Et bien oui, je suis enfin allée voir Skyfall, dopée par les critiques élogieuses. Sans même attendre le générique de fin, je me suis levée en bramant "Quelle merde! " sous l'oeil reconnaissant de certains voisins qui n'osaient le dire. C'est pour moi un des pires pensums du film de divertissement- le cinema américain se casse la figure, je ne cesse de vous le répéter. Je vais l'habiller pour l'hiver? Allons-y!
L'intrigue? Il n'y en a pas.
La lumière? Tourbeuse, verdâtre. Les passages à Shanghai sont un peu au dessus du lot. Il faudrait mettre au feu le crétin qui a un jour décidé que les films d'action devaient baigner dans le sépia, le beigeasse et le noirâtre. Une Valérie Damidot d'apocalypse tyrannise la loi du genre.
La psychologie des personnages? Alors là c'est le pompon. J'imagine le cultivé Sam Mendes se disant qu'il fallait mettre un peu de normale sup au pays des forains Broccoli. Eureka! on va lacaniser James et éduquer les foules: Ian Flemming, après tout, n'était qu'un détraqué torturé qui cauchemardait en boucle depuis la guerre, s'envoyait deux bouteilles de whisky par jour, fumait 100 clopes et battait sa femme au sang; on va vous expliquer pourquoi... Sur l'écran, ça donne un Craig mutique, un Bardem bavard et une Judi Dench exaspérante, le tout sous-tendu par des dialogues tragiques, des silences "éloquents", des regards "appuyés" qui veulent vous faire croire que Shakespeare n'est pas loin. Non mais de qui se moque-t-on??? L'humour a disparu, le grotesque est resté. Parlons-en du grotesque : Javier Bardem est affublé d'une perruque jaune pamplemousse et de chemises en tussor imprimées 70. Habitué à jouer les hidalgos virils il a du demander des compensations, c'est lui qui a le plus de texte. Il surjoue donc des monologues style "performance d'acteur façon Strasberg" ponctués de rires sanglotants. Judy Dench a sans doute voulu, pour soigner sa mort dans la série, une augmentation de salaire et une épaisseur de rôle. Résultat : elle nous joue la femme inflexible-mais-qui-aime-son-équipe-en-secret. Pour sa compétence, on repassera: l'interminable scène finale en Ecosse est ridicule: James Bond, dans un paysage à la Harry Potter, sauve la Dench en lui permettant de prendre la fuite dans la lande. Il ne faut pas qu'elle se fasse repérer. Que fait-elle, cette gourdasse? ELLE ALLUME SA TORCHE ELECTRIQUE pour trouver son chemin alors qu'un psychopathe la traque! bien sur, il la débusque. C'était bien la peine d'avoir été la chef des services secrets. Elle crève ? Bien fait, elle est trop bête.
Bon. Et Craig? Il est beau, porte le smoking très bien, est un rêve pour les hommes qui cherchent ce que signifie le mot "virilité", mais il a un rôle somme toute facile, le reste de la troupe étant pitoyable.
Allez, je sauve les cascades. Et la chanson d'Adèle. Mais par pitié, Bond est une marionnette, pas une tragédie grecque. Pour le côté film d'espionnage, il y a mille fois mieux, nom d'un Fritz Lang. Quitte à intellectualiser le genre, ce n'est pas la peine de le plomber.
Baisers de la pine'up film à fuir.
Ps : je ne suis pas la seule à avoir trouvé ce truc lourd et chiantissime
PPS : un Bond sans gadget, sans femmes et sans intrigue, c'est quoi? Un navet accessible à ceux qui se croient cultivés. Qui croient qu'avoir un mouton Fleux dans son appartement le rend élégant. Et que s'extasier sur l'opaque est un gage de reconnaissance par l'élite.