Vingt ans déjà… Cela passe si vite. Vingt ans environ que j’appartiens à la grande famille d’ « Un enfant par la main ».
J’ai découvert l’association au hasard d’une émission de télévision, « La marche du siècle » et j’avais été très émue à l’époque par les reportages montrant qu’avec une somme mensuelle minime on pouvait donner des chances éducatives à un enfant.
Le lendemain, je m’inscrivais au programme. J’étais enceinte de mon premier enfant. Je me suis retrouvée dans la même année mère et marraine pour la première fois de ma vie. Marraine d’un adorable Philippin de cinq ans, Joven. Joven a été cet ange gardien des antipodes, cet enfant aux lettres touchantes et auxquelles j’avais parfois du mal à répondre (mon anglais étant « so so », je faisais ce que je pouvais). Il poussait si vite que parfois, je ne m’en rendais pas compte. Ainsi, me trompant sur son âge, je me souviens lui avoir envoyé un Lego géant pour m’apercevoir, très gênée, que la photo que je recevais en retour avec une lettre de remerciements montrait déjà une longue silhouette d’adolescent. J’ai eu tendance, c’est vrai, à occulter l’âge réel de mon Joven. Un peu comme si je l’associais à mon fils de cinq ans son cadet.
J’étais partagée entre la vie trépidante, les soucis de mes propres enfants, les problèmes à régler au jour le jour et Joven qui semblait grandir tout seul, à l’autre bout du monde.
J’ai toujours senti chez Joven la force des survivants. Je savais quelque part qu’il y arriverait. Son calme, son visage serein, son regard me faisaient du bien.
Mon remords est pourtant là : autant je fus une marraine présente lors de son enfance, autant je n’ai pas été suffisamment active (lettre ou cadeaux) durant son adolescence. Un peu comme si je m’étais persuadée qu’il allait très bien savoir se débrouiller sans moi.
J’ai eu de la chance car ce fut le cas : c’est avec une immense fierté que j’ai appris à la fin de l’année 2009 que Joven était à présent diplômé et qu’il avait trouvé un travail d’ingénieur eaux et forêts.
Merci Joven pour ta persévérance, ta volonté. Merci de m’offrir le premier diplôme de mes enfants (mon fils prépare médecine, ma fille un CAP petite enfance). Tu n’es pas mon fils mais tu es dans mon cœur. Pour toujours. Comme Max et Colette, mes enfants bien-aimés.
Cette belle aventure, ce dialogue parfois distendu mais subtil, tout en finesse, je le dois à l’association, aux relais, à une organisation sans failles, à un bénévolat exceptionnel qui assure les relations parrains/enfants.
A présent, je repars dans une autre vie : celle de Dave, huit ans. Mon nouveau filleul. Mon nouveau « bébé ». Je nous souhaite à tous les deux tendresse et respect.
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