Qui a dit en parlant des Bretons : Il faut assister à ce qu'on appelle ses fêtes, pour se convaincre du caractère sombre de ce peuple. Il ne danse pas, il tourne; il ne chante pas, il siffle.
Je ne vais pas vous faire languir tout le weekend: c'est Flaubert.
Par les champs et par les grèves (François Bourin éd.) raconte la virée de Flaubert et son ami Maxime Du Camp qui partent, en 1847, musarder en Bretagne. Le style est superbe, le livre, lui...
C'est bien connu, on ne prête qu'aux riches: a-t-on le droit de critiquer un géant de la littérature française ? Parce que sincèrement, si ce n'était pas FLAUBERT aux commandes, j'aurais arrêté la lecture au bout de vingt pages.
Résumé: deux crétins pompeux aux gouts terriblement académiques (on est sous Louis-Philippe, un monarque pas réputé pour sa vista esthétique) arpentent le territoire celte le guide bleu à la main, à la recherche d'arcs trilobés, se pignolant devant les triforiums délicats des églises en granit. Les monuments, ils adorent. les Bretons, ils détestent. Ils les trouvent affreux sales et méchants, sont effarés par leur misère ou leur dureté radine.
Au début, on sourit (surtout moi, féroce anti-régionaliste). Après, les vacheries se succédant avec une certaine monotonie, on se lasse.
Ce récit rédigé à deux mains aurait pu donner lieu à un vrai échange amical entre Du Camp et Flaubert. Las! Chacun écrit son billet d'humeur (les styles sont assez similaires) sans jamais croiser le fer avec le compère. Ce sont deux voyages parallèles, presque deux voyages inutiles.
Aux cousines, à @niceorimmorally et ChèreEpouse: le pays léonard est étrillé en un paragraphe.
Je remarque que les bons pays sont aussi les plus laids, ils ressemblent aux femmes vertueuses; on les estime, mais on passe outre pour en trouver d'autres. Voici, certes, le coin le plus fertile de la Bretagne; les paysans semblent moins pauvres, les champs mieux cultivés, les colzas magnifiques, les routes bien entretenues et c'est ennuyeux à périr.
C'est brillant. Sec. Bourgeois. Français?
Baisers de la pine'up qui vous écrit du fond de la "sotte campagne du Val de Loire".
PS: livre à offrir perfidement aux celtomaniaques bornés. Pour les autres, passez le chemin. Et plongez-vous dans l'Education sentimentale.
Que diantre, quelle Pin'up en mode manichéen pour ce début d'année !...
Rédigé par : Dominique | 21 janvier 2012 à 02:16
Il faut lire les voyages de Dumas, en Suisse, en Espagne, en Russie et dans le Caucase, c'est vivant, c'est truculent, c'est monstrueux à la mesure du personnage qu'était Dumas.
Ou les voyages en France de Young.
Ou lire sans modération la revue Le Tour du Monde qui est parue entre 1850 et 1914, qui ne propose que des récits de voyage sur tous les continents, dans toutes les régions, qui nous montre les habitants avec leurs coutumes d'avant l'influence de l'Occident. C'est absolument passionnant, en téléchargement gratuit sur Gallica, au point que je les ai gravé en CD pour les lire quand je pars en voyage.
Rédigé par : Le Nain | 21 janvier 2012 à 07:36
Merci Le Nain pour vos conseils. J'ai vu un doc sur la chaine histoire qui vous aurait beaucoup intéressé: l'histoire de la 4e République (une période que je connais mal). Les gouvernements qui ne tiennent pas, l'Indochine, l'hiver 54, les gens aux allures de morts de faim, les logis sans sanitaires, la crasse... Et quand le béton coule pour reconstruire les villes, on se dit: Vive le progrès! Très étrange.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 21 janvier 2012 à 12:30