aujourd'hui on joue à la libraire : nouveauté, auteurs étrangers, les vivants et les morts, les franchouilles - allons -y : l'hiver est là et qui dit saison sans soleil dit lumière du bouquin.
Un gros pavé symphonique : "le temps où nous chantions", de Richard Powers (ed 10/18 mais essayez de trouver l'édition orginale-je crois que c'est au Seuil - car 800 pages en 10/18 exigent un regard d'aigle). l'histoire : un rescapé des camps de concentration émigre aux usa. Il épouse une afro-américaine et tous deux, forts de leurs blessures, vont donner une éducation musicale parfaite à leurs enfants, mêlant Bach aux Gospels. Les résultats seront...
Il faut s'accrocher pour entrer (et non "rentrer", crétins de la télé) dans cette intrigue mais on ne le regrette pas.
Actualités France : Surveillant,
de David Von Grafenberg (ed Anne Carrère). " je n'aimais pas les enfants, jusqu'à ce qu'ils m'aiment". Ou comment un jeune homme décrit son travail de surveillant de collège et découvre les solitudes et les cruautés, les pressions et les angoisses des gamins dont il a la charge (David : j'ai reconnu Jessica et je pense exactement la même chose que vous à son sujet : elle martyrisait coco ds le primaire et coco refusait de se défendre en répliquant : "si tu savais comme elle est seule "). David est surveillant ds l'école de ma fille. j'ai été troublée par sa vision de la vie scolaire, que je soupçonnais cependant. Justice est rendue à la directrice, sans doute la meilleure directrice d'école qui m'ait été donnée de rencontrer.
Le style est fluide, les souffrances affluent puis s'évaporent, livre qui les fait jaillir du tréfond des organes pour les analyser avec une finesse de timide. Livre qui étouffe les cris pour mieux se faire entendre ; constat sans jugement : à nous de voir à quel point nous transformons notre descendance en êtres solitaires, en gamins mélancoliques, en hyperactifs aux pieds d'argile. Livre tendre, livre bouleversant sans pathos. l'écrivain ne se regarde pas écrire (un travers très français), pas de "oh, la belle phrase que voilà" ( un truc que Nolleau/zemmour adorent). Un nuage de tendresse écorchée.
Toque et Plume : ce livre est pour vous. (à rajouter sur la liste pour le prix ados)
Livre pour enfants (à trouver sur e-bay car épuisé ou mal traduit) : petite princesse, de Frances Burnett. A acheter UNIQUEMENT dans la vieille collection rouge et or (voir sur 2xmoinscher, ils en ont)
Etre une Sarah Crew forever, posséder à parts égales courage, bonté, humour et curiosité
Une louche de polars ; la série des Denis Lehane
(coll rivage noirs) qui débute avec "un dernier verre avant la guerre". Couple de détectives sévissant ds une église désaffectée des bas-fonds de Boston. très bon, très bien rythmé. Série qui néanmoins s'essouffle un peu au 6e. Et par pitié, non, pas de Fred Vargas et son commissaire au nom débile qui erre dans des intrigues psychologiquement tj à côté de la plaque : ça sonne faux en quasi permanence ! n'est pas Simenon qui veut (voir les polars de Mankell, digne successeur de l'homme à la pipe.) Ultime OVNI :" l'ange et le réservoir de liquide à freins"
(gallimard série noire) d'Alix de Saint-André, jubilatoire (spécial Cath qui y retrouvera sa pieuse jeunesse).
Sans transition : "ma Nanie"
(éd folio"), tj de la Saint-André. Très beau portrait, texte émouvant, drôle - un mélange que j'apprécie.
"Saskia",
de Pierre Moustiers (ed poche). Histoire romancée et ciselée de la dernière épouse de Rembrandt écrite par un maître du style français. Si vous aimez, continuez avec "le dernier mot d'un roi" et un Louis XI plus vrai que nature. la fourberie élevée au rang d'art - quand l'ambition rencontre l'austérité, un pays se conquiert cruellement mais efficacement.
"L'oeuvre de Dieu, la part du Diable",
sans doute un des meilleurs John Irving. Se relie sans cesse et sans fin.
"la poursuite de l'amour"
et "l'amour dans un climat froid", (Nancy Mitford ed 10/18) quintescence de la génération des enfants perdus, ou la vie d'une famille d'aristos brintezingues dans l'Angleterre des années 30.
"Motel blues"
de Bill Bryson : épopée américaine hilarante, peut-être un peu trop maligne mais on ne va pas faire la fine bouche : quand c'est drôle, c'est bon. Ingalls a adoré.
Et enfin - introuvable, hélas, sinon sur price minister ou e-bay : la série des miss Mapp
et des Lucia de Benson (ed Salvy) : commérages et potinage ds un village anglais, guerre en dentelle de vieilles filles irrésistibles, pasteurs dingos et majors alcooliques, femmes fortes et maris dépassés, un régal. Doit exister pour les bilingues chez Galignani ou sur les sites anglais.
Et ce soir, nourritures légères après les orgies d'anniversaire
la p'ine'up vous dit : au revoir, à bientôt dans ma librairie !
Et je fais chauffer la colle pour les calicots d'inauguration :) On pourra récupérer la casserole pour une grosse nouilles partie en cas de défaillance financière ;)
Dis donc, p'ine'up à lunettes, encore une affaire de jacquettes... argh :) ??
Merci de rappeler à notre bonne mémoire Nancy Mitford, la formidable ! et la collection Rouge et Or, tant aimée, dont je sens encore l'odeur...
Si tu aimes une certaine idée de Londres, un Londres de fantasmagorie, tu aimeras China Miéville et Perdido Street Station...
Un bouillon de poule et au lit. Pour moi, de suite, un bain de pieds (il fait 16° sous ma table).
Rédigé par : Cath | 11 janvier 2010 à 19:31
mes choix: surveillant, saskia et et et et, à la poursuite de l'amour!! avec ça, l'hiver sera zen...
Rédigé par : Linda.S | 11 janvier 2010 à 21:50
Mes choix, "l'encyclopédie du mauvais goût" et "Chronos Blues"...
Flagornerie + auto-promo... il faut que je pense à une carrière politique.
Sans dec, 3 semaines pour livrer mon exemplaire de Chronos Blues par la fnouc, un signe du destin... colis, perdu, retrouvé, retourné à la centrale... brefn il s'appelle "désir" ce livre :o)
Rédigé par : Hervé | 12 janvier 2010 à 00:06
Cath et toi vous allez réussir à m'y mettre, à Nancy Mitford.
Vous l'aurez voulu !
Rédigé par : frieda l'écuyère | 12 janvier 2010 à 00:29
@ Hervé, vivent les temps modernes ! Il s'appelle désir ou charrette ?
@ Frieda : et la vie des soeurs Mitford alors ? ça, un vrai sujet pour toi !
@ Miss Pine'up : librairie à thème ?????
Rédigé par : Cath | 12 janvier 2010 à 12:03
Frieda : commence par "la poursuite de l'amour". Puis "l'amour ds un climat froid". "Pas un mot à l'ambassadeur" est moins bien.
Cath : j'y réfléchis !!! je suis sûre qu'il y a une niche vers mes pénates.
Hervé :ton chien rose aura sa note rien que pour LUI !
Linda : la poursuite de l'amour est fait pour toi, qui a le même prénom que l'héroïne de ce merveilleux roman.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 12 janvier 2010 à 13:57
C'est une niche, une librairie ou un magasin pour les pieds sensibles que tu veux monter ?
:))
Rédigé par : Cath | 12 janvier 2010 à 18:42
MMMhhh... librairie moelleuse avec critiques bien affûtées - ou plutôt non : pas besoin de critiquer, on ne vend que des trucs qu'on aime (je n'aime pas voir scotchés sur les livres les commentaires assassins de certains libraires ; un, ils dépassent leur rôle en s'érigeant en donneurs de leçons, deux, c'est trop facile.
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 12 janvier 2010 à 19:02
AB-SO-LU-MENT !
imaginez qu'on décide de dépenser toute son énergie à ne parler (avec pour objectif le partage) que de ce que l'on aime...
Ça nous occuperait pas mal au quotidien, et "foutrait" peut-être la frousse à tous ceux qui s'évertuent à nous pourrir la vie au quotidien juste pour se rendre intéressants (à commencer par la grande faucheuse, suivie de près par les dictateurs, les arrivistes et autres profiteurs de tout crain.
Non, je ne vis pas au pays des bisounours, mais c'est mon choix de vie... You're welcome !
Rédigé par : Hervé | 13 janvier 2010 à 00:00
J'adhère ! distribution de bons points à tous les étages ! Bienvenue chez toi
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 13 janvier 2010 à 13:32
Entièrement d'accord.
J'ai beau être colérique comme un pou marie-rosée, je suis incapable de débiner le travail des autres en public.
A quoi bon ? Sans compter, que c'est encore du temps passé à faire ça et de la pub gratuite quoi qu'on en dise. C'est un excercice pour paresseux.
Débiner les bouquins ? je préfère aller au Salon du Livre et me souffleter avec les éditeurs...
Dernière en date : Salon du Livre 2009 : sur le stand de P.O.L. : "un chien mort après lui" de Jean Rollin. J'estime que si le pitch est passionnant à priori, Jean Rollin écrit avec deux pieds gauches. Enorme déception. Un assassinat de la langue dont je m'étonne que personne ne l'ai souligné. Tête à tête avec l'éditeur et son assistante pour le dire.
Ce dernier saute par dessus une pile de livres en me jetant 20 Euros à la tête : voilà, Madame, remboursez-vous ! Je lui renvoie sa coupure pour qu'il investisse dans une conduite avec.
Certes, je ne présenterai pas du Jean Rollin dans mon rayon, ni même de l'Ormesson.
Je renvendique mon droit à avoir mes idées impolitiques et incorrectes.
A présent, je ne sais pas si on m'aime encore ici ??? ;)
Rédigé par : Cath | 13 janvier 2010 à 15:34
On t'aiiiiimmmme (au fait, je n'ai lu ni l'un ni l'autre)
Moi, je suis très étonnée par l'engouement pour Jean Teulé qui écrit lui aussi comme un pied en dépit de bonnes idées. Je l'ai croisé ds pas mal de salons ; l'homme est drôle, sympathique. Je me réjouis de son succès, en trouvant que les lecteurs ont parfois mauvais goût mais qu'importe ! Je crois qu'un bon ami a exploré ce fameux goût ; chien rose, à toi !
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 13 janvier 2010 à 16:26