Je viens d'achever le roman de Houellebecq. Il ne mérite ni les foudres des gens bien pensants, ni les éloges des libertaires. C 'est un livre stylistiquement plutôt réussi mais peu crédible au niveau de l'intrigue, ce qui affadit la portée de la fable.
Le narrateur, sorte de Lucien Lacombe cultivé et souffreteux, nous raconte sa quête sourde de sens sous couvert de politique fiction. Double à peine distancié de l'auteur, il possède son don de l'observation, sa porosité, son fatalisme et, d'une certaine façon, sa soumission.
Le titre du roman, comme toujours chez Houellebecq, est essentiel.
Mais il manque pour un sujet pareil les sentiments d'angoisse et de nervosité. L'esprit d'analyse du romancier est presque trop développé, sa neutralité grisâtre, sa désincarnation n'arrivent pas à donner vie aux pages politiques du livre qui deviennent faibles au niveau du style.
L'intérêt du roman vaut surtout pour la blessure houellebecquienne, cette incapacité au courage qu'il décrit avec toute sa finesse. L'intérêt vient aussi de ce qu'il ne décrit pas : une hypersensibilité à la beauté. Homme ingrat, Houellebecq met en scène sa médiocrité physique de manière quasi posturale en réponse triste à la fameuse phrase de Dostoïevski : "La beauté sauvera le monde".
Ce sens-là de la vie ne lui est pas étranger : il lui est insupportable.
Alors il reste une interrogation polie, sensée, valable : peut-on vivre sans croire?
Cette interrogation est la réussite de ce livre, mais la réponse qu'il apporte est trop paresseuse pour être subtile.
Il reste aussi, curieusement, une excellente interview au journal "La Vie" qui laisse entrevoir ce qu'aurait pu donner Soumission si Houellebecq était allé vraiment au bout de son agnosticisme.
une belle tentative quand même pour capter l'improbable "air du temps" qui mine notre société.
Rédigé par : shimrod | 22 février 2015 à 12:05
C'est un des meilleurs auteurs contemporains, donc oui, bon livre, mais bien en deçà du précédent
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 27 février 2015 à 18:26