Je vais et je crains
de m'égarer
Et je verse des grains de pavot
sur le pavé de l'Anamour
Un peu à la manière de cette courte chanson rieuse, "L'Arnacoeur" de Pascal Chaumeil est une gemme qui éclaire la comédie française d'un feu doux et nuancé.
Les deux héros, Duris et Paradis,
sont très bons, chacun ds leurs registres : virevoltant d'une souplesse Daniel Gélin/Belmondo jeunes pour Duris, plus en demi teinte pour notre Vanessa nationale qui perd en éclat ce qu'elle gagne en crédibilité : sa voix de bébé clopeur est devenue plus nette, plus adulte. Son jeu de regards est parfait. Sa silhouette de moineau gagnerait à s'étoffer (mais cela n'engage que moi). L'élégance clinquante de Duris complète à merveille la sobriété exsangue d'une Paradis languide.
Le film commence par un gag excellent - si on devait en retenir un, ce serait celui-là.
Mais revenons à nos acteurs : un film réussi, c'est aussi grâce au soin apporté aux deuxièmes couteaux. Et là, la galerie vaut son pesant d'or : Julie Ferrier explose
et François Damiens
n'est pas en reste en Belge fou. Mention également à Héléna Noguerra,
savoureuse nympho qui impose un jeu naturel à un personnage pas si facile à camper.
Hommage enfin aux scénaristes Jérémy Doner, Laurent Zeitoun et Yohan Gromb : les dialogues tombent parfaitement, à la virgule près. Justesse psychologique et justesse d'écriture qui coule, fluide dans un rythme qui ne faiblit à aucun moment.
En sortant du film, entourée d'une foule qui riait encore - très bon signe - délicieuse sensation de ne pas avoir été volée et d'avoir assisté à une comédie dont le succès est mérité. Et je ne le redirai jamais assez : RÉUSSIR UNE COMÉDIE EST MILLE FOIS PLUS ARDU QUE RÉUSSIR UN FILM NOIR !
Alors, en lice pour les Césars, l'Arnacoeur ? pour moi, il le mérite (mais comme d'hab, ce sera un truc de pleureuses ou de torture qui l'emportera)
La Paradis c'est pas l'enfer, c'est l'Anamour, foi de pine'up
On en sort le sourire aux lèvres, on a envie de bien s'habiller, de se remaquiller, d'aller au concert, de faire une petite virée de nuit dans un coupé sport à Monaco ! Quel enchantement !
Rédigé par : Armelle | 06 avril 2010 à 18:47
Échangerait Monaco contre Ravello et Duris contre Ingalls mais à part ça...
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 06 avril 2010 à 23:58
Oui, mais y a Romain Duris...
Rédigé par : Fredouat | 07 avril 2010 à 10:22
Fred : oui, mais c'est pas grave : c'est un de ses meilleurs rôles (et je ne suis pas séduite par son jeu habituellement)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 07 avril 2010 à 12:34