Grande déception. Je ne l’ai pas tout à fait fini, mais je parcours à présent la deuxième moitié en diagonale distraite et impatiente. Déception à la hauteur de la beauté du premier tiers : énorme. Et pourtant… Comme le projet était intéressant ! A quel moment ai-je basculé dans l’ennui ? Emmanuel Carrère se prête avec son Royaume à un exercice de haute voltige, de grand danger : décortiquer sa foi passée, se demander pourquoi il fut chrétien et analyser comment il ne l’est plus. Puis il continue en explorant l’aventure du paléochrétien, raconte l’Histoire à la source, s’épanche sur Saint-Paul, fait revivre cette poignée d’hommes qui bouffèrent de l’intérieur l’empire romain. Et c’est là que tout va mal : tant que Carrère se flagelle, ouvre ses plaies d’ado méchant, plonge dans ses souffrances d’égo fort, c’est fabuleusement émouvant ; mais dès qu’il se pose en « sachant », en historien, il se racornit et vous écrase de sa sèche culture livresque avec une prétention insupportable. Une amie a critiqué ce livre au motif que Carrère a une personnalité trop envahissante. C’est justement ce que j’ai aimé à la base : sa personnalité. Pour moi, le problème est inverse : dès que Carrère oublie qu’il a un cœur et des pulsions, c’est la catastrophe. Dès qu’il cède aux sirènes « culture générale » je n’en peux plus. Or dans ce livre nous avons 150 pages d’un homme qui interroge de manière troublante ses émotions puis 250 pages d’un homme très satisfait de son cerveau. Je tourne les pages à la vitesse de la seconde, Troas, Lydie, ah, une jolie galipette astucieuse et bien troussée qui assaisonne Saint Luc à la sauce porno, à nouveau l’Asie mineure, Rome…
Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné ?
C'est justement la partie que vous trouvez sèche qui m'a intéressé. Mais la vieille thèse de Gibbon comme quoi le christianisme a détruit l'empire romain est totalement dépassée. Ce sont d'autres causes, dont une climatique, qui ont eu raison de celui-ci. J'ai lu beaucoup plus aride.
Rédigé par : Le Nain | 24 septembre 2014 à 09:40
Climatique ?
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 24 septembre 2014 à 11:13
Oui, refroidissement qui a pu perturber l'agriculture, moins marqué que le petit âge glaciaire du XIV au XVIIIème siècle. Ajoutons une sécheresse inhabituelle qui a probablement désorganisé l'écosystème des steppes russes et peuvent avoir poussé les Barbares à se presser sur les limes. L'étude de l'influence des climats sur les civilisations n'en est qu'à ses débuts, et il est possible que les cités Mayas aient disparu à la suite d'un changement de climat.
Rédigé par : Le Nain | 24 septembre 2014 à 12:05
ce n'était pas à l'étude à la lointaine époque de mes incursions archéologiques... Histoire, béton romain, histoire, béton romain...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 24 septembre 2014 à 22:38