Il était une fois un hôtel de légende dans lequel j’ai passé une semaine au temps d' il y a longtemps. Sauf que je ne savais pas à l’époque combien ce palais fatigué recelait de fantômes éblouissants. J’étais jeune, je retrouvais une pote là-bas, avec toute l’insouciance des ignares. Je me souviens de l’Apache (ou Cheyenne) dont la silhouette s’encastrait dans les hauteurs des portes comme celle du Requin de James Bond. Je me souviens de la vieille photographe-dealeuse qui ne payait jamais son loyer. Des petits vieux à la réception qui nous souriaient particulièrement – je trouvais ça charmant – jusqu’à ce que je réalise qu’ils étaient persuadés qu’on couchait ensemble, ma pote et moi, ce qui a un peu refroidi mes regards attendris à leur égard. Je me souviens de la moquette crasseuse dans la chambre. De la ferronnerie ouvragée des balcons, qui donnait envie de rester des heures entières à cloper dehors par temps de canicule. e me souviens d’un restaurant de mafieux sur Alphabet st. avec des gens peu recommandables. De la folie bio qui commençait avec les vieilles junkies accros à l’herbe à chat. De l’écrivain d’origine écossaise ou irlandaise, beau comme un O’Toole desséché par l’alcool et avec lequel j’avais des discussions passionnées sur le cinéma hollywoodien (Robert ?, Robert who, j’ai oublié). Je me souviens d’un concert dans le Bronx. D’une boite sinistre. De la cage d’escalier dont je ne me lassais pas. J’admirais des photos collectionnées par Bertolucci et Saint-Laurent. Je n’avais aucune conscience de ce que je vivais. Je n’étais pas vraiment heureuse. Mais j’aimais les voyages. Une piqure de nostalgie de ce que fut le Chelsea hotel dans ma vie d’avant… Le Chelsea a été racheté et restauré, ce qui me coupe tout désir d’y remettre les pieds. Mais comme j’aimerais retourner à New York…
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