Survolant d'un œil distrait les nouvelles qui font convulser les blogs (l'insupportable burqa et ses hystéries, les volcans islandais, les fessées interdites sans oublier les enfants qui battent leurs parents), j'ai envie d'un billet floral, léger, limite ravi de la crèche.
Je refais le voyage qui m'a menée à Châteauroux : départ de la Loire blésoise (je triche un peu), et dominant ce fleuve qui irrigue mes veines, le pont Charles de Gaulle (il existe aussi un nouveau pont François Mitterrand, dit "le petit pont"...)
Majestueux. On quitte la Beauce et la voiture dévale vers la rive gauche : ça y est, on est en Sologne ! Forêts, étangs, terrains sablonneux, asperges en vente dans toute les fermes (j'en ai tellement mangé ces derniers jours que je pisse vert). C'est à ce moment précis qu'en général je torture Ingalls pour qu'il mette la chanson de Delpech, le "Loir et Cher" à la place des passantes de Brassens que nous écoutons pour la millardième fois. Ou de son disque fétiche buena vista social club que je ne peut plus supporter. Morir de amor, certes, mais pas tout de suite. Quand on sera "jubilados", peut-être (c'est le mot "retraité" en espagnol, amusant, non ?).
On longe les forêts domaniales des Valois et on arrive fissa à la boucherie Sanzot. Là, Ingalls renaît. littéralement. Une nuit pour reprendre des forces et en avant, la bonne voiture qui sent la winston bleue mâtinée de craven nous transporte vers l'Indre. Nous traversons Contres, un village pimpant, presque méditerranéen avec sa place bordée de platanes. Puis Chemery, enfin nous atteignons les limites du Loir et cher avec Selles
(ravissant village). La campagne ondule sous le soleil jusqu'à Valençay. Valençay, bled en tuffeau qui pourrait être en Saumurois et qui se meurt, j'en ai bien l'impression ; dommage car le château de Charles-Maurice
domine le lieu, sublime, orgueilleux, raffiné et gigantesque tout à la fois. La merde dans un bas de soie savait vivre. Puis on plonge dans la plaine éclaboussée de champs de Colza qui se nomme "la champagne berrichonne".
Dans l'exquise lumière printanière elle a du charme mais en plein hiver... silos, immenses étendues de cultures, silos. Ingalls met un disque de musique folk tout à fait approprié.
Champagne berrichonne, Saintonge, Trégor, Gâtinais, j'aime ces noms de miniterritoires qui pixelisent le pays, fragmentent poétiquement les nombreux départements...
Je le dis et redis : LA FRANCE EST UN PAYS DE COCAGNE.
Pas de terres oubliées des dieux, où que l'on aille, jaillit la beauté; même au travers d'une plaine miteuse, un sous-bois s'installe, divine frontière posée sur la prairie.
Après 1 heure 30 de voyage en terre inconnue, nous y sommes : Châteauroux, nous voilà (j'ai oublié le village de Levroux, sa maison du peuple, sa place Gambetta, son avenue Gambetta et son siège du ps).
On se perd un peu à Châteauroux et je signale à monsieur le maire que la belle place du vieux quartier sent le pipi de chat ; la faute sans doute aux nombreux buis qui décorent ladite place et empestent toujours au soleil.
Je ne reviens pas sur le salon du livre (voir note précédente) mais je tiens à complimenter ces oiselles qui m'ont ravie : "les causeuses".http://www.lescauseuses.canalblog.com elles sont Nantaises, appartiennent à une édition associative et, munies d'embouts et de trucages, vous lisent au creux de l'oreille leurs textes d'une voix qui rendrait les fipettes rocailleuses. Drôle de démarche, drôle et envoûtante.
Une fois le salon terminé, cap sur le bas Berry pour une visite dans la patrie de ma meilleure amie. A partir de Nohant,
la campagne devient extraordinaire. Nous frôlons la Creuse, les prairies, secouées par d'augustes dinosaures, vallonnent à l'irlandaise.
Nichée dans l'une d'entre elles se trouve un petit village. Une petite église. Une grosse maison joufflue. Une famille heureuse. Un repas de rois. Un Pichon Longueville 1999 prêt à être bu.
La pine 'up en garde un souvenir ému : oh oui, j'aime ce pays et l'idée de me torcher la raie du cul dans ses couleurs ne me viendrait pas à l'esprit. Un peu réac, la pine'up ? Chanceuse, certainement.
Douce France...ce billet me fait oublier que j'ai une immense envie de quitter le Périgord !
Rédigé par : Linda.S | 27 avril 2010 à 18:41
Linda, tu le sais, la boucherie t'ouvre les bras (tu fais quoi en août avec Sam ?)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 27 avril 2010 à 20:00