J'avais évoqué, dans la note sur la dernière foire du livre, ma rencontre avec l'un des deux auteurs de Bashung l'imprudent (éd Don Quichotte).
Olivier Nuc, chapeau ad hoc et pudeur polie, ressemble à un double à la fois plus doux et plus classiquement beau que son idole.
Bashung en profondeur, que les compères ont suivi, dans cette biographie, au bout de ses enregistrements. D'ailleurs, le mot "biographie" ne s'applique pas à ce très bon livre : on plonge dans l'essentiel, pas dans la petite histoire. Et l'essentiel est niché dans les répétitions, la construction d'albums, le choix des musiciens, l'apport capital des paroliers (spé Jean Fauque, que j'ai connu et que j'apprécie bcp, lui, son frère Pierre et sa sœur Marie-Paule.)
Le mystère est toujours érotique et Bashung garde cette distance en dépit des analyses serrées, denses, parfois touffues qui expliquent avec pertinence comment travaillait Le Grand Artiste. Nuc et Lesprit passent du temps à évoquer les années de frustration, les colorant des multiples influences qui se nichent chez le chanteur à textes qui fera preuve, dans un premier temps, d'une patience de pro avant de sombrer dans la Vilaine Légende du Succès (dope-alcool-déprime)
Pour les malades de Bashung dont je fais partie, ce livre n'édulcore en rien sa prodigieuse élégance, son quant-à-soi synonyme des plus grands, sa nervosité nonchalante - si l'on peut accoler les deux mots.
Constat : la séduction de Bashung est encore plus redoutable sur les hommes que sur les femmes. Ce sont eux qui sont les plus fascinés par son envergure.
Pour autant, le livre n'est pas une hagiographie cauteleuse : les critiques musicales sont parfois dures, la vie du chanteur en prend plein la figure, non par des jugements au rasoir mais par les témoignages des proches. Abonné au père absent, Bashung n'est pas meilleur avec sa descendance -il est même pire, par lassitude et imprudence. A se demander ce qui produit le plus de ravages sur un gamin : la maltraitance ou l'indifférence. Question indifférence, Bashung la manie particulièrement bien envers les êtres qu'il aime (fils, copains paroliers, etc.) Plus il navigue avec des gens intéressants, plus ils les éprouve en se mettant aux abonnés absents.
La dernière compagne, par son côté autoritaire/je gère tout- basta les potes/ et si vous n'appréciez pas mon art j'vous emmerde/ a des aspects peau de vache déguisée en fleur. Glaçante. Pensées à Arthur Baschung et à Julian Lennon, qui ressemblent l'un comme l'autre à leurs pères avec une fidélité toute génétique. La mère d'Arthur, Chantal Monterastelli, qui témoigne avec une discrétion qui l'honore, semble très intéressante. J'ai cherché des photos d'elle sur la toile -je n'en ai trouvé aucune.
Voilà pour la face sombre, limite antipathique de l'artiste. Paumé ou fumier? Un peu des deux. Mais musicalement royal: on est en admiration devant la méticulosité d'artisan de Bashung, sa simplicité, fruit d'un travail esquintant.
J'ai beaucoup aimé les nombreux chapitres qui dissèquent les prémices d'un album, donnant l'impression d'un tisserand qui détruit chaque fois une énorme partie de son ouvrage pour méthodiquement le reconstruire, le distillant au maximum. Bashung distillait tout. Condensait. Précisait. Scalpelisait.
God Only Knows ce que l'intéressé aurait dit de cette publication...
A Olivier : tu as écrit un livre calqué sur le rythme du Maître.
Baisers de la pine'up qui souhaite de bonnes vacances à un auteur d'une rare sensibilité
Ps : les dates en toutes lettres m'ont un peu gênée. Le livre est complexe, et ce parti pris entrave un peu la fluidité du récit. C'est mon seul et timide bémol à votre travail.
bashung, s'en va par peur d'aimer, il fait subir ce qu'on lui a fait enfant, séduire et partir, en avez til conscience(surement) mais impossible de controler, ce que l'on a accumuler dans son enfance, meme en étant adulte on croit les avoir effacer , mais dans l'age adulte cela revient encore plus violemment , je séduis et j'abandonne,
j'aime beaucoup bashung depuis le début, infini, indéfini,
Rédigé par : veve | 02 décembre 2011 à 10:41
C'est la chose pour laquelle j'ai de moins en moins d'indulgence, ce pseudo déterminisme de l'enfance blessée qui reproduit ses tourments.Parce que dans l'absolu, l'âge adulte sert justement à contrer ces automatismes. Et que beaucoup d'enfants abandonnés ne se répètent heureusement pas.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 02 décembre 2011 à 12:17