La percée du cinéma français se confirme et éclate dans ce biopic exceptionnel de Florent-Emilio Siri. Qu'on aime ou non Claude François, le film est magnifique. Je ne vois rien à critiquer. L'essence d'un personnage est saisie, selon la formule classique pour le meilleur et pour le pire.
Le film dépasse le mythe Cloclo et, d'une certaine façon, repose le cinéma dans sa première exigence: celle du réalisateur qui passe avant la performance des acteurs. Oui, Jérémie Rénier est extraordinaire. Mais les cadrages, lumières, découpages, sens du rythme et sens du décor sont encore meilleurs : ils sont stupéfiants. Plus encore que l'acteur, le metteur en scène entre grâce à ce film dans la cour des très grands.
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un film aussi BEAU. D'une beauté presque Grand Siècle. Mais cette beauté plastique très codée n'annule pas l'émotion, bien au contraire : elle la sert. Comme si Claude François devenait un archétype de notre minutieux et angoissé pays. Il y a une grandeur, une dignité très originale dans ce film qui aurait pu être un film à paillettes, racoleur et inutile. Mais justement, Cloclo est un film classique sur un sujet baroque. Ce n'est pas par hasard s'il me fait penser au XVIIe siècle. Il en a les terreurs cadrées et les rêves de raffinement.
Siri nous raconte un conte de fée qui finit trop tôt et utilise pour ce faire une narration très simple, chronologique, sans flashs back. Il cisèle l'image comme les enluminures nettes et dorées des livres de Perrault. Claude François était un sujet de rêve pour un tel film : l'anti-dépressif par excellence, l'anxieux en majesté. Avec toute sa naïveté, sa hargne, son incroyable volonté, sa surhumaine application au travail, son étrange séduction d'homme qui a fait de la normalité une forme de pathologie.
C'est un film qui ne faiblit jamais. Et pourtant vous connaissez mon impatience, mon obsession de la synthèse au cinéma! 2h30 de film, généralement je décroche. Pas là. Aucun "tunnel", aucune scène de trop. On suit, émerveillés, la progression de la vie d'un homme dont on connait la fin. La perfection des images jusque dans la splendeur des voitures d'époque n'est pas sèche ou rutilante: elle est exquise. Elle serre le cœur quand il le faut. Elle fait jaillir des émotions primitives de songes de maisons de poupées. Nous sommes dans un légo chatoyant avec un homme qui se débat pour tout maîtriser. Et qui y arrive presque, crédule et incrédule, submergé par ses pulsions d'égoïsme et de générosité entremêlés.
Ce film est mon césar/oscar personnel. Il est au dessus de la notion de biopic. Il est à mettre dans la lignée des Sunset Boulevard, c'est-à-dire des films dont on se demande même COMMENT ils ont pu être tournés. De très loin, c'est LE film que je recommande cette année.
Baisers de la pine'up éblouie
PS : de Là-Haut, le maître de sa marionnette peut être fier de son exigence; elle a été magnifiée sans être momifiée. Et à ses deux fils: un immense bravo, je sais que vous avez été très présents, avec une humanité qui vous honore, au sein de cette aventure cinématographique.
Partis pour le voir Dimanche dernier , sommes repartis en raison d'une file d'attente impressionnante.
A lire ta critique nous y retournerons bientôt.
Le Cinéma français bouillonne !
Rédigé par : Gérard27 | 21 mars 2012 à 14:36
Et dire que quand il est mort, je me suis dit enfin tranquille, et longtemps après, il faut qu'il vienne encore nous casser les pieds.
Rédigé par : Le Nain | 21 mars 2012 à 15:03
@Le Nain: n'y voyez pas un ultime avatar de Claude François. C'est réellement le film d'un très grand metteur en scène. Maîtrise de forme et maîtrise du fond sont impressionnantes.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 21 mars 2012 à 15:22
J'ajoute que je ne suis pas la seule à être frappée par la qualité de ce film: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/502787-cinema-cloclo-quand-forme-et-fond-s-allient-a-la-perfection.html
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 21 mars 2012 à 15:34
C'est vrai, je n'aimais pas spécialement Claude François, mais tu m'as donné l'envie d'aller voir le film...
Rédigé par : Danièle HENAUT HULEUX | 21 mars 2012 à 16:02
j'ai vu des extraits et ta critique me donne envie de Hurler "le lundi au soleil, c'est une chose que l'on aura jamais..." ou encore de bouger mon popotin sur "alexandrie -alexandra haaaaaaa" !!!
Rédigé par : Linda.S | 21 mars 2012 à 20:49
Moi "j'y pense et je vais oublier" je crois ! je vais aller voir ce film demain matin ! je ne m'avance pas mais je n'y crois pas vraiment.Ce n'est pas mon cinéma .
Je trouve déjà ridicule tous ces personnages qui imitent Claude françois.
Faut dire que Cloclo ne m'a jamais enthousiasmée .
je dirai ce que j'en pense.
Rédigé par : Elibéran | 21 mars 2012 à 21:55
Moi non plus il ne m'enthousiasmait pas. Le film, oui!!!
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 21 mars 2012 à 22:23
Tu avais raison c'est un très bon film.Très vrai ,très émouvant (surtout la fin on a la gorge serrée).
Jérémie Rénier est excellent. Je n'ai pas regretté.D'ailleurs demain je publierai un post aussi.
Comme quoi on peut se tromper.
Rédigé par : Elibéran | 22 mars 2012 à 17:40
Et dire que Cloclo n'a jamais chanté avec Téléphone !...
Rédigé par : Dominique | 23 mars 2012 à 19:10
Rien que pour cela il a tout mon respect!!!
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 23 mars 2012 à 20:29
Ben oui t'en aurais pleuré ... comme le téléphone !
Rédigé par : Dominique | 24 mars 2012 à 11:37
Ben oui t'en aurais pleuré ... comme le téléphone !
Rédigé par : Dominique | 24 mars 2012 à 11:37