J'avais les plus grandes réticences à aller voir ce film : pensez donc, un film choral, constitué de plusieurs courts métrages exécutés par sept réalisateurs qui s'y collent, cela signifie les 3/4 du temps gros machin boursouflé et égocentrisme multiplié au gré des intrigues. Autant vous prévenir, ce film n'échappe pas à la règle: longueurs, langueurs moites, envie de hurler CUT! CUT! CUT! toutes les 15 mn. Mais... Mais le premier sketch filmé par Benicio Del Toro est ravissant. C'est le meilleur, il donne envie de suivre l'acteur dans ses prochaines réalisations.
Deuxième constat: voici un film anti Mélenchon et anti bien-pensance PS, et ça, ça en vaut la peine nonononjenefaispasdepolitique. Si aller en vacances à Cuba illumine probablement les mirettes, y vivre, cela signifie selon ce film perdre toute forme d'humour, toute forme de rêve, stagner dans une routine crasseuse au son de rythmes envoutants, laisser sur le bas-côté toute tentative de rébellion et se contenter de coupures d'électricité, de salaire de misère et de courber l'échine devant des touristes pochetrons à longueur de journée. Oui mes amis, vous avez là un film hautement révolutionnaire qui lamine toute idéalisation du régime de tonton Castro. La population cubaine filmée dans la splendeur des rues au charme d'autrefois ne sourit pas. Ne rit pas, ou alors de manière désespérée. Elle se meut lentement, craintivement, murée dans une indifférence qui fait mal aux tripes.
Voyons voyons, y a t-il quelque chose à sauver du carnage communiste? Rien. Ni les ingénieurs mués en chauffeurs de taxi, ni la fille de la pension de famille qui fait la pute pour arrondir ses fins de mois, ni la doctoresse transformée en cuisinière professionnelle dès que sa journée s'achève. Ah, si, une chose est belle dans cette immobilité forcée. Une chose que partagent les pays pauvres: les gens n'ont pas assez d'argent pour se faire refaire le visage ou le corps et les vieux vieillissent magnifiquement, c'est-à-dire comme de vrais vieux. Par pitié, je vous en supplie, troisième âge qui me lisez: ne faites pas de lifting ou de botox, assumez vos sillons, ce sont les signes de VOTRE ENFANCE. POUR DE VRAI!
Baisers de pine'up Ingalls qui embrasse chaque ride de son mari, passionnément, à la folie. Et pas que les rides (aie aie aie te quiero muchissimo hombre hombre hombre)
Pas de lifting , pas de botox rien que du naturel ! J'assume mes rides sous la pluie de ce jour ! Bon dimanche pour ce jour de la fête des mères .
Rédigé par : andré joucla | 03 juin 2012 à 11:47
Vous êtes splendide tel que vous êtes, André. pour de vrai
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 04 juin 2012 à 00:52
Je n'ai pas trop de rides.Je ne sais pas trop si je vais assumer.c'est dur !
j'ai peur du bistouri.
Rédigé par : Elibéran | 04 juin 2012 à 01:43
Bonjour !
Quoi qu'il en soit, je garde mes rides car si d'aventure je porte un jour un chapeau, je pourrais le visser et c'est bien agréable par grand vent.
Votre rapport m'est très difficile à lire parce que, pour connaître un peu le nirvana socio-coco, j'en suis arrivé à essayer d'estimer quelle épaisseur de gomme est nécessaire pour effacer les dégâts ahurissants qu'il laisse derrière lui. L'unité d'épaisseur étant équivalente à une génération.
Et puis les phrases. Vous connaissez ces phrases extrêmes du type, pour la résignation: " le jour j'attends la nuit, la nuit j"attends le jour. "
Il en est une énoncée par d'ex collègues de travail, tous militants de base honnêtes et convaincus je pense. Et, accessoirement, qui m'auront "emmerdé" au delà du possible pour mon comportement à la Brassens. -(la mauvaise réputation n.d.l.r ).
Après les délicieuses périodes roses dont notre histoire est enluminée, leur phrase, à eux: "j'ai les années en plus et les espoirs en moins." Bien la même phrase, alors que dans des contextes bien différents.
Et je pense, tombant du wagon de pommes, que nous sommes repartis...
Restent quand même ces liftings en pierre philosophale, et ces vieux épanouis...
Rédigé par : L'amant-de-la-cousine-Bette | 04 juin 2012 à 07:44
Tu me donnes très envie d'aller voir ce film. Il y a quelques jours encore, je déjeunais avec une amie revenue récemment de Cuba. Je n'ai fait aucun commentaire sur ses "élans" passionnés, mais (parfois, je me demande si je raisonne sainement ou si j'ai vraiment un grain) je suis toujours heurtée de voir ou d'entendre les touristes revenir "enchantés" de cette destination et faire des descriptions dithyrambiques d'un univers qui est loin de l'être pour la réalité de ses habitants. Jamais personne revenu de vacances à Cuba, ne s'est arrêté sur les conditions de vie des Cubains. On ne me parle que vacances, farniente et paysages exotiques. Au point que j'en étais à me demander si je ne confondais pas avec une autre île. Merci de m'avoir rassurée.
Pour les rides, je crois que je n'en ai pas encore (je n'ai rien remarqué en tout cas). Par contre, je commence à avoir un gros cul et j'ai du mal à supporter ça. Alors je ne sais pas comment je vais réagir aux premiers sillons. On n'est jamais sûr(e) de rien.
Rédigé par : Updt.Bdr | 04 juin 2012 à 10:24
Dans ce film, vivre à Cuba donne envie de se flinguer là, tout de suite; la beauté du lieu fait d'autant plus regretter son manque de liberté. Quant aux critères esthétiques pour contrer les outrages du temps... A part avoir une certaine dignité doublée d'une solide autodérision... je ne vois pas d'autre solution.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 04 juin 2012 à 21:13
Il existe des gens qui croient réellement que vivre à Cuba est un bonheur?
Mon rêve est de visiter l'île, mais comme tu le dis si bien, je m'en voudrais presque de faire du tourisme au milieu de cette pauvreté.
Et malheureusement, cela confirme que la beauté et la créativité sont toujours plus fortes quand on essaie de les étouffer.
Rédigé par : Fredouat | 05 juin 2012 à 12:09
La misère est très présente plus encore depuis l'embargo Américain.le regime est assez dur pour le peuple. Mais pour les touristes c'est le paradis.
Rédigé par : Elibéran | 05 juin 2012 à 16:48
"Il existe des gens qui croient que vivre à Cuba est un bonheur?" J'en connais personnellement deux. Plus une qui a déchanté une fois arrivée dans sa pension de famille, quand elle a constaté que la petite de 13 ans était vivement encouragée (OBLIGEE) à passer ses nuits avec le touriste italien fraîchement arrivé.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 05 juin 2012 à 18:03
Ajout : la petite était obligée par ses propres parents à se prostituer. Le film ne dénonce pas cela et c'est dommage, car on ne sait pas assez les ravages du tourisme sexuel à Cuba.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 05 juin 2012 à 18:09
Je ne parle que de ce que je sais et entendu !Valèrie !j'ai plusieurs amis qui sont revenus enchantés de leur sejour.
je ne suis pas du tout étonnée de ce que tu dis.Mais les voyages en groupe organisés cachent certainement cette misère .
Rédigé par : Elibéran | 05 juin 2012 à 19:05
Le film de dénonce pas non plus les intellectuels en prison. Il montre un peuple aussi gracieux que résigné, visiblement incapable de se révolter. Le reproche: c'est hélas un film beaucoup trop long. je suis sortie me dégourdir les jambes au 4e sketch.
@Fred: je ne suis pas certaine que le totalitarisme donne toujours une belle créativité (cf pays de l'Est à l'époque communiste, pas franchement lumineux et créatifs, mais peut-être que la Corée du Nord recèle des trésors d'art géniaux, va savoir). Non, je crois que la beauté de Cuba vient plus de son passé et de ses influences caribéennes.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 05 juin 2012 à 19:23
Bonsoir,
A la lecture de ces commentaires d'amis, j'ajouterai que TOUTES les îles à la géographie paradisiaque cachent des réalités socio-économiques oppressantes. Fi de Cuba, il s'agit de Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Tahiti plus encore, Guyane même, malgré son appartenance au continent sud-américain. Or nous y sommes en France. Et que dire de la Corse. L'insularité forge dans la violence naturelle les personnalités. L'étranger- le non résident - n'est accueilli que par et pour sa carte de crédit.
Les voyages organisés, club, circuits...que citent Elibéran sont conçus par définition pour ne faire voir que les paysages, et les "animateurs locaux" démontrant la sacro-sainte "traditionnelle hospitalité ".
L'autre approche est une très, très longue histoire...
Sorry
Rédigé par : L'amant-de-la-cousine-Bette | 05 juin 2012 à 22:06