Un joli titre, un joli livre. Ce roman de Jean-Christophe Rufin (éd. Gallimard) retrace la vie de Jacques Coeur, natif de Bourges comme l'auteur et grand argentier du roi Charles VII. Nous sommes à la fin de la Guerre de Cent ans. La France est en majorité anglaise, ses troupes sont divisées entre Bourguignons et Armagnac; la noblesse française, nulle comme d'habitude, s'entre-déchire au lieu de s'unir. Jacques Coeur, fils de pelletier et appartenant à la bourgeoisie, va inventer en France l'import-export et donner au roi les crédits pour reconquérir la totalité ou presque du pays. A l'époque où le commerce international était inexistant dans notre contrée ravagée, Jacques Coeur, un Berrichon, pas même natif d'une région cotière, crée des liens financiers essentiels avec les pays d'orient. Il marchera sur les pas des Génois et des Vénitiens, des hommes de la Renaissance dont il est, en France, un des éléments déclenchants. Obsédés que nous sommes par Jeanne d'Arc, on avait presque oublié ce précieux contemporain de la Pucelle. Car l'apport de Jacques Coeur à notre pays est capital : il a eu l'argent et l'intelligence nécessaires pour transformer la guerre en paix (nonnonnonjenefaispasdepolitique). Son palais à Bourges, mi-médiéval, mi-italien, est à l'image d'un homme placé sous le signe de la nuance. Sa fortune causera sa chute, Charles VII étant un roi aussi habile qu'ingrat.
Rufin prend des libertés avec l'Histoire (il le précise dans une postface), mais dresse un portrait qu'on sent véridique, celui d'un homme qui a le calme des gens avisés et le sens de la bougeotte des véritables aventuriers. Rufin oscille entre description très précise de la situation du pays, sans affect, sorte de froid constat du sage Jacques Coeur, et ressenti du personnage (qui est le narrateur fictif) tombant amoureux (est-ce vrai?) d'Agnès Sorel, première maîtresse royale. Là, à mon sens, Rufin est moins à l'aise. Les sentiments ne sont pas sa partie et le livre n'est pas très émouvant. Mais pour sa peinture d'une réussite sociale éclatante et de l'exercice du pouvoir royal, Le grand Coeur est un roman passionnant.
Baisers de la pine'up qui ne méprise pas du tout les parvenus (comprend qui peut comprend qui veut)
Je vais me le procurer...Ruffin, jamais lu. Il y a toujours un début à tout.
Rédigé par : Linda.S | 05 juin 2012 à 19:24
Moi non plus je ne l'avais jamais lu. celui ci est pas mal du tout
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 05 juin 2012 à 19:31
Je l'ai bien évidemment lu, c'est au Moyen-Age, alors forcément, je ne pouvais pas passer à côté.
J'ai bien aimé ce livre, et il va falloir que je me trouve une bio, je sais que Heers en a fait une, c'est un bon auteur, un spécialiste des finances du MA, j'ai lu deux ou trois ouvrages de lui dont son dernier Naissance du capitalisme au MA.
Décidément, la France n'a jamais aimé ses financiers et ses entrepreneurs, de ce côté là, rien n'a changé.
Rédigé par : Le Nain | 07 juin 2012 à 11:52
Je ne vous le fais pas dire...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 07 juin 2012 à 17:35