les amitiés adolescentes... Il était une fois une jeune fille de 16 ans qui eut la chance d'aller aux USA. Elle y rencontra, dans un état du sud, un garçon bourré d'énergie, drôle et idéaliste. Son père, et il en était très fier, fut un des premiers avocats à défendre un noir dans cet état. Il lui raconta les inégalités présentes, la puissance sordide du Klan, etc.
Pendant des années, ce garçon fut mon meilleur ami. Il m'emmenait dans les marais du sud de son état paumé, pour rendre visite à des chevelus qui fabriquaient des fromages bios dans des caravanes.
On se marrait. On refaisait le monde sur la plage. Nous n'étions pas amoureux, nous étions de vrais amis. Pendant 10 ans, on s'est écrit tous les mois. Internet n'existant pas, il est le seul individu dont je connais le code postal par cœur. Après de brillantes études, il a tout plaqué pour devenir prof d'histoire au Zimbabwe, puis organisateur d'une société de microcrédit en Afrique. Je me souviens aussi du code postal d'Harare... Nos vies ont fini par nous séparer. Depuis 20 ans, plus rien. Un jour, sur Facebook, je vois son nom.
"Are you THE man i knew ?
- YESSS !" C'est ainsi que le dialogue est revenu. J'avais laissé à 26 ans un prof parcourant le monde je retrouve... le sénateur démocrate de son district ! (et en dépit de la dernière branlée électorale là-bas, il a conservé son siège).
Son frère aîné a une responsabilité encore plus importante que la sienne, car il a rédigé la loi de la santé qu'Obama a réussi à faire passer. Quelle famille... Léger bémol : avant, mon ami signait ses lettres : "kisses and love". A présent, j'ai droit à un "all my best" en bas de nos e-mails nettement moins affectueux (m'en fous, j'ai gardé ses écrits, je ne jette rien, hé hé...).
Il y a une semaine, bingo : "Valerie, suis de passage à Paris pour des conférences sur les nouvelles énergies. on peut se voir, si tu veux". Et comment que je voulais ! j'ai maladroitement expliqué à Ingalls que cet homme était comme un frère pour moi - LE mot à ne pas dire, je sais, ça fait tout de suite adultère masqué - et Ingalls est parti bouder à la campagne. Ce matin, le déj des retrouvailles eut lieu.
Alors ? j'ai quitté un pétillant célibataire, je retrouve un homme marié/3 enfants / une femme admirable. Un père qui lit tous les soirs, depuis qu'ils savent hurler, une histoire à ses jeunes enfants. Un père au foyer parfait, attentif aux désirs de son épouse, un homme comme on en fait à présent : le féminisme a du bon, il est idéalement attentif au partage des tâches. Côté humour, nette chute : sans doute était-il fatigué, laminé par sa dernière campagne car je l'ai trouvé très... solennel. Peut-être est-il vain de courir après un humour de jeunesse, peut-être que la vie nous construit selon des responsabilités qui nous protègent, et sa prudence a sans doute du bon.
Je regrette la fantaisie de l'ancien pote, mais j'admire l'équilibre de l'homme heureux.
Je pense quand même que ça doit faire un bail qu'il n'a pas mangé du fromage bio dans une caravane, mais qui sait ?
Baisers d'une pine'up qui s'interroge. Doit-on garder de légers signes de folie, ou renoncer et entrer dans le rang ? Je n'ai pas la réponse, car il faut du courage et pour l'un, et pour l'autre...
A d'autres retrouvailles, et à une visite AVEC Ingalls au pays des plages, des lacs et des forêts, là où vit sereinement mon meilleur ami, auquel je donne encore du kisses and love.
J'aime le choix de l'album de Crosby Stills & Nash en insert. Merveilleux souvenir pour moi. #yadoncpasquecatsetevensdanstonpantheon
Rédigé par : Mossieur-Resse | 14 novembre 2010 à 16:41
C'est probablement un des albums que je préfère #supersouvenirpourmoiaussi
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 14 novembre 2010 à 16:48
comme quoi fb a du bon...!
moi aussi j'ai été prof d'histoire au Zimbabwe (véridique), j'ai eu 3 enfants avec une femme admirable (tu confirmes?!)... qui m'a fait apprécier le fromage bio (jamais en caravane) et on a vécu à l'autre bout du monde (la tête à l'envers)...
bon alors évidemment, je ne suis pas sénateur (US vs France, cherchez l'erreur) mais suis toujours pétillant (enfin j'essaie)...
si c'est possible ;-)
Rédigé par : bv | 14 novembre 2010 à 18:03
Jolie histoire Valérie, avec un léger parfum de nostalgie qui lui sied bien
Moi j'y lis surtout que tu es de celles que l'on oublie pas
A bientôt
Je t'embrasse
Rédigé par : Anne | 14 novembre 2010 à 18:08
Bonsoir Valérie: c'est ton deuxième billet (aussi beau que le précédent) que j'adresse en copié/collé à la mère de mes enfants !
Rédigé par : Dominique | 14 novembre 2010 à 18:24
bv, as-tu lu "nos voisins du dessous" de Bryson ? j'ai vu sur ton blog que tu revenais d'Australie et ce bouquin est pour moi un des plus drôles au sujet du pays des kangourous. Pour le reste... Mon pote et toi présentez de troublantes similitudes !
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 14 novembre 2010 à 18:30
No comment, pour une fois, et il en faut pour me faire taire...
Rédigé par : Caritate | 14 novembre 2010 à 18:52
Valérie: culinairement n'oublie pas le kangourou est aussie très bon poché !...
Rédigé par : Dominique | 14 novembre 2010 à 18:58
Pourquoi dit-on que l'amitié ne peut exister entre un homme et une femme ! chabadabada.
Rédigé par : héléanne | 14 novembre 2010 à 20:23
Le plus amusant : je parle très vite -Ingalls, qui ne fait pas d'efforts, prétend que je suis à la limite de l'audible. Du coup, quand je parle anglais, je me jette dans mon rythme "normal" avec joie (et pire en espagnol); sauf que l'accent traînant du sud fait que mon meilleur ami parle encore plus lentement qu'Ingalls ("vaaaaaale'ouie!") et qu'il ne comprenait pas tb mon baragouin...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 14 novembre 2010 à 21:27
Pour toi, Anne, ce sera tj kisses and love
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 14 novembre 2010 à 22:23
"Kisses and love", jolie formule qui marque bien ta tendresse et ta fidélité, en amour cmme en amitié.
Rédigé par : Caritate | 15 novembre 2010 à 06:26
être un époux parfait, un père attentionné, tuerait-il l'humour?
Pour le peu que j'en connaisse, je dois dire que les parlementaires français (de gauche à droite) manifestent (en off) généralement plus d'humour que les élus US rep comme dém.
Alors qu'en public, c'est le contraire.
Bon, mais est-ce à dire que nos braves députés francaoui sont de moins bons époux?
Rédigé par : leblase | 18 novembre 2010 à 13:57
Eh, ça, chais pas ! Un truc : le frangin de mon copain, un homme à très, très haut poste ds l'équipe Obama, a démissionné car un de ses enfants avait un pb de santé et que son épouse n'y arrivait plus toute seule. Chapeau.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 18 novembre 2010 à 14:03
Est-ce une explication de circonstance ou crois-tu que ce soit sincère? On dit que Rahm lui-même ne voulait pas du poste (qu'il a finalement quitté) à cause de ses enfants..
Rédigé par : leblase | 18 novembre 2010 à 15:16
pour celui que je connais, c'est sincère. il est le genre d'homme à ne pas hésiter entre drame privé et ambition. Et je crois qu'il existent des gens qui donneraient tout, absolument tout, pour sauver leur gamin. Ils sont plus nombreux qu'on le pense.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 18 novembre 2010 à 15:50
j'ajoute : il est fort possible que j'aie idéalisé mon "humour de jeunesse" ; mais qu'il ait pensé à m'appeler pour m'inviter à un déjeuner 20 ans plus tard me touche infiniment. Sacré copain !
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 18 novembre 2010 à 19:36