Once upon a time. Il était une fois est la formule de l'enfance. Une fois quand, une fois quoi? Et chacun de créer ses rêves imaginaires, ses peurs et ses contre-poisons. Les monarchies européennes qui ne servent plus qu'à faire joli obéissent à ces débuts de contes de fées, ou à défaut d'être jolis au moins tentent-ils d'être gracieux. Dans ces images de papier glacé, ces photos caritatives et ces réceptions de gala, une rose anglaise a pris toute la lumière et personne ne l'a jusqu'à présent égalée dans une rare alchimie de tendresse et d'acidité, alchimie qu'ont possédée au cinéma comme dans la vie Grace Kelly et Audrey Hepburn.
Voila 20 ans qu'une femme qui n'a jamais fait de mal à qui que ce soit, mais qui a été un des plus grands objets d'adoration, de convoitise ou de dépit à l'échelle mondiale, est morte. Chaque année, on se recueille à son souvenir. A l'heure de l'immédiateté, de l'amnésie, du consommable et du jetable, qu'on apprécie ou non Lady Diana, le phénomène reste troublant.
Je me souviens de l'annonce de sa mort, de ce que je faisais. Et pourtant je n'étais pas une folle de royauté ni d'étiquète. Je me souviens de la marée de fleurs devant Kensington et des visages défaits de ses deux enfants auxquels on demandait un effort surhumain, celui d'être filmés devant ces fleurs, au mépris de leur propre chagrin.
Alors j'ai regardé l'hommage télévisé qu'ils ont rendu à leur mère et j'y ai retrouvé la sincérité de l'amour maternel contenu dans un des plus beaux livres de fils à sa mère, celui de Sean Ferrer/Hepburn relatant Audrey Hepburn. Je conseille à tout le monde ce livre (Un fils se souvient, Plon) car il exhale sans aucune mièvrerie ou piège à pathos l'abandon filial à la confiance, le sursaut de l'adulte qui se met à peindre ses parents avec la justesse des sensibilités enfouies.
Quand le prince William évoque l'acuité développée par le manque ("lorsqu'avec mon frère nous rencontrons des gens qui ont perdu un parent ou un être cher, nous le percevons immédiatement. Comme si nous appartenions au même club, ce club qu'on ne souhaite à personne"), son sourire et son regard s'annulent tout en se mélangeant aux expressions de son frère Harry.
Il y a le never explain never complain, auquel j'ai toujours préféré le never complain always explain...
On peut trouver une vanité à cet hommage anglais, on peut dire que ça ne nous intéresse pas ou qu'on n'éprouve qu'indifférence polie. Mais hélas, les événements funèbres autour de personnalités qui ont marqué l'imaginaire sont aussi entachés par les dévoreurs de cadavres, cette engeance qui fait souvent du mal aux autres pour se faire remarquer. Comme si la méchanceté était un moyen d'exister.
Une espèce de crapule pseudo psy a donc profité des émois pour réaliser un doc snob,vide et fielleux qui a du lui rapporter beaucoup d'argent pour si peu de travail, et Libé a publié aujourd'hui un article d'une telle lâcheté (critiquer une morte pour son manque de diplômes) qu'à défaut de fanatisme pro Diana j'ai eu envie d'aller lui rendre mon petit hommage.
Chère Princesse, je vous remercie au delà de votre image de tendresse; votre rôle de papier glacé, vous l'avez si bien tenu que votre ex belle famille en était devenue jalouse au lieu de vous en féliciter, ce que j'ai toujours trouvé bien triste, comme réaction. Je retiens votre capacité à devenir un révélateur : vous révélez les médiocrités des mutilés qui vous disent sentimentale avec un mépris accolé à ce mot parce qu'ils sont incapables d'exprimer ce qu'ils ressentent. Vous révélez leur médiocrité mais aussi leur souffrance. Ils sont contents d'avoir un bon mot - un dernier mot qui ne leur coute rien. Derrière ce pauvre dernier mot il faut sans doute entendre des enfances "à la Charles", des enfances battues, ou maltraitées par des mots cinglants, des enfances de marche ou crève qui ne sont hélas pas libérées de lourdes séquelles sauf à obéir à celles et ceux qui continuent à les cogner, même d'outre-tombe. Quand l'envie de cogner les prend subitement, ils se tournent vers bien plus démunis qu'eux ; des enfants, par exemple ; une morte est aussi idéale pour y défouler les égocentrismes à peu de frais avec des pattes de mal aimé. Les arguments de droite (elle a failli faire chuter la royauté!) et de gauche (elle n'était pas cultivée!) se rejoignent en un même terrain de boue, celui des pitoyables créatures qui n'ont jamais remis leur vie en question. Ou qui la remettent en cause tous les matins avant de s'affaler dans l'à quoi bon. Vous avez raison, ces êtres-là, mieux vaut ne pas les écouter, c'est trop tard, ils sont sans doute un peu fichus, un peu trop vieux pour changer, un peu trop abimés pour faire confiance, mieux vaut donner de sa personne pour aider les enfants en détresse. Soigner le mal à la racine, pour que les êtres humains deviennent forts et non pas durs.
Il était une fois une jeune femme lumineuse. Qui a eu deux fils qui se souviennent. J'appartiens aussi au club de William et Harry. Je ne le souhaite à personne non plus. Respect. Toute ma tendresse à ceux qui savent se relever et aimer. Et qui savent le dire. Peut-être parce qu'on leur a bien dit.
Les citoyens d'aujourd'hui n'ont plus qu'une vague idée de ce qu'est la nation. On ne peut guère dire que celle-ci est représentée par un président qui est obligatoirement représentant que d'une partie du peuple , sauf si son rôle est d'inaugurer les chrysanthèmes.
La monarchie a cet avantage aujourd'hui d'être en dehors des partis et des divisions et permet d'incarner pour tout un chacun le pays dans toutes ses composantes. Elle est au dessus des contingences politiciennes.
Ceci explique pourquoi je suis ouvertement monarchiste et fort peu républicain.
Rédigé par : Le Nain | 04 septembre 2017 à 11:03
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre récit-témoignage : "Une cicatrice dans la tête". J'aimerais avoir votre adresse mail personnelle pour vous en toucher un mot. Peut-être serait-ce possible par Facebook, mais je ne suis pas inscrit sur ce site et ne souhaite pas m'y inscrire pour le moment.
Rédigé par : Jacques | 03 août 2018 à 17:29