J’ai toujours aimé ce mot. J’y ai toujours cru en dépit des chaos. Il m’apporte une forme de flamboyance de la vie. Il correspond au premier amour, placé sous le signe de Raphaël. Il me poursuit lorsqu’arrive l’été et que je dévalise le traiteur italien du marché (va bene), embrassant les parfums d’Italie. Il s’épanouit lorsque je mords dans les abricots et les cerises, lorsque je souris et que le sourire trouve réponse. Lorsque je me moque et défie les amertumes. Lorsque je vais à la fête de l’été, si… élégante, et que je repars pieds nus avec SuperBelleAmie, verre vide et ventre affamé, volant le plus beau ballon de la soirée. Je suis faite pour le soleil. Pour regarder passer les grâces viriles (il y en a un qui se reconnaitra, pas de doute, et il doit se marrer).
Ecouter les conversations du café du dimanche… Espionner avec avidité, derrière les lunettes noires … Les deux voisins qui discutent :
- Ah, ouais, t’es resté 7 ans avec une nana ? 7 ans, t’es sur ? Tu mérites d’entrer dans le Guiness ! Ouah ouah, asseyez-vous, m’dame, vous êtes estivale, s’pas ? (pourquoi ai-je mis un short, pourquoi pourquoi pourquoi ?)
Ils sont drôles, les deux coqs. Celui qui a touché le jackpot durant 7 ans a des cheveux ficelle qui lui trainent sur les épaules, le regard jaune et un moelleux accent portugais. Si j’étais charitable, je dirais qu’il ressemble à Iggy Pop. En fait, il ressemble plutôt à l’Ankou dans Spirou et Fantasio. L’autre est un festival de doré - chaines, montre, breloques qui luisent comme sa peau. Eux, ils en sont à l’automne. Mais ils se tiennent, ils y croient. Ils ont la gaieté paresseuse, saurienne des gens du sud.
Passe dans la rue un homme avec ses filles. Il a une barrette, je ne rêve pas, une BARRETTE dans les cheveux. Il a l’air complètement couillon avec sa barrette. Mais quand la petite dernière se jette dans ses bras et qu’il ploie sous son poids, il n’est plus ridicule ; il est superbe. A mon tour de ne plus être ridicule en short et d’aller plonger dans l’eau de la piscine pour nager en gambergeant sur tout (pourquoi je préfère la Renaissance au Moyen-âge, pourquoi je n’aime les fruits qu’en été, pourquoi un bikini plutôt qu’un une-pièce, pourquoi je n’arrive pas à lire en ce moment, enfin, à lire vraiment, quelle série regarder, et si je me cassais à Amsterdam la semaine prochaine?, quels sont les produits à solder, mmmhh ?)
Je ne vais pas vous surprendre en vous disant que je préfère infiniment plus le Moyen-Age que la Renaissance, que je préfère l'art roman et les débuts du gothique qui sont originaux alors que le XVIème imite (fort bien) l'Antiquité, que je me sens en paix en déambulant dans un cloître cistercien, qu'il y a une dimension mystique dans cette période qui est loin du Machiavel de la suivante. Tout m'est familier alors que la mythologie antique revisitée m'est aussi étrangère que le nô japonais.
Et je suis homme du nord et comme du Bellay:
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.
Rédigé par : Le Nain | 23 juin 2014 à 10:29
Vous ne me surprenez pas, en effet. Enfant, le Moyen-âge me paraissait interminable. Je cherchais le réel, le vrai, et ces visages, ces corps mal proportionnés m'exaspéraient. Après Rome, je ne comprenais pas qu'on ait PERDU à ce point le sens de la perspective, celui de l'harmonieux. Je n'ai jamais été sensible au mysticisme, ou à l'érotisme du mystère; je suis sensible à la nuance, à la sensualité, à une vie qui déborde un peu. A une certaine forme d'ancrage gourmand. Renaissance, découverte,curiosité... Voilà ma maison. Je dois aujourd'hui aller me reccueillir sur le dernier voyage de mon cousin. Je ne sais pas si j'en serai capable.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 23 juin 2014 à 14:12