Début du festival de Cannes, la plus grande foire aux vanités du monde, le règne d'une café society qui se renouvelle avec plus ou moins de fantaisie, plus ou moins de prétention...
Je saisis le prétexte pour parler cinéma. Un jour, un film ? Sans doute pas à ce rythme-là. Mais tentons de partager tout au long de cette semaine les coups de coeur personnels. D'autant qu'en ile de France le week-end sera pluvieux. Samedi prochain, enroulez-vous dans une couverture et profitez de ce premier bijou:
Un homme dans la foule (A Face in the Crowd). Aux manettes, un géant : Elia Kazan. Ah, vous n'allez pas le regretter, quel Film, avec un F capital !
Début de l'intrigue : deux journalistes bobo new-yorkais écument le sud des US à la recherche d'un scoop. Ils tombent sur un type qui cuve son vin en taule, décèlent chez lui une drôlerie, l'embarquent dans la grande pomme où le charisme dudit blaireau électrise les foules. Jusqu'à... jusqu'à... je vous laisse découvrir.
Ce film est une claque monumentale, un morceau de culot. Qui passe au presse-purée le pouvoir des médias et de la politique, l'importance déterminante des égos forts, qui analyse ce qu'est exactement le charisme dans les moindres détails, comment ce talent est devenu une condition de réussite, et comment aussi, in fine, une certaine mesquinerie des caractères "raisonnables" peut vaincre le fanatisme. Dans ce film, les filous sont au delà du sympathique et les calmes, les sensés ne le sont pas - voir la fin qui accable peut-être davantage la raison que le gout du jeu, par la petitesse de sa vengeance. Prophétique, ce film ne prend pas une ride : il est ce que nous sommes, une foule manipulée.
Les acteurs sont extraordinaires : Andy Griffith, sorte de Coluche avant l'heure, ne percera pas au cinéma et c'est bien dommage. Patricia Neal, sensibilité tendue à rompre, oeil d'oiseau de proie et voix rauque, marque comme d'habitude la pellicule de son empreinte singulière - c'est une des actrices américaines les plus sous-estimées, ce qui me navre. Prenez n'importe quel film avec Patricia Neal, vous pouvez être certain de voir quelque chose d'intéressant.
Je vous laisse sur cette fable misanthrope : un bon uppercut sur le marketing médiatique, ça ne peut être que salutaire.
PS : VO obligatoire.
VO obligatoire ? Alors sans moi. Mon anglais est rudimentaire et avec l'accent américain, je ne comprends rien du tout. Déjà avec mon allemand très acceptable je loupe des nuances, alors dans une langue que je ne maîtrise pas, c'est une catastrophe.
Rédigé par : Le Nain | 14 mai 2015 à 10:11
mettez l'option sous titre
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 14 mai 2015 à 12:48
Je me suis aperçue que j'ai résumé le film avec des erreurs (je ne l'ai pas vu depuis des années, mais il m'a beaucoup marquée). A la base, c'est une journaliste qui découvre le hobo, pas deux. Et elle n'est pas new-yorkaise. l'ascension fulgurante conduira à NY (de façon un peu artificielle, le film est n'est pas parfait, mais il est d'une puissance incroyable)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 14 mai 2015 à 12:54