Lira ? Lira pas ? Lu. Petite histoire dans l’histoire : à la nouvelle de la parution de cet ouvrage ma première réaction a été une réaction de réprobation, voire de dégout. L’amour ne se trahit pas, même s’il a été piétiné. Mais l’étrillage médiatique ajouté à la vindicte de certains libraires m’a fait changer d’avis. Boycotter un livre est une chose très grave. Pour cela il faudrait qu’il y ait crime. Or aimer n’est pas un crime, pas plus que ne pas aimer. Qu’a donc écrit Valérie Trierweiler pour justifier pareille haine ? Une incitation à l’abus sexuel sur mineurs ?, un livre révisionniste ?, une ode au massacre planétaire ?
Un ami m’a suggéré de le lire gratuitement sur pdf. Un autre a résolu le problème en me l’offrant… Merci pour ce moment, merci pour le cadeau narquois puisque ce livre, ami, tu l’as trouvé nul.
Je suis plus circonspecte. Ce n’est ni un torchon ni un beau livre. Il n’est pas bien ou mal écrit : il n’est pas écrit. Est-ce un livre d’amour ? Pour moi, non. Est-ce un livre politique ? Non plus. Est-ce un livre intéressant ? Sans hésiter, oui. Est-ce un livre qui provoque l’empathie ? Oui. Il est émouvant. Il n’est pas émouvant par ses pages amoureuses, superficielles, parfois ridicules, gênantes d’immaturité. Mais il est touchant car on y lit de manière particulièrement brulante l’immense chagrin des gens qui n’ont pas confiance en eux. Merci pour ce moment n’est pas le livre d’un amour déçu. C’est le livre d’une femme dont le beau visage public a toujours eu une expression inquiète, limite hagarde. C’est le livre d’une femme qui ne trouve jamais sa place. Il pose avec acuité –parfois malgré lui ! – le problème de l’ascension sociale. A quoi renoncer ? A quoi rester fidèle ? Comment évoluer sans se renier ? Là, on se met dans la peau d’une femme qui se fait violence, qui est violente, et qui, éperdue, frémissante, un peu hystérique, avance puis trébuche car elle n’a pas les outils pour réaliser ses rêves.
Lorsqu’elle se présente comme une femme libre et indépendante, le premier qualificatif est criant de fausseté : elle n’est pas libre, elle est lardée de douleurs sociales. Elle admire sans réserve une Michelle Obama pour sa « noblesse », son assurance, sa parfaite élégance de la vie. Elle, elle ne se fait pas de cadeaux, elle est lucide : elle passe son temps à se prendre les pieds dans le plat. Elle n’est pas sympathique. Elle avance avec un sourire, mais sa main reste toujours prête à frapper l’impénitent. Du coup, elle n’est pas forte, elle est dure. Elle n’est pas légère, elle est pesante. La question qui reste entière : cette femme s’est-elle mortifiée à ce point-là de manière plus ou moins consciente, croyant lire dans chaque regard un mépris de classe imaginaire, ou la société française est-elle responsable de cette incapacité à trouver une identité rassurante ? On a envie d’opter pour les torts partagés.
Une chose est certaine : son conjoint a été incapable de l’aider. Une autre est plus troublante : c’était à l’évidence le moins doué pour le rôle, bien moins doué que l’ex mari dont elle porte le nom et qu’elle évacue prestement d’un « il a une grande classe morale et pardon pour les souffrances que je lui ai infligées en le quittant».
Elle semble faire partie des sentimentaux mal ficelés, lesquels vont souvent se frotter vers ceux qui leur font le plus de mal, pensant avec autoritarisme ou masochisme: « A mon contact ils vont changer ».
Au final c’est un livre assez triste. Un petit livre triste d’une femme qui a été brutalisée, démolie. Devait-elle écrire ce livre ? On sent que c’est l’unique façon pour elle dans un premier temps de SAUVER SA PEAU : les mesquineries prennent une résonnance plus tragique encore car l’élégance morale, elle ne pouvait pas y avoir accès. J’espère qu’un jour elle le pourra.
Ne serait-ce que pour écrire un vrai livre d’amour…
Ta vision de ce livre correspond totalement à la mienne: d'abord un goût de dégoût à l'annonce de sa sortie, puis une curiosité pour les mots de celle qui a tant su se faire détester. Alors je l'ai lu. Avec curiosité d'abord puis vite, emplie d'une infinie tristesse. En effet, on ne nous parle pas d'amour. On ne nous parle que de la souffrance d'une femme paumée et d'une naïveté que l'on ne pardonne plus passé l'âge de 20 ans. Et en effet, le fond du problème n'est pas son rapport à l'autre, mais son rapport à elle même. J'ai refermé ces pages avec une infinie compassion pour Mme Trierweiller, en lui souhaitant de s'aimer elle même, un jour.
Rédigé par : Miss Blablabla | 16 septembre 2014 à 22:37
Oui, compassion - qui n'est pas pitié - a été le mot qui m'est venu spontanément. Nos sensibilités s'accordent souvent, ma chère colombe.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 16 septembre 2014 à 22:49
C'est fou ;-]
Rédigé par : Miss Blablabla | 16 septembre 2014 à 23:43
Un dîner, un dîner pour partager nos visions du monde ! (j'adore nos dîners de filles - ahem, de femmes)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 16 septembre 2014 à 23:55
Rien est pire que le manque de confiance en soi même ! Merci pour ce moment ...de lecture Lucide !
Rédigé par : Linda.S | 17 septembre 2014 à 07:56
en même temps c'est compliqué, car trop de confiance en soi peut provoquer des désastres (famille des orgueilleux). Les gens qui sont amoureux de leur intelligence peuvent aussi etre aveuglés. Mais bon... Ce qui frappe ici : elle a besoin de NOBLES CAUSES genre la politique ou l'humanitaire, et à chaque fois qu'elle s'y colle, elle reproche au NOBLE CAUSEUR de ne pas faire attention à la petite fille inconsolable qui tape du pied dans sa propre tete.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 17 septembre 2014 à 09:45
Son mal-être et sa souffrance transparaissaient bien avant ce "clash", tendue sur les photos et derrière François Hollande...visage de petite fille qui avance dans la foule avec cette phrase, cinglante, adressée à celui qui aurait dû être son compagnon quand une femme lui a jeté cette phrase :"ne l'épouser jamais, on ne l'aime pas"....
Est-ce pour donner une autre image d'elle-même qu'elle a écrit ce livre? Avec cette amertume en toile de fond...elle a froid et c'est tout...ce livre traîne une infinie tristesse et je ne sais si l'avoir publié apaisera les choses, et l'apaisera aussi.J'en doute fort. Ce n'est pour moi pas un livre mais une longue, longue lettre qui ne répare rien. Les règlements de compte sont rarement consolateurs.
Malgré tout cela et avec tout cela, j'ai simplement envie de la prendre dans mes bras et de lui dire :"CHUT" , lui souhaiter sortir de cette onde médiatique dans laquelle elle s'est embourbée...et prendre les chemins des bords de Loire qu'elle aime tant...
nad
Rédigé par : nadine | 17 septembre 2014 à 15:24
Je suis très dubitative moi aussi quant à l'apaisement. Je comprends tout à fait son geste d'avoir écrit pour se libérer. Sauf que ce livre ne sonne pas comme une libération. pas du tout. Reste la lâcheté d'un homme, et ce n'est pas réconfortant. Reste aussi qq chose qu'elle possède : le pouvoir de faire vendre. cela n'a rien à voir avec le physique, rien à voir avec l'intelligence. C 'est une alchimie étrange, un cocktail fait à la fois de volonté et d'accident.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 17 septembre 2014 à 15:58
Sa solitude doit être terrible. Même entourée, c'est une femme seule. Mais je ne le lirai pas, parce que ce genre de sujet ne m'intéresse guère, ce n'est que l'écume des temps.
Rédigé par : Le Nain | 17 septembre 2014 à 16:53
Oui, mais il y a qq chose d'intéressant chez cette femme, qui en dit long à la fois sur notre époque et sur l'être humain : elle "permet" qu'on la traite mal. La preuve : chacun a un avis sur elle, elle ne laisse pas indifférent ; la note que je viens d'écrire sur elle est la plus commentée. Pourquoi?
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 17 septembre 2014 à 20:56
Parce que...comme diraient les petits et sans faire de sociologie(je m'en méfie parfois d'ailleurs),cette "histoire" est révélatrice comme tu le dis si bien Valérie et puis.....
http://youtu.be/mtRIqnuM0AU
http://youtu.be/bhkwOAgp_gc
Belle journée à toi
nad
Rédigé par : nadine | 18 septembre 2014 à 09:33
Faut-il etre fragile à ce point pour tomber en adoration devant pareil fumier masculin... Répondre au pire, en pire
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 18 septembre 2014 à 17:13