La belle année, celle qui a jeté les bases de notre fabuleuse histoire. Nous étions d’abord des amis, des amis travaillant sur une maison sans se douter qu’elle serait un jour la notre. Neuf mois pour s’apprivoiser… Neuf mois pendant lesquels nous étions juste des potes. Je te trouvais beau, mais sombre. Tu me trouvais belle, mais allumée. Je crois que cela a commencé le jour où sommes allés ensemble à la Fnac faire une provision de tubes de notre jeunesse. Les classieux comme les inavouables. Notre premier fou-rire. Insidieusement les sentiments se sont renforcés : la maison ? Tu as construit un écrin pour moi. Tu as travaillé comme un fou pour la faire comme si tu m’avais devinée. Avant toi, personne n’avait pris le temps d’essayer de me déceler. Convoitée, je l’avais été. Observée, non. Qui a sonné la fin des approches ? Moi !, ai-je envie de dire, moi qui me suis jetée à l’eau pour te faire la première déclaration d’amour : « Je doute beaucoup, de moi, des autres, je suis une fausse joyeuse et une vraie anxieuse mais il y a une chose que je sais : je sais que je te rendrai magnifiquement heureux. »
Tu es resté sonné.
- Personne ne m’a jamais dit ça !
- Eh bien je ne suis pas « personne » et je te le redis ! je te rendrai magnifiquement, divinement heureux.
Un mois plus tard, nous ne nous quittions plus. Deux mois plus tard j’osais le premier : « Je t’aime ». Et tu as répondu : « Pardonne-moi, je suis pudique en sentiment… je ne peux pas encore te répondre ‘je t’aime’…, mais je NOUS aime, ça oui. Beaucoup.
- Tu sais que tu es à tomber ? Que tu es splendide ?
- Arrête… Ne me regarde pas comme ça… Mmmmh, Je ne sais pas ce que je préfère, tes yeux ou ton regard.
Les yeux ou le regard ? Le plus beau compliment que j’ai reçu de ma vie.
Tu me manques, tu me manques à crever. Au début, j’arrivais à aller te parler sur ta tombe. Là, je n’y arrive plus. J’ai fait un rêve saisissant de nous-deux. Je sais que je te manque aussi. Mais ne t’inquiètes pas : je tiendrai parole, je réaliserai notre serment. Mes amies sont là. Tes amis aussi sont là, même si je n’ai jamais eu beaucoup d’amis hommes. J’ai essayé, je n’y arrive pas très bien - je suis plus à l’aise amicalement avec les femmes. Ou peut-être que ce sont les hommes qui ne sont pas très à l’aise amicalement avec moi.
Toi, tu m’as rendue magnifiquement, divinement heureuse. Jusqu’à ton dernier souffle. Je revois encore la cancérologue dans les couloirs de l’hôpital, alors que tu étais en train de mourir, et que la longue agonie était si horrible que je souhaitais ton soulagement le plus rapide possible. Je revois cette femme pas forcément amène qui est venue doucement, gentiment me parler : « Oui, vous êtes en train de perdre votre mari. Mais sachez-le, Madame, votre mari fait partie de ces êtres très rares qui s’en vont lorsqu’ils l’ont VOULU. » Le lendemain, tu t’es réveillé de ta sédation. Tu as épelé ce fameux « je t’aime ». Puis tu m’as demandé un truc un peu plus trivial. Une heure de pure tendresse. Puis tu es reparti dans les limbes du coma. Le surlendemain, le lundi d’après les Rameaux, j’entre dans la chambre avec une branche de je ne sais trop quoi qu’on m’avait confié… je salue notre infirmière préférée, je t’embrasse de loin tout en posant des affaires sur la table et je lance un : « Ouh là, mon amour, tu n’as pas bonne mine aujourd’hui…
- Madame ! Madame ! Approchez-vous tout de suite !, a crié l’infirmière.
J’ai eu le temps de dégainer cet absurde rameau et de me jeter sur toi. Et tu es parti. Dans mes bras. Comme tu l’avais VOULU.
Je t’embrasse, tout le temps, partout, partout
Rares sont les rextes qui font serrer la gorge au vieux crocodile que je suis, celui-ci en fait partie. En apprenant cette triste nouvelle, je me suis replongé dans l'homme devant la mort d'Ariès, que j'ai depuis sa paution en 1977 et qui est usé à force de le lire et de le relire. Votre mari a été maître de sa mort, et celà, de nos jours, ce n'est pas rien.
Rédigé par : Le Nain | 01 juillet 2013 à 10:30
Tu m'as fait pleurer Valérie,
Je pense à toi avec toute l'affection d'une ancienne camarade, pas souvent sur la même longueur d'onde, mais toujours sincèrement attentive.
Cha.
Rédigé par : charlotte | 01 juillet 2013 à 11:47
Tu es délicieusement émouvante !Moi qui essaye de m'en sortir en ce moment ,étant encore très accablée par la disparition de mon frère ,ton récit m'a complètement retournée .
je t'embrasse
Rédigé par : Elibéran | 02 juillet 2013 à 18:32
Je sens que votre "jornal à l'envers" vous fait du bien. A moi, il m'émeut profondément. Je vous admire-
Rédigé par : adamastor | 02 juillet 2013 à 23:05
Je vou lais écrire journal.
Rédigé par : adamastor | 02 juillet 2013 à 23:05
C'est peut-être bête ce que je vais dire, mais j'ai l'impression que c'est ton plus beau roman à deux mains.
Rédigé par : Fredouat | 05 juillet 2013 à 00:48
Tu es si belle en Amoureuse guerrière :)
Rédigé par : [email protected] | 12 juillet 2013 à 05:37