Quand nous nous sommes rencontrés, ton appartement était ravissant. Petit, mais admirablement pensé par toi. Des placards invisibles, une chambre minuscule, une douche immense et un salon cuisine sous les toits. Il était à dominante blanche et bleue. Moi, j'habitais un appartement d'étudiante, je ne l'avais pas décoré - je savais que je n'y étais pas pour toujours. Il n'était pas mal, mais là encore, le blanc dominait, à mon grand désarroi. Pour notre habitation actuelle, nous avons réuni nos rêves et nos aptitudes. A toi les volumes, à moi le décor. Tu m'a poussée vers mes envies de couleurs.
-Tu aimes l'originalité britannique? Les chateaux d'autrefois dont les murs étaient tous peints? Eh bien, ose!, m'as tu dit.
Nous nous encouragions toujours.
Mes goûts très féminins te plaisaient, tu y trouvais ta place sans heurts, toi, l'archi-viril.
Tu aimais que les murs soient couverts de cadres, mais tu detestais être sollicité pour les accrocher.
Nous possédions l'un comme l'autre le sens du détail, l'horreur du mal rangé et plus encore, de la saleté.
Pour ces raisons, nous n'aimions pas le style bobo. Nous le trouvions souvent "crasseux", un adjectif sans appel. Nous n'aimions pas non plus le modernisme absolu qui annihile toute trace d'intimité. Et ces salons rutilants de meubles hors de prix qui vous écrasent de leur design impersonnel.
Nous n'aimions pas les fausses bonnes idées comme les étagères rondes de Ron Arad qui massacrent les tranches des livres. Nous aimions une sorte de "poésie utile".
Nous aimions traîner aux Puces. Nous étions des gens de la ville. Nous le resterons.
Les puces, c'est le square Georges Brassens, avec que des vieux bouquins. Une édition d'Ambroise Paré de la fin du XVIème, une louisquatorzième de la coutume de Paris, des heures à feuilleter tout et n'importe quoi.
Je fais rarement attention à la déco.
Rédigé par : Le Nain | 15 octobre 2013 à 14:51
Oh, nous aussi! on adorait aller au square Georges Brassens farfouiller à la recherche d'une belle édition. En plus, l'agence d'Ingalls était à côté.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 15 octobre 2013 à 14:56
J'aime bien quand tu parles déco.
Tu as un goût et un sens pour cela que j'envie.
Rédigé par : Fredouat | 15 octobre 2013 à 20:57
J aime- nous aimions - la décoration. On se baladait souvent dans les rues des villes et François m expliquait les façades, les courants archi, les harmonies, les prouesses techniques, les dysharmonies heureuses. Moi, je lui parlais couleurs, histoire du meuble, styles. Non seulement nous nous aimions, mais nous créions notre décor. Comme si l amour avait aussi besoin de soin dans sa mise en scène . J ai des images en Technicolor dans la tête . Tu les verras bientôt , j espère
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 15 octobre 2013 à 22:24