Michèle Fitoussi, une plume ELLE, vient de sortir une biographie sur la papesse de la cosmétique, La Rubinstein : Helena Rubinstein, la femme qui inventa la beauté (Grasset).
C'est une bonne biographie, bien que le début soit poussif. Mais si le style de Fitoussi est plus journalistique que littéraire, il évite le mal écrit, le pathos, le "royal canin".
Danger de ce genre de sujet : tomber dans l'hagiographie de la-petite-Polonaise-partie-de rien-et-qui-conquiert-le-monde. Écueil très bien contré : sujet/verbe/complément, et un portrait où l'auteur se fait translucide pour laisser Rubinstein exister, timide et tyrannique.
Trois femmes ont conquis l'univers de la beauté au XXe siècle : Elisabeth Arden, Helena Rubinstein et Estée Lauder. Leur parcours est assez similaire. Famille pauvre, gamines ayant envie de s'en sortir, un aïeul doué en chimie qui cuisine ses potions magiques à la lanoline dans l'arrière-boutique d'une masure. A partir d'un sens de l'observation et d'un pot de crème, ces génies féminins ont bâti des empires. Boulot acharné. 7 jours sur 7. Vie familiale, néant. Obstacles infranchissables (sexisme, antisémitisme). Caractères compliqués, énergie admirable. Des sans pitiés, oui, mais des sans pareilles. Rubinstein est la plus européenne des trois, même si son triomphe commença dans les années 1900 en Australie où elle était partie, à 20 ans, sans le sou. Quand elle évoquait les début de son travail, une fois arrivée au sommet de la pyramide,
Rubinstein disait :"si j'avais su les efforts que j'allais devoir fournir, je me serais tuée". On ne la croit pas mais la phrase est violente.
Elle détestait ses rivales, qui le lui rendaient bien. Quand Arden se sectionna un doigt lors d'un accident équestre, Rubinstein demanda : "comment va le cheval?"
Rubinstein se fichait complètement de la politique, à part une passion pour de Gaulle. Elle n'existait que pour son travail, parcourant le monde, fichant la zizanie dans ses équipes, maquillant encore elle-même ses clientes sur les stands à 87 ans.
On referme ce livre en se disant que les autodidactes d'exception méritent leur couronnement.
Baisers de la pine'up qui aimerait être plus "à poigne". Helena, donne-moi un peu de ta potion magique...
juste un petit peu, trop de potion devient un peu compliqué pour l'entourage!!
Rédigé par : sophie | 07 novembre 2010 à 17:16
Ah ça! sans doute... Mais comme j'aimerais avoir moins de scrupules et plus de peps, avoir une intelligence pragmatique !
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 07 novembre 2010 à 17:31
J'admire et j'envie en même temps les femmes de cette trempe, qui ont des couilles.
Rédigé par : Caritate | 07 novembre 2010 à 18:17
C'est plutôt rassurant les personnes qui ont des scrupules.Je ne trouve pas vraiment drôle l'intelligence pragmatique!!Et puis,elle est pas mal votre intelligence emotionnelle:)alors...
Rédigé par : sophie | 07 novembre 2010 à 18:20
Merci! ça me réconforte. mais quand même, j'aimerais bien avoir des instincts de bâtisseuse. Ou plutôt je sais construire mais uniquement, comme vous le soulignez, de façon émotionnelle (s'occuper de la famille, etc). parfois, je rêve... créer ma boîte... Une librairie ? pas évident. Je n'ai pas "ça", cette volonté de faire. Je reste trop dans l'imaginaire. Et je sens qu'il faut que je bouge, à ma façon, lentement... si je créais une structure, j'aurais envie d'embaucher des personnes handicapées, car on leur donne trop peu de chances dans ce fichu pays. Pourtant, je ne crois pas qu'on puisse estimer les compétences d'une personne à l'aune de ses souffrances mais à la façon dont elle les surmonte... celles et ceux qui maîtrisent leurs difficultés sont intéressants et sous-employés.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 07 novembre 2010 à 19:11