Faire corps. Tronc commun. Tous avec. Tous contre. Une notion si difficile pour "l'indisciplinée obéissante" que je suis. Dès les débuts de l'ampleur des faits qui sont plus un raid méthodiquement préparé que des attentats, des images "je suis Paris" ont commencé à fleurir un peu partout. Je me suis tout de suite dit: "Ah non, ça ne va pas recommencer, on ne va pas se retrouver dans l'obligation d'être un journal ou une cause!". Alors j'ai posté ce statut : Puisque nous sommes en guerre, pas question de changer ni la photo de profil FB, ni quoi que ce soit. Sourire, envers et contre tout.
Et j'ai gardé la photo souriante sur FB un bon moment (mon sourire et la France), tandis qu'apparaissait un système de filtre FB pour imprimer en décalcomanie le drapeau français à notre photo. L'immense majorité de mes amis est devenue bleu blanc rouge. Je résistais. Mais lorsque j'ai vu des amis étrangers prendre les couleurs du drapeau français, je me suis dit que j'étais un peu idiote de résister et j'ai plongé avec deux jours de retard dans la vague tricolore. Moi aussi je ressentais l'envie du drapeau, pourquoi le nier? Je n'avais même pas à cacher mes petites cicatrices anar, elles peuvent faire bon ménage avec la troupe...
Ce matin, ou plutôt en cette fin de matinée car je me lève très tard le lundi - le lundi est mon dimanche- j'ai vu que quelques uns remettaient en cause ce patriotisme en le comparant à du fachisme. Qu'on puisse y voir un phénomène moutonnier un peu artificiel, certes, mais de là à employer un langage pareil... Il semble qu'une minorité mal dans sa peau a besoin de donner des leçons. Non seulement je les ignore totalement, non seulement il n'y a plus aucune place pour une pseudo humilité de bazar après ce qui s'est passé, mais ne comptez pas sur moi pour battre la coulpe façon Munichois comme je peux aussi le lire ici ou là (vive la paix, ne négligeons pas nos responsabilités, nous l'avons cherché, bla bla bla).
Afficher le drapeau n'est pas pour moi une injonction qui doit être suivie. C'est, ni plus ni moins, une réaction d'émotion basique, primaire, celle qui vient en effet des tripes et non d'un quelconque raisonnement: je suis française, il se trouve que j'aime mon pays, j'ai la chance d'avoir le droit de le critiquer vertement parfois, et lorsqu'on l'attaque, eh bien ce drapeau a une importance républicaine que je ne suis pas prête de laisser tomber. Les gens font ce qu'ils veulent, ils l'exhibent ou non, je n'admire pas plus ceux qui l'exhibent que ceux qui ne l'exhibent pas, c'est juste un réflexe personnel.
Un besoin de m'y rattacher. Une fierté, sans doute imbécile, probablement orgueilleuse, mais je me méfie bien plus des jaloux et des envieux que des orgueilleux.
Liberté? un Mantra. Egalité ? Ca n'existe pas. Fraternité? prouvons-le! et ça, c'est une injonction.
Faites moi plaisir, demandez à vos amis leur définition du fascisme. Bien sur, je connais la définition historique, mais ce mot employé à tort et à travers m'énerve particulièrement. C'est pour moi le niveau zéro de l'argumentation, le mot qu'on prononce pour discréditer son contradicteur sans avoir besoin d'aller plus loin.Une sorte de paresse intellectuelle.
Rédigé par : Le Nain | 17 novembre 2015 à 03:55
Je vais tenter de vous faire plaisir car je suis une fois de plus d'accord avec vous au sujet de cette paresse intellectuelle qui brandit les mots fascistes et autres joyeusetés pour un oui ou pour un nom.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 17 novembre 2015 à 10:22