Mon amour de Robbie
En cet an de grâce 2017, il nous reste un dernier survivant brit pop réchappé du charnier des désastres 2016 : toi, petit-fils d'Elvis et somptueux cousin de feu George Michael. Bijou des années 2000, trésor de sensualité joyeuse et de gravité bien planquée au delà de l'oesophage, compte sur la duchesse d'YOK pour te chérir, à ta juste place, celle du sommet...
Un soir des débuts de ce nouveau millénaire, alors que je dormais d'un oeil en regardant paresseusement Taratata, tu as déboulé comme une bombe sur l'écran, avec tes fringues de serveur, tes bras trapus décorés comme ceux d'un Maori, ton sens du rythme surexcité, l'oeil vert prêt à toutes les rigolades et la maitrise de tes reins au delà de la normale. Tu as retroussé tes belles babines et tu t'es jeté, coke à peine snifée, dans un morceau de tous les diables et de tous les péchés. Bimboland pour minettes, testostérone en mode farce et attrapes, sanglé dans l'amour de ta maman pour nous foutre à genoux, le diamant était là, resplendissant de goguenardise. J'étais sciée : je l'avais, ma nouvelle bête de scène...
Je t'ai suivi pas à pas, dans les grand-messes du rock. Tes errances, ta superbe, ta bipolarité, tes excès, ta drôlerie étourdissante, ton sens du timing de rêve, la façon dont tu portes dans tes bras le gosse éberlué à la fin d'un concert, ta gourmandise et ta stupéfaction non feintes quand les filles se prosternent à tes pieds. Robbie, tu aurais pu en mourir. 100 000 fois. Tu m'as souvent fait peur, toi.
Ready, ladies, je vais vous donner mon corps, presque à en crever. Presque, seulement, et la foule, bêlante, de te réclamer. Changement de registre, ta voix souple s'aventure sur le terrain de croonerland. Divine surprise, tu endosses le smoking avec une aisance grantienne, bondienne.
Saletés d'Anglais, vous êtes mieux que les autres. Chez nous, les Latins mâtinés de réforme et contre-réforme, on est soit un seigneur, soit un blaireau. Votre force, immense, est d'adouber les cockneys qui surpassent vos lords. Puis de les glorifier. Pas besoin de communisme, le peuple, vous en aimez les codes. Vous avez décapité votre pauvre Stuart avant même la tyrannie de notre roi soleil, votre histoire, remarquable de continuité, produit chaque siècle deux ou trois prodiges politiques, votre reine est allemande mais elle ruisselle d'anglicité - et en plus c'est une femme, vous n'avez pas eu de Révolution Française pour tuer dans l'oeuf le démarrage du féminisme - vos châteaux (hideux) sont préférés aux nôtres pour les tournages de films, vous avez inventé tous les sports y compris cette notion de fair play que vous trahissez sans vergogne. Salopards, je vous aime tant et tant...
Robert Peter Williams, tu es une Angleterre à toi seul. Le visage, mobile, le sourire, charmant, qui dévoile des canines pointues, la lèvre fine mais le charnu est dans le meilleur : juste au dessus, dans les renflements de ses extrémités. Toujours en lutte contre ton perpétuel embonpoint dont tu te fous, armé de ta souplesse en bandoulière.
Tu te paies le luxe du Royal Albert Hall. Tu l'as gagné au sang, celui-là. Tu y règneras, seigneur sous les violons, t'offrant une émotion finale, larmes qui affleurent et non, tu les refoules, tu les refoules de la plus belle des manières : avec ton sens du tempo sans égal, tu attrapes une dernière fois le micro et lances : "Mum ! This is your son thingin' : "I LOVE YOU." Terminé. Mrs Williams en gros plan, illuminée, et moi à terre sur le canapé. https://youtu.be/KipPyH4G6es
Mon Anglais de la rue, mon lord des ferveurs populaires, tu vas passer à Paris en Juin. Et en juin, compte sur moi, extatique au premier rang, pour te dévoiler, avec les blairettes qui m'accompagneront, mes poignets d'amour.
En attendant que notre pays aime son peuple... Happy new year, Robbie dearest. Ne meurs pas encore, quoique... You're right, to live and let die.
Bonus : la saint Valentin façon Robbie... Suis-je la seule à pleurer de rire ? Non... #CockneyLord
HAPPY NEW YEAR, ladies!
FEEL IT, FEEL HIM https://www.youtube.com/watch?v=Cb1FDCG5vBI
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