Il a fallu en couper, des chapitres. Parfois la mort dans l'âme.
Extrait d'un chapitre disparu, qui s'intitulait "Je suis la mère de mon mari". La parole est donc à Corinne/Catherine, l'épouse quittée :
Mon fils m'a mise sur la voie en me disant, un jour qu'il rentrait d'une balade à rollers avec son père: "Papa est trop cool, c'est mieux qu'un père, c'est mon grand frère!"
J'ai ri alors que j'aurais dû hurler : "Tout mais pas ça !". Je n'ai pas entendu ce qui se disait entre les lignes : "Tu es la mère de papa !".
Ma copine Marie, plus âgée que Matthias, emploie d'autres termes pour signifier la même chose : "Christian a grandi sous ton aile jusqu'au jour où il s'est senti capable de déployer les siennes et de sortir du nid". Alors qui pleure-je aujourd'hui, un fils, un mari, un amant ? Je les pleure tous à la fois. Je pleure comme une petite fille, celle que je n'ai jamais cessé d'être, celle à laquelle sa mère disait : "J'ai fait une jaunisse le jour où tu es née". La famille : un des plus puissants appareils idéologiques d'État disait Louis Althusser. Un des plus puissants fantasmes aussi. Lieu des identifications manquées et des névroses réussies, de tous les espoirs et tous les échecs. Garçon manqué, fille ratée, rien ne m'aura été épargné.
"Après ta naissance, je me suis tapé dix-huit mois de dépression nerveuse", m'a avoué mon père récemment après une demi-bouteille de chablis. Neuf mois de nausées pour ma mère couronnés d'une jaunisse, un an de déprime pour mon père, il faut reconnaître qu'ils ont payé le prix.
A moi de ne pas le faire payer à mes fils. S'il y a une leçon à tirer, c'est bien celle-là.
Hélas, j'ai beau leur expliquer : "J'ai perdu un mari, mais vous avez toujours un père", il leur manque quand même le mari de leur mère.
Matthias m'implore : "Est ce que je pourrais avoir un hamster pour remplacer papa?". Je ris d'imaginer Christian dans une cage, pédalant comme un fou sur sa roue, ce que Matthias interprète comme un encouragement :
- En plus ça rendrait service à mon copain Franck, sa femelle est enceinte et ça ferait un bébé de moins à tuer.
- Quelle horreur ! Il les tue comment ?
- Il les grille sur une plaque.
- On verra, mais on ne l'appellera pas papa !
Matthias me présente ses peluches que je connais par cœur, bien installées sur la couette.
- Lui c'est Tiny le dauphin, là c'est Whisky, le koala... j'ai hâte de trouver un nom pour mon hamster, j'adore choisir des noms, pas toi ?
Oh que si ! Et j'ai un répertoire que je ne te soumettrai pas, celui dans lequel je pioche quand je passe l'aspiro et dont les mots désignent tous ton père, ce héros.
Matthias me serre le cœur avec ses engouements de bébé, déjà douze ans et si petit. Matthias, Guillaume... Je vais mieux, je pense à eux. Matthias, Guillaume, Matthias.... Tu l'auras, ton hamster. Et je serai sa maman.
Mmoui, Althusser a écrit quelques belles choses et proféré beaucoup de bêtises, et la citation proposée en est une.
La famille nucléaire est comme la bombe du même nom, quand elle explose, elle fait aussi beaucoup de victimes.
Rédigé par : Le Nain | 30 juin 2011 à 15:14
Les deux sont vrais : l'explosion fait des victimes, mais la conservation peut également détraquer. Des hommes, plus que des femmes, m'ont raconté à quel point le:"Je reste A CAUSE DE TOI, sinon il y a belle lurette que je serais partie", proféré par leur mère, les avaient anéantis.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 juin 2011 à 16:13
Dans un couple désuni, que les parents restent ensemble ou pas, il me semble que ce sont toujours les enfants qui trinquent.
Mais je dois avouer que le divorce reste pour moi un mystère que je n'arrive pas à comprendre, sauf les cas de violences qu'elles soient physiques ou psychologiques.
Peut être suis je trop entier et absolu dans mon engagement, avec la volonté de résoudre les problèmes qui se posent à chaque couple, car lequel n'en a pas connu avec la chance d'avoir une épouse qui partage la même volonté, ce qui fait que nous fêterons nos trente-trois ans de mariage demain.
Mais chaque couple est unique, et je me garde bien de juger.
Rédigé par : Le Nain | 30 juin 2011 à 17:14
je vous adresse mes félicitation et mon admiration : un couple, c'est de l'amour, des efforts, des compromis et de la gentillesse en dépit de l'inévitable usure, de l'inévitable ennui. Pour la même volonté, il faut en effet être deux à vouloir le mieux pour l'autre. Parfois, hélas, certains détruisent l'autre, physiquement ou verbalement... et dans ce cas, mieux vaut abandonner le duo
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 juin 2011 à 17:19
@ Valérie: certes mieux vaut abandonner le duo, mais lorsqu'il ne s'agit que d'un duo ...
Dès lors qu'il y ades enfants le plus responsable est d'assumer et d'aller jusqu'au bout, sauf bien sûr dans les hypothèses énoncées par Le Nain !
Rédigé par : Dominique | 30 juin 2011 à 21:11
je ne pense pas qu'il faut rester quand il n'y a plus d'amour entre deux êtres ? Même avec des enfants .
De toutes les façons ces derniers souffriront.
Rédigé par : Elibéran | 30 juin 2011 à 21:44
Je crois qu'on peut ne pas aimer la personne avec laquelle on vit un matin... et la "re-aimer" l'après midi. que tout couple mérite effort. Mais aussi, quand la situation, pour diverse raisons (l'échec de mon couple fait partie des éléments énoncés par Le Nain) devient intolérable, il faut partir, avec parfois la culpabilité mêlée de soulagement que cela entraîne.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 01 juillet 2011 à 00:36
Bien sùr qu'il faut faire des efforts,je suis d'accord ,tout n'est pas toujours rose pour diverses choses mais je pense qu'on peut se lasser de quelqu'un.
c'est mon avis pas mon cas !40 ans de mariage dans 13jours sans nuages mais il a bien fallu faire quelques concessions ,des deux côtés au fil du temps avec nos caractères différents.
Quand il y a violence physique ou morale ! c'est sùr qu'il faut avoir du "courage" et savoir partir même si l'on aime.
Mais bon ,c'est "simple " de donner des conseils !
Rédigé par : Elibéran | 01 juillet 2011 à 07:33
Chaque femme est unique, chaque homme est unique, et chaque couple aussi. Alors chacun fait comme il veut, et surtout comme il peut ! Il n'y a pas de mauvais choix, ni de bon choix. La seule certitude, c'est qu'être un couple durable dans l'amour n'est pas chose aisée.
Rédigé par : Caritate | 01 juillet 2011 à 10:07
Je souscrit totalement à la notion de cas par cas : il y a autant de divorces que de situations particulières
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 01 juillet 2011 à 11:02
J'en reviens au film "La guerre des roses" (des rosses ?) et à son propos de Dany de Vito cité dans un commentaire d'une précédente note de ce même blog !
(tant pis pour ceux qui n'ont pas suivi ...)
Et permettez-moi de regretter que beaucoup soit fait pour faciliter les divorces et y inciter.
Rédigé par : Dominique | 01 juillet 2011 à 11:12
la guerre des Rose parle d'une névrose assez particulière : celle de personnes qui ont besoin d'un climat de violence pour s'aimer... Cas par cas, Dominique, cas par cas...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 01 juillet 2011 à 11:15
Chaque couple est différent c'est sûr.Si l'amour existe et qu'aucun problème ne vient troubler notre vie ,on se dit que l'on a réussi .
Rédigé par : Elibéran | 01 juillet 2011 à 12:01
Cas par cas, je crois au cas par cas, on le voit bien dans votre livre, deux femmes et deux situations très differentes. Rester quoi qu'il arrive je ne pense pas que ce soit LA solution et je suis d'accord quel que soit notre choix ce sont les enfants qui souffriront : de voir leurs parents se déchirer, se "désaimer" ou de les voir se séparer...ne leur doit on pas de leur démontrer qu'il est possible d'être heureux ?
Rédigé par : Sandra DC | 01 juillet 2011 à 16:18
Sandra : 100% d'accord!
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 01 juillet 2011 à 16:22
Paailleurs le divorce est anti économique et anti écologique:
- dans un couple les charges fixes sont supportées par deux sources de revenus
- pour une séparation, deux maisons au lieu d'une avec tout le toutim électro-ménager qui va avec et leurs consommations énergétiques
- avec le peu de logements disponibles à Paris n'est il pas égoïste de la part des divorcés de priver les jeunes de logements qui seraient disponibles sans celà ?
Rédigé par : Dominique | 01 juillet 2011 à 18:32
Il y a de plus en plus de gens qui se détestent, mais qui n'ont pas les moyens de divorcer : je ne suis pas certaine que ce soit un "plus"
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 01 juillet 2011 à 18:34
Genre "Le Chat" de Pierre Granier-Deferre ?
Rédigé par : Dominique | 02 juillet 2011 à 18:20
Ou pire dans l'enfer conjugal : "La poison" (Guitry)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 02 juillet 2011 à 19:46