TED est un "véhiculeur d'idées" et TEDx est une des manifestations de ce véhicule. Grâce à @MryEmery j'ai été invitée à l'évènement TEDx Concorde qui s'est déroulé samedi dernier à l'Espace Pierre Cardin. En résumé c'était une succession de conférences sur le thème de la diversité. Le principe: des intervenants de haute volée (philosophes, chercheurs, psys, chefs d'entreprise, artistes) venaient exposer leur définition de la diversité et leurs actions découlant de ce mot singulier.
Grand gain d'efficacité: le temps de parole de chacun était limité à environ 15 mn.
Avec un tel thème la bienpensance est de mise, et elle n'a pas été évitée. Mais en dépit d'interventions inégales, le niveau général (première partie légèrement supérieure à la deuxième) est resté passionnant.
Peut-être est-ce cliché, peut-être est-ce bateau, mais les intervenants qui ont expliqué leurs parcours ou leurs projets possédaient tous quelque chose en commun. Les plus lumineux l'ont précisé à chaque fois: ils ont été des enfants aimés. Peu importe l'origine.
Je retiens particulièrement Zahia Ziouani, chef d'orchestre joliment passionnée par son art et en parlant avec une clarté admirable. Je retiens aussi Thanh Nghiem, prodige intellectuelle passée de l'excellence scolaire à l'excellence humaine. Ou encore Serge Mouangue, un designer dont le cheminement m'intéresse: il mixe les codes de civilisations très conservatrices dans leur rituel (Cameroun et Japon) pour créer des objets qui empruntent aux deux et ne ressemblent à rien de défini.
Déception en revanche dans le camp scientifique: Gilles Kourilsky et Clair Michalon l'ont joué - oui, une intervention, c'est une mise en scène - dogmatiques et cérémonieux. Un peu handicapés du sentiment.
A propose de handicap, le grand gagnant a été sans aucun doute Hamou Bouakkaz qui a démontré de façon évidente à quel point le handicap sert à augmenter les possibles. Mettez dans une assemblée lambda une personne handicapée qui a dépassé ses souffrances et ses névroses: elle fait un carton plein. Pourquoi? Parce qu'en ayant moins au départ, une personne joyeuse transfigure toujours un auditoire anxieux. On touche non pas au sublime, mais bien à un réel qu'a esquissé le film Intouchables.
Le monde morose ne veut plus voir d'épaves. Il ne veut pas non plus voir de réussites insolentes. Il veut voir... des dépassements. S'outrepasser? peut-être, mais pas au risque de... trépasser.
Baisers de la pine'up qui aime la singularité lorsqu'elle s'accompagne de gentillesse.
J'aimerai savoir ce qu'est une civilisation très conservatrice. Est-ce une civilisation qui tient à conserver son identité propre, celle qui fait sa richesse et son individualité face à un monde qui a tendance à s'uniformiser ? J'ai l'impression que sous votre plume, c'est mal.
Quant à moi, je trouve que c'est bien. Je ne méprise en aucune façon ces civilisations, elles me sont étrangères, elles sont le reflet de leur peuple auquel je n'appartiens pas. J'ai la mienne, auquel je tiens, et que je vois disparaître dans le gloubi-boulga mondialisé, qui est peut être bonne, peut être mauvaise, mais dont je suis le fils.
Rédigé par : Le Nain | 30 janvier 2012 à 18:15
Ne vous trompez pas, cher Le Nain: je suis une conservatrice au sens premier du mot: conserver la mémoire. Si j'ai étudié l'archéologie, ce fut autant par plaisir que par curiosité. Le travail de Mouangue me semble particulièrement intéressant car il mélange des codes esthétiques millénaires et rigides. C'est un constat, pas un jugement. De ce mélange naissent des vêtements, des sculptures qui sont à mi chemin entre le respect et l'originalité.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 30 janvier 2012 à 18:25
Et pour les bienfaits de la diversité, du multiehnicisme, du vivre ensemble, on r'passe quand ?
Rédigé par : Dominique | 31 janvier 2012 à 08:16