Cette semaine de Toussaint est une semaine de solitude. Non pas la solitude poignante de celles et ceux qui n'ont personne, mais celle, acceptée, de mon état de veuve. Tu es toujours près de moi. J'ai voulu partir pour me recueillir. Ne pouvant m'éloigner de Paris car je suis en train de finaliser la société, j'ai opté pour un hôtel à 15 mn de la maison. Ce dernier dimanche d'octobre, j'ai plongé dans l'heure d'hiver avec une idée fixe : visiter le château de Versailles. Me voici errante dans les pièces d'apparat au milieu d'une nuée joyeuse de touristes aux yeux bridés. Versaillaise? J'y suis née, mais je n'y ai jamais vécu. Le temps est à la bourrasque, les lumières du palais n'en sont que plus somptueuses. Le soir tombe déjà dans la galerie des glaces. Je te souris. Et si le Seigneur nous mariait, là? J'entends ton rire. Nous aimions tous les deux faire les singes dans les musées. La culture était légère entre nous. Tu te rappelles le fou-rire au château de Montsoreau ? j'avais inventé un ballet renaissance absolument grotesque. Tu riais :
- Tu es cinglée, mais je t'adore, disais-tu souvent en m'embrassant.
- Hé ho? tu es là, mon amour? Tu es là pour m'aimer, splendide de ma vie?" je t'ai interpellé à voix haute, noyée parmi les touristes de Versailles." J'ai une idée : on va se marier religieusement tout de suite. Tu prends François d'Assise pour témoin, je prends Marie-Madeleine ( j'aime Marie-Madeleine). Saint-Pierre, répétez après moi :
- François/Ingalls, voulez vous prendre religieusement pour épouse Valérie ici présente et l'aimer dans votre mort?
Ton "oui" annule le brouhaha de la pièce. A moi:
- Valérie, voulez vous prendre religieusement pour époux François qui est au Paradis et lui donner votre vie pour un jour le rejoindre?
- Oui!!!
Et me voici, radieuse dans la galerie, effectuant un menuet au crépuscule. Mon amour, ta vie et ta mort sont avec moi. j'en prends soin comme tu prends soin de moi.
Je ne suis pas sourde, j'ai entendu ton rire lorsque j'ai failli me casser la figure sur les parquets cirés. Demain, je vous raconterai la galerie des Batailles, toutes les gloires de la France...
Et dire que je n'ai jamais visité l'intérieur de ce château. Il y a toujours foule, et j'ai peur de la foule depuis que j'ai été pris dans une bousculade il y a bien longtemps, lors de la campagne des présidentielles de 1974.
J'ai vu deux fois les fêtes de nuit, une avec celle qui était à l'époque ma fiancée, et une autre avec des amis allemands qui m'en parlent encore trente ans après.
Rédigé par : Le Nain | 28 octobre 2013 à 15:53
Quelle surprise. Cet endroit est fait pour vous. Un conseil : pour éviter la foule - je n ai pas eu grand monde -, il faut arriver 1h30 avant la fermeture ( queue de 5 mn). Et proscrire une visite le lundi. C est le pire jour de fréquentation. J espère que le petit clément va bien. J ai pense a vous dans la galerie des batailles. Vous éclairerez ma prochaine note de vos culture historique( Hugues quieret, Anne de joyeuse, Henri de la tour d Auvergne , etc )
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 28 octobre 2013 à 19:12
Tout ce que tu as reçu de lui se glisse entre tes mots Valérie, s''enroule autour de tes poignets...il y aura toujours sa main dans la tienne, sa voix mêlée à ta voix....une empreinte figée dans la glaise....garde tout cela au fond de toi, c'est ta douleur mais c'est aussi ta richesse....tu es riche d'avoir été aimée et d'avoir aimé....c'est si précieux....je sais que cela traversera
Le temps et les années....la malle est pleine de vos belles images et vos rires s' entendent jusque dans le grenier....
Dors bien....nad
Rédigé par : nad | 28 octobre 2013 à 21:56
C est exactement cela : sa vie est ma richesse, sa mort est ma douleur. Elles sont mêlées. J ai réalisé trois de mes rêves d enfant insomniaque : j ai eu des enfants. J ai écrit des livres, et j ai eu la chance d être publiée. Un de ces livres fut même un très beau et durable succès . Enfin, j ai connu le très grand amour. Il va falloir que je me donne les moyens de réaliser mon quatrième rêve : celui de réussir commercialement . Le travail va devenir dans les années qui viennent mon obsession, ma raison de tenir debout. Je ne peux pas dire que la politique incite a cette noble ambition , ce que je déplore. Les charges ont bien stressé la vie industrieuse de mon bien aime mari. J espère , j espère que je pourrai réussir en dépit d une explosion fiscale confiscatoire.Je t embrasse très fort !
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 28 octobre 2013 à 23:34