Finalement, avoir été une enfant malade fut une bénédiction: quand la notion de sécurité de la vie disparait à 8 ans, elle laisse en héritage direct une forte propension à l'angoisse mais aussi une merveilleuse lucidité: vieillir est un exploit, pas un naufrage (en tout cas pas pour moi, la vie ne peut pas être pire qu'à 8 ans). C'est pourquoi chaque anniversaire est une victoire que je fête goulument. 47 ans hier, un âge que je n'aurais même pas rêvé pouvoir atteindre! La vie étant aussi fugace que précieuse, je m'y accroche en Grande Mademoiselle. Je n'ai pas peur des marques du temps, je les bénis. Elles sont la preuve que j'existe. Le corps s'affaiblit? Encore heureux d'être sur terre pour ressentir ces variations d'humanité. Mon respect pour le grand âge déglingué n'est que la conséquence de ce constat : vieillir n'est pas une déchéance, c'est un fabuleux coup de pot. Un témoignage de durée improbable. Pour l'instant je traverse l'été sans encombre (je place l'automne à la soixantaine et l'hiver 20 ans plus tard). Je suis encore bien jeune donc indécente pour dire cela, mais voyez-vous les angoisses enfantines de l'hôpital m'ont vaccinée contre celles de perdre la boule ou de devenir moche. Elles m'ont même vaccinée contre celles de souffrir (enfin, pas de souffrance inutiles quand même, sainte morphine priez pour moi). A mes amis handicapés: une année pour vous vaut 10 années dans la soi-disant norme, notre pauvre cerveau ne pouvant concevoir un espace-temps différent. Aller. Vivre. Devenir.
Baisers de la pine'up exubérante
PS : lisez Les Vieilles de Pascale Gautier. Cet excellent roman vient de sortir en poche: il est aussi original que bien écrit
Moi qui suis à l'automne de ma vie ,tu me donnes là une bonne leçon de vie.
Que ta joie de vivre me fait du bien !
Bisous
Rédigé par : Elibéran | 11 janvier 2012 à 14:14
Et pourtant Brel chantait "...mourir ce n'est rien, mais vieillir, ô vieillir..."
Rédigé par : adamastor | 11 janvier 2012 à 14:22
Bravo , belle leçon d'optimisme en cette période ou tout nous pousse à la morosité . Moi qui me trouve entre l'automne et l'hiver ( l'automne , une magnifique saison !) je suis entièrement d'accord . on ne fait de sa vie et on ne fait sa vie que si l'on participe sans pleurer sur son sort . Après deux opération de la hanche (prothèse ) en 2006 , je suis parti sur le chemin de saint Jacques , Le puy en Velay / Santiago 1560 KM . de bonheur . Aujourd'hui , après une nouvelle opération , je rêve de repartir . Je commence à m'entrainer . Dans le vie tout est une question de volonté ( 50% de physique , 50% de mental ) et tout est possible.
C'est vrai , le corps s'affaiblit , mais en s'accrochant , on arrive à faire ce que l'on croyait impossible .
Quant à vieillir , c'est une chance , oui . On voit grandir ses enfants et petits enfants.
Un copain avec qui j'ai fait mon service militaire en Algérie , est décédé six mois après avoir pris sa retraite ! je pense que moi , j'ai beaucoup de chance d'être encore là , même si tous les jours ne sont pas roses .
Alors vive les optimistes et vive Valérie .
Rédigé par : andré joucla | 11 janvier 2012 à 14:29
En écho à Adamastor: "Les vieux" du même Jacques Brel, je l'avis en tête avant d'ouvrir les commentaires.
Et dans un style plus primesautier, "L'ancêtre" de Georges Brassens, celui qui "... était un fier galant qui n'emmerdait personne avec sa barbe blanche"
Rédigé par : Dominique | 11 janvier 2012 à 18:05
Tss, tss, depuis quand les femmes donnent leur âge en public. Bon anniversaire quand même.
Rédigé par : Le Nain | 11 janvier 2012 à 18:14
@ Adamastor: ne devrais-je pas congédier Jacques Brel de mon Panthéon personnel du fait de "... ses deux là sont trop maigres pour être malhonnêtes" extrait de son "Orly" ?
Stigmatisation (n'est ce pas Grincheux ?) évidente de tout embonpoint !...
Rédigé par : Dominique | 11 janvier 2012 à 19:08
@Adamastor et Dominique : je n'envie pas la "maturité" de Brel le flambeur. @Le Nain : merci. @Elib': tout se paie, raison de plus pour s'amuser sans diktat d'apparence! @André: vous me semblez un tel mélange de contrôle et de jouissance de la vie que je ne peux que vous admirer
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 11 janvier 2012 à 19:28
Valérie: pourtant lui même le chantait
"... une heure, rien qu'une heure durant
Beau, beau et con à la fois"
Rédigé par : Dominique | 12 janvier 2012 à 08:41
Une homme qui a sublimé ses défauts en en faisant des atouts ne peut pas penser de telles sornettes. Brel est un géant de mauvaise foi.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 12 janvier 2012 à 09:41
Pourtant il n'était pas sénégalais !
(ceux qui connaissent comprendront ...)
Rédigé par : Dominique | 12 janvier 2012 à 09:46
Bonjour,
La maladie frappe souvent à l'aube de la vie et au crépuscule du soir. Un rayon de soleil, un arc-en-ciel étoilé nous réchauffe, nous rassure...Nous exultons lorsque cette maladie s'en va...et que la vie s'engouffre de nouveau!
Vive la vie...
Rédigé par : Antoine B | 13 janvier 2012 à 08:20
vous l'exprimez de façon ravissante, merci Antoine
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 13 janvier 2012 à 13:19