Décidément c’est une cliente chouchoute que T., la femme au prénom imprononçable. Avec le sens de l’harmonie hérité de son continent ébène, elle s’approprie YOK et me comprend tout de suite. Oh, elle n’est pas désorientée par les multiples objets qui vont de la brosse à cheveux aux enceintes bluetooth en passant par la chaise de bar ou la boite-livre. Elle l’a prise, la cage à oiseau jaune vif. Et aussi, la table grillagée. Elle est à un des instants les plus excitants de son existence : elle vient d’acheter sa maison. Elle a beaucoup réfléchi, beaucoup attendu. Beaucoup économisé. Sa voix est légèrement chantante, veloutée, d’une politesse d’un autre temps.
- C’est un tabouret ?
- Oui. C’est du rotin. Il vient du Danemark.
- Ah, je l’aime bien.
- Asseyez-vous, il est très confortable.
- Oui, on est bien dessus, mais voyez-vous, dans mon pays les gens sont… corpulents. Je le prends. Mais ce sera uniquement un élément de décoration.
Elle impose le plus grand des respects. Elle ne marchande pas. Elle n’est pas spontanée. Elle est douceur et quant à soi.
Hier aussi, visite du couple boulonnais que j’aime : Patrick et Anton. Les brumes bataves rejoignent l’Afrique dans la recherche d’une certaine épure.
Bon anniversaire, Cher Anton. A ton prochain livre qui évoquera l’esthétique humaine à l’approche du Grand Mystère.
A propos de grand mystère, que me dis-tu, de Là-Haut ?
Tu me chuchotes que la mort nous a séparés, comme dans la formule du mariage, « jusqu’à ce que la mort nous sépare ». Que c’est comme ça et qu’il faut que je m’y fasse. Qu’il faut, bien évidemment que j’aime à nouveau « Ma chérie, ne t’oublie pas, ce serait trop bête ». Aujourd’hui, tu aurais eu 54 ans.
« Laisse tomber ces dates absurdes qui ne veulent rien dire là où je suis. Continue ! Et dès que tu as le cœur gros, pense à quel point je t’ai aimée. Je ne suis pas mort en te demandant de me faire l’amour pour rien, hein ? ».
Ca, c’est certain. Alors à ma vie qui en effet continue, aux personnes qui me font cadeau de leur tendresse, à ma faculté de la recevoir. Et de la savourer.
merci pour ces lignes si pudiques, suaves et aimantes....
Rédigé par : christèle | 30 mai 2014 à 12:20
J'espère que je ne suis pas suave.Suavité est pour moi un mot répugnant,malsain, perfide et peu fiable. Je ne suis pas certaine d'être une personne pudique non plus!!! Mais pour "aimante", je suis touchée
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 mai 2014 à 15:44