Bien bien bien... Je vous ai sagement écoutés pour le choix de ma littérature de vacances, retour donc sur le digeste et l'indigeste.
Deux sagas dévorées : Les piliers de la terre et Les enfants de la terre.
Commençons par Les enfants de la Terre de Jean Auel, l'Américaine amoureuse des hommes des cavernes :
Il était une fois, en 35 000 avant notre ère, une petite Cro magnone orpheline qui fut recueillie par un clan Néandertal... Les deux premiers tomes sont stupéfiants. Et je sais de quoi je parle, j'ai suivi des UV d'archéologie préhistorique. Plaignez-moi: il n' y avait pas plus ennuyeux que les professeurs dévolus à cette époque. Ils étaient au-delà du rasoir, secs, scientifiques au pire sens du mot, opaques, verbeux- épouvantables. Et arrogants avec ça...
Alors apprendre la géographie, la faune et la flore qui peuplaient la planète au début de l'humanité grâce à une belle histoire, ça n'a pas de prix. Évidemment c'est une Américaine qui réussit l'exploit, pas un cacique de Paris IV.
Gros bémol: après les deux premiers romans ça se gâte sec; dès que l'héroïne se socialise, elle devient archi cucul. La saga s'effondre totalement au tome 3 et ne se relève pas. La faute à la construction psychologique qui se répète, tire sur les grosses ficelles et meurt de ses ratiocinations. Avec le "bienvenue au pays de l'homo sapiens sapiens", l'étrangeté des débuts tire sa révérence.
A bien y regarder, quelle douce époque pour les femmes! Le viol est puni par la mort, les hommes sont bons à ramasser des framboises et à servir d'étalons aimants aux femmes qui les choisissent (Jean Auel a dû profiter de ses lointaines archives pour modeler un homme altruiste et tendre, un rêve). Les Cro magnons sont merveilleux, les Néandertal brutaux et assez crétins - sauf le sorcier et le chef de la tribu. Dompter un lion, découvrir l'équitation, soigner et guérir, avaler des tisanes abortives, arriver à faire un feu en 2 mn chrono est du ressort de l'héroïne - le mec est là pour applaudir. J'aimerais bien être La Femme Qui Ordonne... On a régressé à un point...
Les Piliers de la terre de Ken Follett, à présent... et bien ce n'est pas si éloigné comme thématique - les titres des deux ouvrages se ressemblent étrangement - sauf qu'on plonge dans l'Angleterre du 12e siècle en pleine guerre civile, juste avant le règne d'Henri Plantagenêt. Le début est assez lent, désincarné et sans doute plus juste psychologiquement que chez miss Auel. A savoir: on suit une famille de maçons affamés lesquels, dans leur lutte pour la survie, n'ont pas le luxe d'éprouver des émotions. Forêts dangereuses, villages insalubres et fin de l'art roman... La famille atterrit dans un prieuré et les sentiments débarquent enfin avec la Connaissance.
Au Moyen-Age, si on suit Follett, les personnes les plus intelligentes sont les femmes et les moines. Les hommes "normaux" sont soit des seigneurs barbares, sanguins, psychotiques et demeurés, soit des serfs mesquins, jaloux et tout aussi demeurés. Édifiant.
Mais les deux tomes qui composent les Piliers de la Terre sont bien construits, vivants- ils apprennent beaucoup quant au mode de vie de cette époque. En revanche ne lisez pas la suite tardive intitulée Un Monde sans fin, c'est une laborieuse redite des premières aventures du prieuré de Kingsbridge.
Baisers de la pine'up qui s'interroge: l'homme s'est-il auto-bouffé, faute de stratégie valable? Une chose est certaine, il a grand besoin de la femme. L'inverse est, au regard de ces deux écrivains, beaucoup moins évident...
Ps: un grand merci à la princesse de Fuveau et à son accueil gorgé de pépites de soleil