Ma dernière découverte en avant-première (le film sort le 25 janvier). Les papas du dimanche est le premier film réalisé par Louis Becker, petit-fils de Jacques et fils de Jean. Et j'imagine qu'il faut un grand courage pour passer derrière la caméra lorsqu'on est lesté d'un tel héritage. J'avoue que je l'attendais au tournant. J'ai adoré ce film, et si je dois lui trouver une famille, c'est plutôt du côté du ravissant "Papa" de Maurice Barthélémy avec Alain Chabat que je le placerais.
Les papas du dimanche raconte l'histoire désormais banale d'un père divorcé qui explore la paternité à tiers-temps, bien malgré lui au départ: sa femme l'a quitté pour un autre, il rumine son infortune, doit apprendre à aimer ses enfants sans garde-fou féminin, changer de logement - bref, changer de vie. Comment va-t-il s'adapter et comment les enfants vont-ils vivre son exil forcé?
Dans la douceur des Charentes, sur fond d'amitié fidèle (Olivier Baroux en copain aussi maniaque que drôle est parfait), la vie anti-naturelle des pères divorcés prend soudain une allure de réalité supportable, presque enviable. Oui, presque enviable tant notre héros à la carrure et au cœur de rugbyman se débrouille bien. Les papas du dimanche est un film intimiste où la justesse psychologique prend le pas sur l'intrigue. La plus belle scène: celle des bisous dans la voiture. Typiquement une scène qui pourrait être fade et que le réalisateur transcende par un cadrage très émouvant. Une scène qui fait chavirer de bonheur fragile.
J'ai pleuré. J'ai souri. J'ai été très émue, j'ai été apaisée. La tristesse, la tendresse et la drôlerie se chevauchent sans artifice ni effort. Becker réussit très astucieusement les passages des larmes au rire, question de rythme: à chaque fois qu'il frôle le pathos, un détail bien senti vous soulève heureusement vers la légèreté. Question de sensibilité, aussi. Non seulement Becker ne la fait jamais déborder mais il évite aussi la sécheresse qui menace lorsqu'on est trop pudique.
Ce film fera du bien aux hommes qui vivent cet écartèlement. Ils pourront peut-être se dire: "Hé, cet homme, c'est moi! ", et réaliser qu'ils ne sont pas si mal. Il fera sans doute aussi du bien aux enfants en leur montrant l'étendue du pouvoir de leur amour (les jeunes acteurs sont excellents). Enfin il fera du bien aux femmes qui craqueront pour une masculinité parfois rigide, souvent très digne.
Baisers de la pine'up qui travaille sans relâche au scénario des mamans de la semaine après avoir été attendrie par ces Papas du dimanche.
PS spécial à Louis Becker : vous touchez à des amplitudes d'émotions qui sont partagées par tout le monde. Divorcés ou non. Je suis sortie de la projection à la fois heureuse et toute chose... Je ne suis pas certaine de vous avoir assez complimenté. Votre sens de l'observation me rappelle mon film préféré de votre grand-père, Edouard et Caroline. J'espère que cette référence vous plait. Vous savez manier la légereté, si difficile à exprimer. Et ça, cela ne se transmet pas, on l'a ou non.
PS à mes fidèles sur ce blog: allez-y, vous serez heureux.
Bon j'vais encore être rabat-joie ou vieux con réac., mais cela m'a tout l'air d'être un film banalisant et donc encourageant les divorces.
Désolé, mais autant il est bien normal de pouvoir divorcer, autant cela ne doit pas devenir la norme ou un(e) mode de vie.
Et n'oublions pas que le divorce est anti-écologique, consumériste et aggrave la crise du logement ...
Tiens j'arrive même pas à jeuxdemotsfoireuiser sur un tel sujet !
Rédigé par : Dominique | 18 janvier 2012 à 16:44
justement, cela ne banalise rien.Et surtout pas la détresse des personnes. La situation est, oui, banale, au sens où il y a de plus en plus de divorces. Ce qui fait du bien: on peut ne pas s'en remettre et continuer à vivre, réapprendre à sourire, à rire, à aimer. Même si on en a pris plein la figure.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 18 janvier 2012 à 16:49
Bref, pour voir ce film, il faut se sentir concerné. Comme je ne le suis pas, je vais laisser échapper le substantifique moëlle.
Et comme je suis aussi un fieffé réac, je ne comprends pas non plus le divorce, sauf pour des motifs gravissimes.
Mais bon, compte tenu du nombre de divorcés, je comprends aussi que ce genre de film existe.
Rédigé par : Le Nain | 19 janvier 2012 à 11:59
LE NAIN: j'ai vu ce film avec un couple heureusement marié depuis 20 ans. Ils ont été aussi remués que moi. Le problème posé est: comment se reconstruire. Ce qui vaut pour un divorce comme pour tout changement de vie. D'un peu passif au départ l'homme devient actif. C'est autant un film sur l'après-chagrin d'amour (et chagrin est un mot trop faible) que sur la confiance en soi que l'on récupère, peu importe le sujet. Le héros est un type au caractère plutôt humble, il n'a pas de failles énormes. Ce qui m'a frappée: je ne pleure quasiment jamais au cinéma (d'ailleurs je pleure rarement) et là... je ne voulais pas pleurnicher à coté de mes potes heureusement mariés... sauf que monsieur a eu sa larmette au même instant que mézigue.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 19 janvier 2012 à 12:30
@à vous deux : Il y a quelque chose qui m'étonne dans vos commentaires: vous êtes des hommes curieux, vous semblez intéressés par des tas de choses, j'imagine que vous lisez des livres noirs, des livres dont la problématique ne vous concerne pas vraiment (guerre, mort, violence). Pourquoi alors ce blocage à chaque fois que je parle du divorce dans une de mes notes? C'est vrai, je ne comprends pas votre rejet de ce sujet en particulier. Le divorce est-il un traumatisme tabou? Plus que le viol? Plus que la prostitution? Plus que l'agonie ou la mort?
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 19 janvier 2012 à 14:30
Je ne bloque pas, ça ne m'intéresse pas. Le viol et la prostitution non plus, d'ailleurs, si ce n'est l'évolution historique des mentalités face à ces faits de société. Je dis simplement, sans acrimonie aucune et sans aucun reproche, que je ne comprends pas l'incommunicabilité entre les êtres qui ont librement choisi de s'unir "pour le meilleur et pour le pire", les fractures insidueuses dans le couple qui ne trouvent pas leurs solutions dans la parole, et qui amènent à ces divorces. Je ne comprends pas plus que ce phénomène soit en train de s'ériger en norme.
Je me sens plus concerné par l'IVG, car étant de la DASS, je me dis qu'une vingtaine d'années plus tard, je serais probablement passé à la trappe vite fait bien fait, ce qui me rend férocement contre.
Tout le monde n'a pas les mêmes centres d'intérêt, Dieu merci.
Rédigé par : Le Nain | 19 janvier 2012 à 14:56
Non, tout le monde n'a pas les mêmes centres d'intérêt. Mais je reste dubitative quant aux réactions (pas tellement les vôtres, du reste) à ce sujet. Je trouve au contraire très intéressant d'explorer le pour le meilleur et pour le pire tant les cas sont différents. Le couple envers et contre tout? je reste très pensive, ayant vu bcp de gens de l'ancienne génération (celle durant laquelle on ne divorçait pas) me confier que leur enfance avait été un cauchemar rythmé par les disputes de leurs parents. Et pour l'IVG (je fais partie des enfants qui auraient du êtres prestement avortés pour cause d'anomalie du foetus), je suis férocement pour. Mais sans gaieté. Il n'y a jamais de solution idéale : tout se paie, dans la vie. Cela, j'en suis CERTAINE : tout se paie.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 19 janvier 2012 à 15:13
Concernant le divorce, tout à été dit. Certains me semblent necessaires d'autres ne sont que des solutions de facilité. Quant à l'IVG, je suis également "férocement pour" et pourtant l'enfant unique pour nous fut un choix imposé par la nature, parfois cela me heurte mais elle reste un droit fondamental pour les femmes.
Rédigé par : isa | 19 janvier 2012 à 16:23
@Isa : même jugement que toi. (Rien que pour le rugby, tu aimeras ce film, je crois)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 19 janvier 2012 à 18:33
Ben alors fallait l'dire qu'il y'a du rugby dans ce film !...
A moins qu'il ne s'agisse d'un rugueux bi?
Rédigé par : Dominique | 20 janvier 2012 à 08:14
Placage douloureux. Essai (assez loin des poteaux). Transformation (réussie!). Ah, la vie des hommes
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 20 janvier 2012 à 13:02