Allo... Londres? David Cameron vient de m'adresser un message d'amour. Si je franchis la Manche il va m'offrir l'encouragement d'Albion. Et après tout pourquoi pas, Guillaume le Conquérant était normand, partir n'est donc pas trahir.
-C'est lâche! , tonne copain de gauche-richissime-producteur-de-télé.
- Tiens donc! C'est pas toi qui vas me donner des leçons de morale, peut-être!
- Tes enfants doivent rester ici et devenir les forces vives de ce pays...
- Parlons-en des enfants: comment vont Electre et Léon? (les enfants de gauche ont des noms soit très intellos - Tancrède, Zénobie - soit des prénoms de domestiques du XIXe - Blanche, Rose, Marcel- soit des prénoms de papes - Jules, Benoît, Alexandre).
- Electre va bien (ton cassant).
- Elle est toujours avec Jason?
Electre, 25 ans, costumière grâce aux réseaux de papa, fait la désolation de sa famille en vivant avec un jeune homme issu du prolétariat. Papa producteur est effondré: "Il dit 'je vais au dentiste',' mince', 'bon appétit' et 'enchanté'; à chaque fois que je l'entends j'ai un tressaillement de douleur. Je ne comprends pas, elle a été à l'Ecole Alsacienne, sa mère et moi lui avons donné la meilleure des éducations... Tu la verrais... toujours maquillée comme un camion, avec ses filets de pêche au dessus de ses tee-shirts... c'est bien simple on dirait une cagole nicoise". (Je vous laisse méditer l'ineffable snobisme de gauche tout en précisant que j'ai un gros faible pour Electre).
- Et Léon?
- (Gros sourire) Il cartonne à la fac! Tu me connais, j'ai toujours aimé mes enfants avec la même constance, mais je dois dire que Léon est merveilleux. Toujours souriant, toujours de bonne humeur. Il a voté Mélenchon, c'est de son âge... (A nouveau gros sourire de poisson, pour un peu mon pote en pleurerait d'attendrissement).
Léon, 20 ans, silhouette maigrelette enroulée d'écharpes en coton bio et teint hâve traine aux Beaux-Arts (ses parents lui répétant depuis la maternelle qu'il est un "Petit Rodin") et a de quoi voir la vie en rouge: une garçonnière rue Bonaparte, une floppée de jeunes filles avenantes eu égard au métier de papa, une propention à pontifier jamais remise en cause et une totale absence de corvée: c'est un jeune homme qui ne connait pas le sens du bénévolat sauf pour aller tracter sur les marchés à l'aube d'une fête bien arrosée. Léon est une petite personne parfaitement antipathique et serpentine mais il a compris l'essentiel: flatter papa pour avoir du blé (autant vous dire qu'il me répugne encore plus qu'un jeune FN.)
Silence pesant.
- Dis, pine'up, tu ne penses pas sérieusement à te casser?
- Avec tes abattements d'impots de 20% que ton grand président ne remettra pas en cause (producteur a aussi une casquette de journaliste et paie son assistante 30 ans de bons et loyaux services sous le salaire intermittent du spectacle), je te prie de garder ta bien-pensance au chaud dans ton slip.
- Ne sois pas grossière, cela ne te va pas.
- Tu préfères le sarcasme? Tu préfères que je dévoile que tu as voté Sarko en 2007 parce que Royal, non, ce n'était pas possible? Tu veux que je t'assène la pire de mes insultes : crétin de bobo!
- Je...
Baisers de la pine'up qui ne reste ici que pour une seule raison: Ingalls n'est pas exportable. Pour l'instant.
:'(
Rédigé par : Fredouat | 19 juin 2012 à 12:44
Ouch... Bon, mais je ne t'en veux pas Valérie. On te fera quand même une place dans nos hôpitaux pour te soigner quand tu en auras besoin. Parce que c'est ce qu'ils font en Angleterre tu sais ? Ils n'ont tellement pas les moyens d'avoir un service public (faute d'impôts) qu'ils envoient leurs malades se faire soigner à l'étranger.
Enfin.. si ça ne te dérange pas que nos hôpitaux soient financés par nos impôts à nous ;-)
Des bisous !
PS : signé une vieille collègue de fac (publique) de gauche, ultra bobo, qui bosse a la télé (c'est dire !), a vécu dans des systèmes anglo-saxons, met ses enfants à l'école publique et se trouve très chanceuse de vivre dans un pays avec des écoles, des routes, des facs pour former ces ingénieurs dont on a tellement besoin en Angleterre, des hôpitaux et de payer beaucoup d'impôts pour tout ça (même si, oui, elle préférerait s'offrir de jolies chaussures avec l'argent qu'elle gagne).
PPS : tu as la Grèce aussi. Un système ou on ne paye pas ses impôts et qui fait ses preuves. Mais question hôpital... Mmmm, non : pas cet été Valérie, pas cet été.
Rédigé par : Charlotte | 19 juin 2012 à 13:38
Tss, tss, Tancrède un prénom de domestique, j'en reste coi. Ce nom m'évoque plutôt Tancrède de Hauteville, participant fameux de la première croisade dont l'histoire a été contée par Raoul de Caen ( Gesta Tancredi in Expeditione Hierosolymitana traduit par faits et gestes du prince Tancrède pendant l'expédition de Jérusalem) que l'on trouve sur Gallica.
Pour le reste, je suis d'accord, mais comme je n'ai rien, ou pas grand chose, je ne vois pas l'intérêt de partir, et en plus, je suis trop vieux pour me lancer dans quelque chose.
Rédigé par : Le Nain | 19 juin 2012 à 15:26
Hélas, forcément, cette histoire et ces dialogues sont totalement issus de l'imagination de la blogueuse.
Rédigé par : Grincheux Grave | 19 juin 2012 à 16:01
Je sors de ma réserve pour vous le dire : j'adore venir me promener ici sur votre blog ! Oui je sais je passe sur la pointe des pieds, en silence, mais j'y passe quasi tous les jours, depuis que j'ai lu votre livre.
Commentaire sans aucun rapport avec Tancrède, Electre et Léon, je sais !
Rédigé par : Sandra DC | 19 juin 2012 à 16:45
mes copains ont appelé leurs enfants: Pierre-Edouard, Paul-Louis, Garance, Albane, Ines, Marie-Caroline,....sont-ils de droite??!!! merci de me rassurer!!!!
J'aime les bobos bios car moins produire, c'est affamer le monde et enrichir les agriculteurs, le seul bémol nous ne pouvons comme Mr Ingalls délocaliser notre outils de travail!!
En meme temps j'avoue n'avoir aucune envie de quitter la France, qui m'a instruite, soignée,...et encore moins pour l'angleterre, pays de donneurs de leçons, qui ne prend à l'Europe que ce qui l'arrange. Je suis pour une nouvelle taxe qui permettrait de reboucher le channel!!!
Rédigé par : isa | 19 juin 2012 à 17:35
(Rires) @Isa: oui, tes copains sont de droite... @Charlotte: ma réponse risque d'être bien longue. Cela vient sans doute de ma maladie. Mes rapports avec les médecins ont été si violents dans l'enfance qu'il me reste une forme de mutilation. Je réagis comme les gens qui ne guériront pas tout à fait; la médecine que nous avons la chance d'avoir ne me réconcilie pas avec le pays, moi, j'aurais envie de développer des choses au niveau du handicap, au niveau des enseignements différents, au niveau du suivi psy des patients ET DE LEURS PARENTS (voir ce que la Belgique fait dans ce domaine). J'ai réussi à surmonter beaucoup de choses médicales presque plus par ma volonté que par la médecine. Si je crée une boîte, ce sera dans ce domaine. je déteste (comme tu le vois) l'élitisme français que je trouve encore plus méchant à gauche qu'à droite. Je ne connais pas la cruauté anglaise à ce sujet mais j'aime la loufoquerie de ses habitants, le côté corseté brintezingue. Enfin dernière réponse, j'ai développé une véritable exécration des médias français pour les avoir trop connus. Pour avoir découvert un milieu que j'avais idéalisé et que j'ai trouvé encore plus sectaire que mon propre milieu (je parle là de milieu, pas de ma famille qui échappe et c'est tant mieux à toute classification). J'aime, j'adore quand les mélanges prennent, quand on respecte la force populaire, quand on arrive à un Jean-Paul Gaultier, une Arletty, (et d'une certaine façon un... Sarko) cette manière de mixer une forme de bon sens, de gouaille, de côté indépendant, parvenu dans le sens "parvenu à". Et je suis effondrée de voir ce populaire devenir le cadet des soucis de la gauche alors que l'extrême droite le récupère très intelligemment. Je cherche un pays "bienvenu chez moi". je ne l'ai pas trouvé encore. Il n'est en tout cas plus ici. en tout cas pour moi. A la fac, tu me diras, j'étais déjà "à l'ouest". peut-être que mon pays n'existe pas. Ou n'existe plus. Mais partager un english tea avec mon amie anglaise me manque en ce moment à un point... Et voir ma meilleure amie française partir tenter sa chance ailleurs parce qu'elle n'a plus un flèche pour monter sa petite structure ici alors qu'elle est bosseuse et débrouillarde me fait dire : tant pis pour nous! Qu'elle réussisse divinement ailleurs. Dans un triste pied de nez à notre rigidité.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 19 juin 2012 à 18:09
@GG : dans la réalité le dialogue a été encore plus caricatural. j'ai changé les prénoms par souci de décence et omis une phrase qui pourrait faire passer ce pote pour un fieffé raciste (qu'il n'est pas, soyons honnête). @Sandra: merci!
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 19 juin 2012 à 18:14
@Charlotte: l'école publique a failli avoir la peau de la gentillesse de ma fille. Née avec de sérieux pb d'apprentissage, ils me l'ont ostracisée à 5 ans. Une école privée l'a sauvée. Une école qui accueille bien plus d'enfants en difficulté d'apprentissage (sévères dyspraxies, dyslexie) que le public qui se contente de mettre en cliss aussi bien les enfants avec des troubles cognitifs,des troubles de l'apprentissage, ou encore des enfants qui ont de tels environnements familiaux qu'ils sont ingérables. Je ne sais pas comment on peut encourager un enfant en cliss. On devrait développer l'apprentissage, lui donner les lettres de noblessse qu'il a en Allemagne. Ma fille est en cap et je trouve cet enseignement extraordinaire. Et si peu estimé.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 19 juin 2012 à 18:29
Tiens, quitte à revenir ici, c'est chouette de tomber sur un tel article et sur tes commentaires, Valérie...
A l'occasion, il faudra que je te demande de développer ton propos sur la gestion belge en matière de prise en charge...
Je me demande si, parfois, l'instruction à domicile n'est pas préférable pour ces enfants que tu décris ? Au moins le temps de les préparer aux périls d'une sociabilisation qui devient de plus en plus complexe dans les écoles publiques...
Rédigé par : Blandine | 20 juin 2012 à 00:32
Valérie et Sandra DC...+ trois p'tites notes de musique...
Ce tapis de commentaires, bien chaleureusement cossu, qui se déroule après chaque billet est un plaisir de fin gourmet.
-( certes ! n.d.l.r )-
Et l'espièglerie diluée dans l'aveu de "Sandra" me ramène...à mon jardin. Abandonné cinq années durant dans un climat doux et humide hyper favorable, il a fallu l'apprivoiser.
Sans prédateur chimique, tout le monde évolue désormais en belle harmonie: chats plus ou moins SDF, moultes oiseaux, hérissons, écureuils,lombrics (!) et insectes saisonniers....et
Puis, à priori uniquement la nuit, des promeneurs invisibles "passent la tête", comme on dit plaisamment en Belgique.
Perceptibles à une délicieuse impression de présence.
Voile de semi-mystère, en friandise défendue.
Voilà pour Sandra DC...et pour le remerciement à Valérie.
Rédigé par : L'amant-de-la-cousine-Bette | 20 juin 2012 à 07:36
Valérie, dis-moi que tu ne quitterais pas vraiment la France.
J'entends trop de gens de droite dire ça en ce moment, et je ne sais pas si vous réalisez le mal que ça fait à certains de vos compatriotes et camarades.
Chaque fois que j'entends cette phrase, j'ai l'impression de recevoir un coup de couteau dans le ventre. Comme si j'avais "mal à la France" comme le disent certains.
Rédigé par : Fredouat | 20 juin 2012 à 12:24
Si je suis lucide: quel intérêt aurais-je à rester ici? La reconnaissance de mon enseignement? Il fut privé, avec des bonnes soeurs très chouettes, encourageantes pour la gosse malade mais travailleuse que j'étais. La santé? les neurologues ont été accablants avec moi enfant. Une volonté de me socialiser? Mon nom qui fait fantasmer bcp m'a plus desservi que servi dans les milieux littéraires. Repartir, neuve, dans un pays libéral... Oui, c'est vraiment un rêve que j'aurais envie de réaliser. Sans ces jalousies ou rejets qui m'ont blessée. Je me fais facilement des amis. Je m'en ferai tj. cette fois-ci sans a priori. J'hésite encore, mais c'est la première fois que je me sens proche de tout laisser tomber. Les mesures confiscatoires du ps sont le point qui me fait songer à aller m'installer ailleurs, ne plus respirer les miasmes du "la croissance la croissance alors paie, salaud de patron" au lieu de songer à comment cette croissance peut se faire; je n'ai plus aucune culpabilité à laisser un pays qui fait tout pour plomber sa compétitivité. Et qui, dans son enseignement et son art de vivre, est en plus merdique avec le handicap; un pays pas très aimable au quotidien. un pays qui a certes une bonne médecine, mais qui est champion du monde des anxiolitiques! Si c'est ça, le rêve du pays où on travaille le moins!!!
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 20 juin 2012 à 12:37
Ok, ce n'est donc pas qu'une histoire d'élections. Ça me rassure quelque part.
Finalement, tu es une banlieusarde de la France. Ton "ban" n'est pas géographique, mais plutôt social.
C'est tout con, mais ça me permet de mieux comprendre ta réflexion. :)
Rédigé par : Fredouat | 20 juin 2012 à 12:57
Bonjour,
J'ai beaucoup vécu à l'étranger (GB, US, Espagne) et n'ai qu'un seul rêve: y retourner et y mourir, quel que soit le gouvernement.
Le problème, pour moi, c'est le français et son état d'esprit. Je ne m'y suis jamais faite (je précise, je suis bien française, de parents français. Née à Versailles, élevée à Toulouse, vivant à Paris depuis 30 ans avec les intermittences étrangères pré-citées/14 ans en tout). Plus jeune, je me sentais étrangère à ce pays et au fil des voyages et bien avant que la terminologie n'apparaisse, je me suis rapidement sentie "citoyenne du monde".
Je déplore que mes enfants aient eu à vivre leur scolarité ici. Les trois ont fait leur scolarité dans le public, mais la dernière a intégré le privé tardivement car ce n'était plus possible: des cases, toujours des cases, aucune fantaisie, peur de la différence, rejet de l'esprit libre, voilà ce que je retiens de l'école publique française. Pour un pays dont la devise est "liberté, égalité, fraternité", j'ai rarement eu l'occasion de voir appliqué cette éthique.
Voilà pourquoi, le jour où j'en aurai l'opportunité, je me casserai.
J'ai lu et apprécié tous les commentaires, y compris celui de Charlotte, écrit avec intelligence. C'est très agréable de tomber sur des blogs où l'on peut vraiment dire ce que l'on pense sans se taper dessus. C'est rare.
Blog pépite.
Rédigé par : Updt-Bdr | 20 juin 2012 à 13:18
@Updt-bdr : j'ai envie d'être citoyenne du monde, moi aussi! et merci pour tes encouragements qui me touchent. @Fred: le fait que ma réflexion soit "sociale" est encore pire que si elle n'était qu'économique. Elle remet en cause les fondements de l'esprit français.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 20 juin 2012 à 13:23
@Valérie: Je suis d'accord, la situation est pire. Mais ta réaction en est plus compréhensible. Celle d'un enfant battu par son pays. Du coup je ne trouve pas ta réflexion exagérée, ou égoïste. En revanche, est-ce propre à la France? Ou le retrouveras-tu partout ailleurs? Je n'ai pas la prétention d'avoir la réponse.
Rédigé par : Fredouat | 21 juin 2012 à 00:56
@Fredouat: enfant battu, mon Dieu c'est indécent! Mais au mot "enfant", je me souviens de la petite fille que j'étais avec son seau et sa pelle qui allait très naturellement vers les autres gamins en commettant la tragique erreur de demander : "Est-ce que je peux jouer avec vous?". la réponse des enfants est invariablement:"Non!"
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 21 juin 2012 à 23:36
Indécent? Non je ne pense pas.
Pour moi, l'enfant battu ne l'est pas forcément que physiquement. C'est aussi celui que l'on ignore, ou que l'on traite injustement du fait de ses faiblesses supposées.
Rédigé par : Fredouat | 22 juin 2012 à 12:03
A vrai dire, je ne suis pas venue commenter l'article, mais j'ai lu quelques un de vos commentaires.
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous en ce qui concerne les hôpitaux et neurologues. Disons que je pense comprendre sans totalement partager le même avis.
J'ai été épileptique, ça a commencé à 12 ans, ça c'est "terminé" (car rien n'est certain) quand j'avais 28 ans.
J'ai connu cette forme de violence qu'est la maladie, les traitements, la barbarie des ponctions lombaires et bilans préopératoires, des opérations. Les effets secondaires que les neurologues nient assez facilement et finissent par reconnaître après plusieurs années.
Je reconnais que ni la famille, ni le malade ne sont accompagnés psychologiquement, que des suivis avec orthophonistes devraient être bien plus courants...
J'aurai des milliers de choses à reprocher aux hôpitaux, aux neurologues, aux neurochirurgiens, aux labos...
Pourtant, je suis là aujourd'hui, opérée, sans lésion.
Ca a été très dur, tellement dur que si une autre lésion apparaissait, je ne suis pas sûre de retenter toutes ces opérations.
Mais je retiens pourtant la grande avance de la France en neurochirurgie, je retiens que je coûtais il y a encore si peu de temps presque 600 euros de lamictal par mois !! Dans bien d'autres pays, je serai déficiente mentale ou pire car même ces 600 euros de lamictal ne stabilisaient pas mes crises.
Je retiens aussi que je ne payais pas mes IRM, pas mes consultations, pas l'hôpital, pas les opérations, pas les pet-scan, les scanners...
(je ne me suis jamais servie de cet avantage car ma famille et moi estimions que nous avions assez de moyens pour cela, mais j'aurais pu également me faire rembourser tous mes trajets vers les hôpitaux loin de chez moi, car j'ai eu l'occasion de visiter un beau petit paquet d'hôpitaux français...)
Il y a encore 4 ans, mon neurochirurgien et mes neurologues pensaient que je ne retrouverai pas le langage, ni la mémoire, qu'une zone avait été touchée... je n'ai pas eu d'orthophoniste, pas d'accompagnement psy, aussi je comprends très bien de quoi vous parlez (si je ne m'abuse) quand vous évoquez la force personnelle que j'appelle la rage de survie. Elle déplace des montagnes et personne ne peut vraiment quantifier son efficacité, même si elle est pour moi colossale.
Je me serais bien évidemment bien passée de l'épilepsie et de tous les ravages qu'elle entraine sur son passage, pour autant, je suis ravie d'être née épileptique en France.
Amicalement,
Rédigé par : Caroline | 04 septembre 2012 à 19:12
Stabilisée depuis 15 ans environ, je fais encore des cauchemars de l’hôpital. tj sous traitement, je les règle sans passer par la case sécu. Ni par la case neuro. Je ne veux plus les voir. suis persuadée que ce qui m'a guérie, c'est l'amour de ma famille, une bonne molécule et une volonté féroce. Je n'oublie pas aussi (autre domaine que la neuro) les IRM coûteux "perdus" dans les services, le bordel des 35 h à l’hôpital, l'angoisse de se faire soigner au mois de mai (les ponts) et au mois d’août (personne). Je n'oublie pas ce grand ponte ravi de faire son malin quand il a su que j'écrivais des livres, je n'oublie pas lors d'une conférence que nous donnions au collège de France celui qui m'a sorti "Je ne porte pas la détresse des gens" (t'avais qu'à faire ermite), je n'oublie pas ce vieux dégoutant de chercheur qui profitait de mon désarroi pour me dragouiller. Je n'oublie pas que porter mon nom m'a sans doute étiquetée. J'aurais dû l'ouvrir. Etre odieuse, et non trop polie devant eux. Au bout du compte je préfère un pays qui parie sur l'emploi qu'un pays qui ne compte que sur sa santé. Un pays où, en dépit d'une bonne médecine, les Français consomment des anxiolytiques comme si c'étaient des car en sac.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 04 septembre 2012 à 19:29
Pardonnez ce message précédent un peu abrupt. Car je connais deux médecins dévoués et encourageants. Mais j'en ai trop peu vu. Mon monde de gentillesse et de bonheur est loin, loin des médecins... Ce qui ne m'empêche pas de "cogner" sur les patients qui abusent du système, sur ce procès du médiator qui m'a effarée, mais pas du point de vue de la pharmacopée: de celui des trop gros qui avalaient ce médoc dans un but coupe-faim en pensant que cela ne leur ferait pas de mal! je suis sciée par l'irresponsabilité des gens face au dieu santé. Je suis sciée aussi, quel que soit le pays, par l'instinct de lutte que développent les gens dans la tourmente de graves maladies. Suis intimement persuadée que psychique et organique sont inextricables. BRAVO POUR VOTRE GUERISON!
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 04 septembre 2012 à 19:52