Mon frère Tergal a vraiment tout pour plaire (voir blog d’Hervé Depoil), alors, comme je ne peux rien lui refuser, un petit plongeon dans les seventies.
Je prends un parti pris total qui me fera bcp d’ennemis mais j’assume : je déteste la Nouvelle Vague et la quasi-totalité de ses cinéastes (avec une aversion particulière pour Rohmer, dialogues tj trop ou pas assez écrits, un cauchemar).
Hervé,
tu m’as dit : « Sautet »
Je te réponds : « les choses de la vie »
et « Max et les ferrailleurs ».
Claude Sautet a créé autour de ses acteurs fétiches une vision de couples aisés, libérés et mal à l’aise avec cette nouvelle insouciance – bref une sarabande d’hommes et de femmes qui n’arrivent pas à communiquer selon les schémas que la société a ouvert pour eux. Comment aimer la femme 70 ? Et quelle femme ! Car quand il s’agit de Romy Schneider on s’agenouille, on l’a dans la peau, on cherche son rire, on l’épie, on supporte ses colères, on essaie jusqu’à épuisement de tarir ses angoisses –on se damne pour elle.
Chevelure miel, front démesuré, sourire de chat et regard à l’amplitude émotionnelle inégalée, Romy est la mutante de ces années-là.
Ses photos les plus émouvantes furent prises par un photographe italien, Giancarlo Botti.
De temps à autre on peut en trouver sur e-bay (j’ai réussi !), sinon, une adresse : Galerie de l’instant, 46, rue de Poitou 75 003. Hervé tu dis à Julia que tu viens de ma part.
Mais revenons à Sautet : « les choses de la vie (1969) » est à mon sens plus révélateur que « Vincent, François etc » ou « César et Rosalie ». C’est une très bonne chronique de la bourgeoisie actuelle, des oscillations de l’homme moderne entre sa femme et sa maîtresse, le tout filmé avec un soin constant, une « qualité française ». « Max et les ferrailleurs » est plus torturé, plus original aussi. Ce que j’aime chez Sautet : voilà un réalisateur presque sans ego, il disparaît complètement pour mieux illustrer ses propos. C’est peut-être aussi sa limite : souvent, ses films sont entachés d’une sorte de tiédeur et on se demande quelle sera sa place dans l’histoire du cinéma. Celle d’un fin chroniqueur ? Celle d’un journaliste un peu laborieux ? J’oscille entre les deux. Mais des choses de la vie(70) à Une histoire simple(78), Sautet, c’est avant tout le peintre de Romy.
Ca n’a pas de prix.
Et puis il y en a un qu’il ne faut pas oublier : le scénariste. Et quand le scénariste est Jean-Loup Dabadie,
on se dit que la « qualité française », n’en déplaise à la Nouvelle Vague, elle a tout bon.
Frère Tergal, je te parlais de giscardisme triomphant pour Sautet et j’avais tort car les films cités sont plutôt pompidoliens. Mais dans ma tête de gamine, Romy et ses robes lavallière, ses sacs en bandoulières, ses chaussures à talons un peu gras (Saint-Laurent), sa nudité spontanée et triomphante, je ne sais pas pourquoi, je la date physiquement des années Giscard. Allez savoir…
Une impression aussi que la facilité dans laquelle elle évolue recèle des abymes. Que « le pouvoir d’achat » fait des déprimés.
Alors que toi et moi qui avons connu notre splendeur dans les années 80, macache ! Chômage-sida and co ! (et en plus, une mode horrible
et un design qu’on essaie péniblement de remettre au goût du jour,
mais qui veut de ça !!!)
Moi, si j’avais connu les années 70 à 20 ans je suis sûre que j’aurais perdu la tête. C’est peut-être la marque d’une génération perdue : celle d’avoir les pieds sur terre (pas le choix). Ps : je NE VEUX PLUS revoir une veste à padding.
A demain ! euh, plutôt dimanche, demain c'est salon du livre - samedi, mairie du 16e, dimanche, boulogne-billancourt -pour défendre