists, la compagnie des films de Chaplin...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 04 juillet 2016 à 18:53