En cette période de grand froid et d'hibernation industrieuse, les samedis soirs sont dédiés à la télé en couple. Ingalls et moi nous nous blottissons dans le canap' et matons des idioties. Des idioties joyeuses, comme Les enfants de la télé, par exemple. Ne riez pas, c'est une de nos émissions préférées du PAF: il n'y a pas tricherie, pas alibi intello; chacun vient servir sa soupe et le fait avec un assez bon esprit de répartie (mention hier soir à Ramzy). Et dans le genre bateleur lifté je préfère Arthur à Ruquier, chacun ses gouts. Après avoir donc doucement rigolé, nous avons décidé de voir un dvd un peu plus "haut de gamme".
- Tiens! Chéri, et si on regardait le doc sur Harrison par Scorsese? C'est ça ou Columbo qui repasse sur Tv Breizh.
- Va pour Harrison, réplique Ingalls, conciliant.
Ingalls est, bien plus que moi, un amoureux des mélodies, un hypersensible musical. On s'est redressés, on a pris la pause "élèves attentifs" et on a plongé dans le destin de George. Au bout de 10 mn, les épaules se sont tassées. C'était d'un rasoir! Je n'arrive pas à savoir si c'est la faute à Scorsese ou la faute à George, ou même la faute à une époque.
Il ressort de la première partie (deux cd et c'est pas demain la veille qu'on regardera l'autre) une impression de mollesse, de verbosité, de langueur camée, de poncifs assenés dans la ouate, il ressort aussi une incroyable laideur visuelle.
Moi qui pestais contre la pauvreté esthétique des eighties de ma jeunesse, je vais peut-être les regarder à présent d'un œil tendre. Et regarder aussi d'un œil attendri la jeunesse actuelle...
Entre deux interviews de piliers des années 60-70 qui racontent (mal) leurs expériences, on a droit à des images d'archives. Des jeunes dans les champs, se trémoussant au son de musiques magiques. Magie de la musique, ok. Mais leurs tronches! Cheveux dégueus et mal coupés (cheveux longs = comment défigurer un caucasien moyen), fringues en mauvais nylon et aux vilaines couleurs (magenta, violet crade), peaux boutonneuses et dents pourries, façon de danser ridicule, filles au maquillage qui coule et à la crinière pleine de fleurs fanées et ringardes... Des ravages de l'hindouisme dans la mode de l'époque.
On s'est regardé avec Ingalls, franchement mal à l'aise. Quoi? c'était ÇA, les années mythiques de la révolution sexuelle ? Des jeunes particulièrement moches devenus par la suite de vieux richards assis dans leur (laid) manoir anglais qui sourient et s'expriment avec un neurone dans le crâne (le dernier sauvé du banquet), pérorant sur les gourous indiens et sur leurs trips à la con? Ou est la révolte? Qu'a-t-elle de majestueux? En plus, ils ne sont pas drôles, même Harrison...
C'est interminable. C'est du mauvais baroque. C'est très chiant.
On s'est regardé avec Ingalls. On a arrêté le pensum. Et on s'est dit: la beauté de la révolte, elle n'est pas là. La beauté esthétique de la révolte s'arrête aux teddy boys, aux "blousons noirs". Après, c'est récup merdique et cie.
Baisers de la pine'up qui sauve McCartney du désastre (Lennon me gonfle aussi dans les images d'archives, quel poseur!). Sir Paul ressemble de plus en plus à une vieille lady, mais son intelligence reste intacte, équilibrée, pleinement géniale. J'envie mon ami Nuc, qui vient de l'interviewer.
Baisers de la pine'up dégoutée par les baby boomers
Ps : les fleurs dans les cheveux... C'est pas possible.
PPS: un seul truc à lire sur le mouvement et l'époque fin des années 60, le livre de Patti Smith, Just Kids. Il n'y a pas trop d'images (heureusement) et le texte, même s'il n'évite pas la verbosité, est d'une grande sensibilité, d'une belle humilité. Les trois premières pages sont extraordinaires.
Et Ringo Star, aux oubliettes ?
Rédigé par : Dominique | 05 février 2012 à 19:08
Et pour rejoindre l'une de tes notes précédentes, et tout aussi "négative", celle concernant Clint Eastwood, normal qu'il y'ait 2 CD:
l'Inspecteur Harry sonne toujours deux fois !...
Rédigé par : Dominique | 06 février 2012 à 00:00
Ringo starr fait une figure de témoin nonchalant et assez moyen dans ce doc... Dommage
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 06 février 2012 à 00:12
Certes, et puis Ringo Starr on peut s'en battre les ...
Rédigé par : Dominique | 06 février 2012 à 22:59
Tandis qu'avec les trois autres on peut s'gratter !
Rédigé par : Dominique | 07 février 2012 à 15:48