Lorsque j’ai appris que le pédosexuel Gabriel Matzneff avait reçu le prix essai Renaudot 2013, j’ai cru l’espace d’une journée que nous étions revenus aux pires heures des années 70 ; celles qui voyaient des photographes exhiber leurs petites filles à moitié nues, celles des textes impardonnables, celles des pétitions atroces à vous rendre politiquement Verts de honte.
Et puis… Silence. Le vieillard fané aux muscles défraîchis empoche sa récompense dans un silence médiatique de mort. Personne pour louer sa prose, personne pour le faire exister. Les Goncourt-Renaudot-Nobel de l’année occupent les pages culturelles qui font comme s’il n’existait pas. Il y a bien Giesbert, sans doute atteint par un lourd syndrome de Stockholm, pour lui offrir une minable lucarne au Point, mais l’essentiel est préservé : l’homme est fini.
C’est peut-être cette indifférence qui me fait croire en des jours meilleurs. Pour les écrivains pédosexuels, « has been » est une étiquète plus cruelle encore que « criminel ». Cela signifie l’extinction de leur enveloppe charnelle qu’ils ont brandie en guise d’étendard meurtrier, cela signifie l’oubli, rance, autour d’un dernier cercle de vicelards chenus, pansus, ventrus qui vont gémir à loisir sur « Ah, c’était le bon temps, te souviens-tu la Thaïlande 1962 ? Tanger 68 ? Et la Sologne… ». Cela signifie aucune chance d’entrer dans les vrais cercles de pouvoir, cela signifie veste râpée, vague visite au prieuré de Michel Tournier pour évoquer François Mitterrand entre deux potions de tisane amère et d'odeurs incontinentes, cela signifie enfin l’impossibilité de manipuler quelques fragiles adolescent(e)s trop dégoûté(e)s à présent par l’inéluctable déchéance physique de ces tristes sires. Le glas vient de l’horreur même de leurs pulsions : qui est obsédé par la jeunesse ne peut que se cacher lorsque vient son propre hiver.
Notre société moderne sacralise la valeur de l’enfant ? Qu’elle en soit louée. Car, comme l’a exprimé je ne sais quel philosophe contemporain, qu’un parent puisse dire à présent : « Je donnerais ma vie pour mon petit » me semble une des plus belles progressions de notre misérable condition humaine.
Ce qui ne m’a pas empêchée de signer cette pétition et d’approuver ce commentaire :"Ton billet qui crisse quand tu le glisses dans la petite culotte d'une enfant, pourvu qu'un jour tu t'étouffes avec. Lentement."
A lire également, cet excellent article.
PS: la lettre de Yann Moix en soutien à Mme Taubira est certes parfaite; mais pour être crédible dans l'humanisme, il aurait du refuser le Renaudot, irrémédiablement souillé par le prix essai 2013.
Je ne connais pas ces gens là, ce n'est pas mon monde. Notons toutefois que l'intérêt pour l'enfant apparait au XVIIIème siècle. Trop de mort infantile interdisait probablement trop d'attachement.
Rédigé par : Le Nain | 13 novembre 2013 à 08:44
Ce n'est plus mon monde; mais ma plus grande déception humaine fut de côtoyer des écrivains.Cette déception a été, cela étant, remarquablement contrée par la connaissance de mon mari. Dans les années 2000, j'étais ce qu'on peut appeler "lancée". Mais pour tenir, il faut tellement s'abîmer que j'y ai renoncé. Je suis alors devenue une oursonne heureuse... D'où la nécessité à présent que je n'ai plus mon ours, de trouver et de réaliser un projet d'envergure loin du monde des malsains.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 13 novembre 2013 à 12:29
on ne peut que se rejouir que les pédosexuels actifs deviennent des vieillards moches, rances, et repoussants, en attendant le jugement dernier qui parachèvera l'oeuvre du temps, mais qui te dit, que, malheureusement, leurs générations à eux aussi, ne se renouvellent pas ? peut être plus discrètement que dans les années 70, admettons, mais tout aussi terriblement :(((
Rédigé par : shimrod | 13 novembre 2013 à 16:00
Toucher au corps d'un enfant est le plus grand des crimes. Là où je suis optimiste : la justice a durci ses jugements, les médias ont honte de leurs positionnements dans les années 70. ce crime existera hélas toujours. Mais à présent, il n'y a plus personne pour le défendre. Sauf cette vieille ordure que je souhaiterais à Fresnes.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 13 novembre 2013 à 17:04
J'ajoute : Tournier n'aura jamais le Nobel de littérature à cause des textes accablants qu'il a écrits dans ces années-là. Il a été retiré de la liste pour cette raison. JE M'EN REJOUIS.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 13 novembre 2013 à 17:08
Le plus grand crime et le plus lâche !
Rédigé par : argali | 28 novembre 2013 à 21:04
texte magnifique, mais j'ai bien peur que moches, rances et repoussants ne soient un frein, l'argent et le pouvoir permettent tout.
Rédigé par : Secrète Louise | 28 novembre 2013 à 21:14
Argali : vous avez raison, ce n'est pas le plus "grand" des crimes; c'est le plus horrible et le plus LÂCHE
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 28 novembre 2013 à 23:49
Secrète Louise: le plaisir est la plus puissante des pulsions. Et hélas oui, ces êtres tarés, détraqués et pervers existeront toujours. On peut les appeler des monstres. je les appelle des ordures. La petite lumière vient juste du fait que ces abominables ont été loués, encensés dans les années 70 au nom d'une liberté souveraine dans les milieux littéraires. A présent, on les fuit. Ce prix a du être attribué car Matzneff doit être en train de crever et qu'un cénacle (très restreint), qui a encore un petit pouvoir (Giesbert and co), tente de lui procurer "une dernière joie". Je ne vois pas d'autre raison. Pour ma part: non seulement je ne lirai jamais un livre de ce criminel arriéré, mais je ne lirai plus jamais un auteur appartenant au jury du prix Renaudot. Pas plus que je ne lirai Moix, qui a chaudement félicité Matzneff.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 29 novembre 2013 à 00:00