J'ai entendu une chose stupéfiante qui m'a été confiée par une amie assez au fait de l'actualité (n'oubliez pas que je n'achète plus les canards, que je n'écoute plus la radio et que je veux mettre France3 au chomage technique): notre nouvelle ministre de la Culture Aurélie Filippetti critique le mécénat. Mme Filippetti est normalienne, donc a priori cultivée. Elle doit savoir que Florence ne s'est pas développée sans les Médicis et que sans aller bien loin, le château de Versailles serait une imense ruine sans l'aide financière des donations américaines. Non, ce n'est pas possible, notre nouvelle ministre n'a pas pu sortir pareille anerie. Eh bien si (je recopie bien malgré moi une partie de son interview au journal Le Monde)
Interrogée sur le cas du mécénat, Aurélie Filippetti, députée PS de Moselle et chargée de la culture et des médias au sein de l’équipe de campagne de François Hollande n’est pas tendre avec le groupe Wendel. Le groupe financier est le mécène fondateur du Centre Pompidou Metz. « (…) quand je vois le nom de Wendel apposé sur l'amphithéâtre sous prétexte que ce groupe – issu de la dynastie qui a régné pendant des siècles sur l'acier en Lorraine – a joué les mécènes, ça me fait mal... » lâche-t-elle.
Quant à moi je remercie platement la famille Wendel d'avoir lâché 1,5 millions d'euros pour le centre Pompidou de Metz, et j'admire l'ensemble des grosses fortunes françaises qui continuent à financer des projets culturels ou qui s'investissent dans la recherche scientifique et médicale.
Laissons donc nos impôts favoriser la fête de la tarte aux mirabelles de la ville de Clochemerle ou la construction de l aire de pique nique en résine ou encore la pièce de théatre de 3 h du génie incompris copain du fiston du cacique local, et laissons notre patrimoine se déteriorier faute de familles fortunées qui vont comprendre très vite que leur argent, le gouvernement n'en veut que pour le dilapider dans du n'importe quoi.
Baisers de la pine'up qui conseille à Madame Filippetti de lire Le dernier des Camondo (Pierre Assouline, ed Folio)
Un commentaire bien bourgeois...face à des mots d'une ministre sans expérience et qui pensait surement aux ouvriers qui depuis des générations ont participé à l'enrichissement de cette famille pour qui 1,5 million ne représente pas beaucoup, est hors impot et assure une excellente publicité très air du temps(culture, bio, développement durable, etc...). Le don, la donation la plus exemplaire est celle qui reste anonyme ainsi aucun commentaire ne sera fait!!!
Rédigé par : isa | 21 mai 2012 à 13:53
Isa, votre réaction vous honore, mais malheureusement, la société n'est pas aussi idéale. Une société, en général par le biais d'une fondation, ne peut pas fonctionner par donation anonyme, parce que c'est illégal voire impossible.
Et le patrimoine national a un besoin vital de ces financements. La loi n'est pas tombée du ciel. Mais je suis aussi profondément peiné, pour le moins, qu'un ministre de la culture, autrement dit, soyons clairs, illustre personnage qui n'a ni pouvoir ni moyens, ne s'efforce pas de valoriser ces opportunités. Ce n'est pas une erreur de jeunesse, c'est une faute d'orgueil. -( air connu )-.
Rédigé par : L'amant-de-la-cousine-Bette | 21 mai 2012 à 16:31
Je passe beaucoup de temps en ce moment à l’hôpital. Il y a un jardin avec des arbres plantés par des donateurs. Rien que voir ces arbres et lire le nom des familles me fait du bien.Jamais, jamais je ne dirai du mal d'un donateur. Jamais.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 21 mai 2012 à 16:36
@Isa. Un ministre sans expérience cela n'existe pas! Il n'a pas l'expérience de la charge, mais oui celle du langage. Un ministre de la culture n'est pas là pour évoquer le sort des travailleurs des acieries perdues de Lorraine! S'il est vrai que les ouvriers contribuent à l'enrichissement du patron, que seraient ceux-là sans celui-ci? Je vais vous le dire en poésie:
Ombres et silences
...
Que serait donc la voix du violon qui vibre
Sans la caresse pure des longs silences libres
Qui parlent encore mieux à l'âme d'infini.
Et vous flambeaux ardents, esprits sans nombre
Lumières obstinées dans les siècles bannis,
Que serait donc l'éclat de vos feux sans les ombres.
Rédigé par : adamastor | 21 mai 2012 à 17:13
Pour un socialiste, toute solution en dehors de l'Etat est mauvaise. L'argent privé est sale, il pue, il a été gagné avec la sueurs des ouvriers, par des combines louches qui ont généré du profit, et ça, c'est la tache indélébile.
L'argent public est propre, il sent bon, il est prélevé justement, et les choix des fonctionnaires sont forcément éclairés.
C'est le mal qui ronge ce pays, son cancer, et c'est ce qui le tuera.
Rédigé par : Le Nain | 21 mai 2012 à 17:35
En plus, cela me rappelle les heures sombres d'un solide antisémitisme d'autrefois: ou comment les riches familles juives étaient détestées à la fois pour leur argent, mais aussi parce qu'elles donnaient une bonne partie de cet argent pour valoriser le patrimoine.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 22 mai 2012 à 10:15
Attention Valérie, on approche le point Godwin! :D
Personnellement, je n'aime pas le don autre qu'anonyme, je trouve ça d'une vulgarité crasse (c'est pourquoi je surveille assez souvent les projets de loi visant le don d'organe/sang, derniers bastions du don anonyme et gratuit).
Mais hé, à moins que l'état ne soit capable de financer ce genre de fondation / projet, je ne peux que m'incliner quand le mécénat prend le relais.
Rédigé par : Fredouat | 22 mai 2012 à 11:36
Pas besoin de te répondre, Fred : Le Nain et l'Amant de la cousine Bette (j'adore votre pseudo)l'ont parfaitement fait à ma place. Quant à la vulgarité: en l'occurrence, je la loge chez Mme Filipetti. Et dans le silence des médias sur cette saillie particulièrement stupide de notre ministre.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 22 mai 2012 à 12:16
Si, finalement, une réponse (qui rejoint Le Nain):
"Les choses tristes, plus belles pour l'esprit, y trouvent plus de prolongements que les choses heureuses. Le mot soir plus beau que le mot matin, le mot nuit que le mot jour, le mot automne que le mot été, le mot adieu que le mot bonjour, le malheur plus beau que le bonheur, la solitude plus belle que la famille, le groupement, la mélancolie plus belle que la gaieté, la mort que la naissance. A talent égal, l'échec plus beau que le succès. (...) Un écrivain de grand talent mourant dans la pauvreté plus beau que l'écrivain mourant millionnaire. L'homme, la femme qui ont aimé, ont été aimés, finissant leur vie dans une chambre au dernier étage, n'ayant pour fortune et pour compagnie que leurs souvenirs, plus beau que le grand-père entouré de ses petits-enfants et que la douairière encore fêtée dans son aisance.
D'où cela vient-il, qui se trouve chez chacun de nous à des degrés différents? Y a-t-il au fond de nous, plus ou moins, un désenchantement, une mélancolie qui se satisfont là - et qu'il faut détester et rejeter comme un poison."
Paul Léautaud Notes retrouvées. A envoyer en urgence à Mme Filippetti
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 22 mai 2012 à 15:44
Ce que je n'arrive pas à comprendre c'est pourquoi en France,chez les socialistes, on n'est pas capable d'avoir une attitude saine par rapport à l'argent, si on en gagne tant mieux si on devient mécène, c'est encore mieux, si cela nous permet ensuite d'admirer de belles choses, de permettre la restauration de musées ou de bâtiments historique. Et Versailles alors, on critique les mécènes américains, mais on est enchanté d'avoir le château du Roi Soleil en bel état,avec d'admirables fontaines et jardins. Beaucoup d'endoctrinement chez les jeunes de gauche, je ne comprends pas pourquoi ils veulent à tout prix nous culpabiliser, et recommencer leur bourrage de crâne comme pendant les années miterrandiennes.
Rédigé par : Catherine | 22 mai 2012 à 16:53
Le rapport à l'argent des nations qui restèrent catholiques est complètement différent de celles qui passèrent à la Réforme, ce qui explique en grande partie les sensibilités divergentes sur ce sujet. Bon, je sais bien que Max Weber est un peu dépassé, mais pour certains points, je crois qu'il a raison.
Les socialistes d'aujourd'hui ont repris à leur compte les diatribes catholiques contre les riches, quelques soient leurs origines. Notons que l'antisémitisme qui est racial est une construction récente, qui ne date que du XIXème siècle, et qui n'a rien à voir avec l'antijudaisme qui est une question purement religieuse.
Rédigé par : Le Nain | 22 mai 2012 à 17:43
Juste en passant, car je ne suis pas aussi érudite que vous et que les gens qui commentent mais lorsqu'elle a dit ça Aurélie Filippetti n'était pas encore ministre comme semblent le comprendre certains.
De plus l'interview est tronquée car il manque la fin que voici.
Enfin, Aurélie Filippetti précise dans Le Monde « (…) nous sommes favorables à la création d'une charte nationale du mécénat, une sorte de dispositif d'agrément de tout marché qui dépasserait le million d'euros. ». Elle s’appuie sur un rapport de la Cour des comptes qui « dit exactement la même chose »
Et puis sur ce 1,5 millions d'euros, il y a 900 000 qui viennnent de nos impôts, puisque il me semble ce don leur rapporte 60 % de remise d'impôt.
Beaucoup plus chère qu'une foire aux mirabelles !!
Après je ne suis pas contre le mécénat car j'en sais l'importance pour notre patrimoine.
Je vous conseille de lire " les derniers jours de la classe ouvrière " de ce ministre qui dans ce livre n'est que la fille d'un exilé italien, mineur en Lorraine.( et je vais lire "le dernier des Camondo")
La prolo
Rédigé par : La prolo | 22 mai 2012 à 22:09
Je vous remercie pour cette précision. Sachez cependant je ne dirai jamais que Mme Filippetti n'est QUE la fille d'un exilé italien mineur en lorraine. Je suis issue de deux milieux très différents. Mais en parlant de mon grand-père maternel, jamais je n'aurais pu dire qu'il n'était QUE représentant de commerce. Des gens généreux, j'en ai vu partout. Des roulures aussi. Quant à mon érudition... Je vous remercie si c'est pour vous un compliment.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 22 mai 2012 à 22:36
Chère camarade prolo, je rend hommage à votre courage et honnêteté intellectuels. Même si vous m'inquiétez...pour être passé par cette approche. Ne vous méprenez pas. Les personnes que vous pouvez croiser sur ce "blog" -( le terme m'est quasi indigeste, mais bon )- sont attachées plus que tout à la flamme de la culture. C'est immense. Mais les propos de la ministre sont une énormité, dangereusement révélatrice à nos yeux, car mille fois vérifiée.
La Cour des Comptes émet rapports et recommandations accessibles à tous. Surtout, préservez votre authenticité et soyez très circonspecte envers ce type d'institution.
Vous êtes indispensable.
Rédigé par : L'amant-de-la-cousine-Bette | 23 mai 2012 à 07:37
Coucou, me revoilou !
Et ravi, tout en regrettant, de constater que durant cette semaine de non-lecture de mes blogs préférés, nôtre hôtesse ait retrouvé son clavier ...
Ceci-dit sur le sujet du jour, ma critique serait plutôt à la délocalisation-"duplication" d'un musée originel.
Tout comme pour Le Louvre dans je ne sais plus quel état du Golfe Persique.
Rédigé par : Dominique | 23 mai 2012 à 15:37
Précision: ce n'est pas que Valérie ait retrouvé son clavier que je regrette, mais de n'avoir pas lu et commenté en direct les 3 dernières notes ...
Rédigé par : Dominique | 23 mai 2012 à 15:39
La différence, je pense que c'est ce que la ministre voulait exprimer, c'est qu'auparavant, les édifices culturels n'étaient pas transformés en bannières publicitaires. Imaginez, Versailles, dont les façades deviendraient un catalogue de marques...
Un temps où les bateaux partaient pour des courses en mer qui faisaient rêver, avec de vrais noms de bateaux, qui faisaient tout autant rêver... comme Manureva. Pas Fleury-Michon...
Voilà qui me chagrine tout autant qu'Aurélie Filippetti. Et je n'y vois pas la marque d'une quelconque inculture. Il ne s'agit pas de l'anonymat des mécènes mais de leur élégance. De ne pas faire de la comm' à tout prix, en toute occasion...
Rédigé par : frieda | 30 mai 2012 à 11:06
Le mécénat ne peut plus être anonyme, c'est une question légale. A ersailles, tu as une plaque indiquant le nom des donateurs. Et je n'ai aucun problème à me faire soigner à la Fondation Rothschild qui a une excellente équipe neurologique. J'en ai assez qu'on oppose puissants et misérables, comme si les riches étaient toujours des crétins pompeux et les pauvres d'admirables personnes courageuses. C'est non seulement faux, mais dangereux. Personne n'a le monopole de la vertu
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 mai 2012 à 11:43