Les gens de plume forment une famille sans cesse réunie, comme les fruitiers sur les marchés de France. Alors, ce dernier salon du livre de Montaigu?
Vais-je dire qu'il fut une réussite et passer pour une régionaliste flattant ses origines paternelles ? Oui, ce fut un beau salon. Très bien organisé et vivant. Et non, je ne proclame pas cela à l'aune de mes propres ventes.
Samedi 10h au stand Colette, sous la cathédrale de toile dressée pour l'occasion à côté de la fameuse digue. Nous sommes éparpillés dans des stands portant des noms d'auteurs et chapeautés par les libraires de Montaigu. A ma droite, Guillemette de Sairigné qui triomphe avec son nouvel opus, La circassienne. Droite, superbe, le regard pâle elle affronte son public avec ce mélange de politesse et de distance que j'admire. Nul mépris dans son attitude, nulle familiarité déplacée mais un cocktail très personnel de sourire et de tenue. Et moi aussi j'observe... j'observe dans la fournaise de ce jour d'été avant l'heure les écrivains avachis sur leurs sièges, ceux qui machouillent un chewing gum, l'air morose tandis que ma voisine signe à tour de bras. Soudain, la présidente d'honneur du salon fend la foule et s'arrête à notre stand avant de rejoindre le sien. Tatiana de Rosnay.
On s'embrasse, on s'apprécie et on le montre. Tatiana a un don : celui d'extirper des gens ce qu'ils ont de meilleur. Non seulement son succès ne m'étonne pas mais elle le porte avec une grâce toute féminine. La grande bosseuse qu'elle est ne montre ni fausse modestie ni emphase. Son talent de raconteuse d'histoires s'exprime par une capacité à accoucher autrui. Je passerai le voyage du retour à ses côtés, heureuse de vérifier ce que je soupçonnais : elle a l'art de formuler les confessions, qu'elle transforme avec sa virtuosité et son imaginaire. Son Rose dernier né est déja best seller.
Précision : les grands succès d'édition ne m'inspirent aucune jalousie, aucun dépit. Ils arrivent à l'heure H, dopés parfois par les intrigues d'attachés de presse, mais si un roman marche c'est dû à une évidence : celle d'avoir senti l'air du temps ou mieux, de l'avoir précédé.
L'après-midi se déroule à toute allure. 16h, débat littéraire autour des secrets de femmes animé par Philippe Vallet. Je suis entre Françoise Dorin
et Isabelle Alonso.
Les deux m'intimident. La Dorin est exactement telle qu'on l'imagine, oeil rieur et verbe net.
Elle se tourne vers moi : "vous savez, je suis abominablement directe. J'ai lu votre livre et je vous félicite : je ne l'ai pas lâché, je l'aime beaucoup. Si je ne l'avais pas apprécié je vous l'aurais dit". Si Corinne pouvait être là pour l'entendre ! Cette phrase me fait l'effet d'un adoubement, d'un baume magique. Car Françoise Dorin, c'est plus qu'un personnage, c'est un vent de liberté, celle d'écrire Que c'est triste Venise aussi bien que T'es folle ou quoi?. La liberté se propage chez mon autre voisine, Isabelle Alonso. Isabelle n'est pas comme dans la petite lucarne, c'est ce qui frappe d'emblée. Elle est à la fois moins extravertie et plus vive. Son aura médiatique n'écrase pas son précieux bien : celui de savoir retranscrire la tristesse (la perte de sa mère) sans aucun pathos; elle sait faire surgir le chagrin sans larmoyer. Elle a réussi son hommage à sa mère. Respect.
Le tourbillon continue... est-ce le sujet de mon propre roman qui m'amène à aller plus facilement vers les femmes ? Peut-être. Au dîner à l'historial, un repas de roi servi par le grand restaurateur Thierry Drapeau
je m'éclipse parfois dehors pour fumer une cigarette avec Philippe Vallet, qui me raconte les préparatifs du salon et pourquoi il s'occupe de celui de Montaigu.
A sa table, la lauréate du prix du salon. Alix de Saint-André. La rencontrer. Lui parler. Lui dire à quel point j'aime ses livres. Elle m'écoute, regard perçant, sourire à l'ouest.
Enregistrement sur RCF, signatures... et qui arrive, fringant ? Papa. Il est venu m'encourager - une heure de bagnole pour voir sa fille. "Allez, présente-moi tes amis". Il avance plus vite que moi dans les travées. Harold Cobert trouve que nous nous ressemblons. Que oui, je l'espère. 80 ans de curiosité, l'oeil qui frise... serai-je ainsi à son âge? Il m'a fait le plus beau des cadeaux, celui de montrer qu'il est fier de sa fille. Tout est dans ses yeux, dans sa pudeur.
Déjà le retour. Hélas, le retour. Bravo la Vendée.
J'ai lu le Livre d'Isabelle Alonso.(je l'aime baucoup en tant que chroniqueuse et romancière) La chienne de garde m'interresse aussi.
Son histoire m'a touché pour avoir vécu un peu la même chose.Très dur de perdre sa maman.
Rédigé par : Elibéran | 14 avril 2011 à 19:12
Putain j'ai peur, peur qu'on perde une amie, que tu t'envoles loin de nous, les besogneux, les sans-grade ! J'ai l'air de blaguer, mais...
Rédigé par : Caritate | 14 avril 2011 à 19:23
Oh, chère Caritate, il en faudra bcp pour m'éloigner des gens que j'aime. Mais il y a une chose que je déteste : l'envie, la jalousie. les salons du livres sont peuplés de puissants et misérables. Dans les deux cas il y en a qui sont odieux et d'autres adorables. J'ai voulu ici mettre en valeur des écrivains que le succès ne rend pas ramenard. C'est encore plus dur d'être gentil quand on est au sommet que de laisser éclater sa rancœur d'anonyme
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 14 avril 2011 à 19:31
Tu as raison d'être émerveillée avec ce que tu vis!C'est une grande récompense pour ton talent.c'est quand même un grand sentiment de bonheur quand on a réussi quelque chose, n'est ce pas ?
Quand je suis applaudie et félicitée après un récital ou quand j'ai reçu le prix d'honneur au cours d'un tremplin (c'est pourtant pas à la même échelle) mais je ressens ce sentiment d'émotion ,de bonheur intense et très profond.
Rédigé par : héléanne | 14 avril 2011 à 23:07
Tatiana de R fit une visite - dédicace à la librairie Decitre à Lyon, mercredi dernier. Et pourquoi pas une visite de Valerie Pineau Valencienne aux pays des Gônes?
Rédigé par : anne M | 15 avril 2011 à 08:41
J'adorerais ! En plus je parraine un projet associatif à Lyon
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 15 avril 2011 à 09:17
Ce qui me touche le plus c'est la fierté du père envers sa fille et qui n'hésite pas à faire un crochet par Montaigu pour l'encourager.
Les relations Père/fils ou Père/fille sont à l'honneur ces derniers temps. Et c'est tant mieux.
Rédigé par : Gérard27 | 15 avril 2011 à 20:07
@Gérard : je me souviens de mon premier livre. Papa le mettait subrepticement en valeur à chaque fois qu'il allait dans les librairies ou les relais H. Nous n'avons pas la même sensibilité, mais nous nous comprenons très bien car nous avons la même façon d'exprimer les sentiments. Et comme tu l'as rencontré, tu imagines...
@Héléanne : j'ai eu la chance de te voir en action et tu t'illumines dans le chant, littéralement. On a l'impression que chanter est pour toi un tel bonheur qu'il est contagieux. Tu es une "partageuse"
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 15 avril 2011 à 20:25
Je suis allée de ce pas chez Decitre qui m'a donné les coordonnées du service d'animation pour les solliciter...peut être via l'editeur France Empire? le contact est Virginie Guy Colomby à [email protected].
à suivre
Rédigé par : anne M | 16 avril 2011 à 13:11
bonjour, n'hésitez pas à me contacter mais emrci d'enlever mon mail de votre blog...
virginie
Rédigé par : virginie guy colomby | 02 juillet 2011 à 13:24
ok
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 02 juillet 2011 à 15:05